Envoyés par l’Esprit dans la Paix


Méditations au coeur du monde, Temps liturgiques / samedi, mai 30th, 2020
Temps de lecture : 4 minutes(Last Updated On: )

Envoyés dans la Paix par l’Esprit« La Paix soit avec vous ». Cette formule du Ressuscité, qui ponctue ses apparitions aux disciples, est vraiment d’actualité. Elle est prononcé par deux fois dans l’Évangile de ce dimanche de Pentecôte. Nous qui pouvons – après la coupure du confinement – retrouver le chemin de nos assemblées liturgiques, avons besoin de cette Paix. Nous avons besoin de Paix dans nos cœurs, dans notre monde, dans nos familles. Elle est l’autre nom de l’Esprit.

Paix

Cette Paix n’est pas la tranquille quiétude béate, mais une vigilante bienveillance. La Paix de Dieu est ce qui a fait trembler l’Assemblée des disciples. Il est peu de dire que ce n’est pas très engageant quand une « maison est remplie d’un bruit, tel un violent coup de vent ». Pourtant, les disciples ne semblent pas craintifs. Ils semblent avoir plus peur des Juifs que de l’irruption du Seigneur ! Même si à deux reprises, il leur souhaite la Paix.

Annonce

Elle doit être au cœur de notre vie de foi, donc de notre quotidien. Elle doit nous engager à vivre au cœur du monde, à essayer d’être témoin du Christ par nos vies. L’Esprit de Paix que le Seigneur vient nous confier est un appel à bâtir le Royaume, ici et maintenant, en comptant d’abord sur Dieu. Il nous donne, par son Esprit, de devenir cocréateur de ce monde. La Pentecôte est l’inauguration de l’annonce de la Bonne Nouvelle à toute la Terre.

Merveilles

Tous ces peuples que le passage du Livre des Actes des Apôtres nous cite entendent, grâce à l’Esprit, que vient leur donner le Christ. Le message n’est pas une catéchèse, une suite de préceptes ou de préconisations à faire ou ne pas faire. L’Esprit permet aux apôtres d’annoncer les « merveilles de Dieu ». Voilà à quoi nous sommes appelés à notre tour, à la suite du Christ et de ses apôtres. C’est le vrai sens de la Pentecôte, la vraie vocation de l’Église, de ce peuple de Dieu en marche dans la Paix du Christ. Nous avons à être des messagers de cet appel, il est une invitation à la conversion permanente. Changer notre regard sur Dieu mais aussi sur les autres et pourquoi pas sur l’Église.

Sacrement

La présence de chaque homme devant moi en vient à être, fondamentalement, une forme de la présence de Dieu et l’exploitation de mon frère en vient à être l’exploitation implicite de Dieu. C’est comme on l’a dit, ‘le sacrement du prochain’ – Pedro Arrupe, SJ – 1978

Ce que nous avons vécu dans ce temps de confinement nous invite à repenser l’Église. Nous avons été « privés » des sacrements mais comme le Sabbat, ils sont faits pour l’Homme. Ils nous aident à la rencontre avec Dieu pour aller vers notre prochain. Il nous y donne sa force mais ne s’enferme pas dans ce moyen. Nous avons tous vécu, de différentes manières, le « huitième sacrement », celui du prochain. Il est sans doute celui qui dit la miséricorde, la tendresse de Dieu. Il est le seul qui ne demande pas de ministre dédié parce que chacun de nous est le prochain de l’autre. Le mystère pascal vient nous le rappeler. Ce « huitième sacrement », nous le vivons dans notre souci de l’autre, dans un compagnonnage humble et confiant. Durant le confinement, nombre d’initiatives « virtuelles » mais bien réelles dans la vie de l’autre se sont multipliées. L’Esprit que nous fêtons aujourd’hui nous a devancé et nous a permis de faire, grâce à Lui, toutes choses nouvelles.

Église

Le Christ s’est fait le serviteur de tous pour que nous devenions, à notre tour, le serviteur de chacun. La rédemption, le pardon offert une fois pour toutes par la croix et la résurrection nous apporte l’espérance et la paix. C’est ce que nous avons fêté lors de la fête de Pâques. Cette dynamique se poursuit aujourd’hui, lors de La Pentecôte. Elle inaugure la mission de l’Église qui doit être, comme aime le dire le Pape François, à la fois « en sortie » et « un hôpital de campagne ». L’Église n’a de sens que si elle est tournée vers ce qui est fragile, vers le roseau froissé. Nos sacrements, nos rassemblements n’ont pas d’autres sens que de nous envoyer comme Compagnon du Christ et apôtre de réconciliation et de paix dans ce monde. Encore une fois, ils nous viennent en aide et ne sont pas un but en soi.

Témoins

La Paix que Dieu vient nous donner en ce dimanche de Pentecôte ne doit donc pas nous faire oublier que nous en sommes ses premiers témoins. Demandons vraiment cette grâce de pouvoir, ensemble, dans la singularité de chacun, marcher, comme compagnons de Jésus, sur ses chemins du Christ là et comme nous sommes. Prenons le temps aussi de réfléchir personnellement et collectivement à ce qui nous a manqué dans ce temps de retraite forcé ? Nous pourrons sans doute y discerner les appels de l’Esprit pour vivre davantage, selon nos propres charismes, cette mission de paix, de réconciliation et de consolation qu’il nous donne en ce temps de Pentecôte.