Dieu avec nous dans nos tentations


Libres propos, Méditations au coeur du monde / samedi, mars 5th, 2022
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Dieu avec nous dans nos tentationsCe 1er dimanche du Carême nous conduit au désert. Nous sommes avec Jésus pour l’accompagner dans les tentations du diable. Ce dernier tente Jésus et veut qu’il abuse de son pouvoir. Jésus résiste au nom de son Père, par la force de l’Esprit, pour rester libre. Comment ne pas penser à ces femmes, à ces hommes, à ces enfants qui luttent, en Ukraine, contre la toute-puissance d’un envahisseur ? Il ne s’agit pas d’en faire le diable et de juxtaposer l’Évangile à l’actualité ; ce serait là de la manipulation.

Le danger des tentations

En revanche, nous pouvons essayer de comprendre comment les tentations peuvent nuire à la dignité, à la liberté, à l’autonomie de personnes humaines. Dans notre quotidien, nous n’envahissons pas de pays libres, mais peut-être que nous nous permettons d’entrer dans la zone d’intimité de l’autre. Cet « envahissement » nuit à sa liberté et à son autonomie. N’oublions pas que nous sommes solidaires des uns des autres et que nous avons à construire ce monde ensemble.

Prier pour ne pas lutter en tentation

Aussi, notre prière doit être habitée par toutes ces tentations qui nous guettent et auxquelles parfois nous cédons. Cette prière est tellement importante qu’elle est au cœur de celle que le Christ a enseignée à ses apôtres. Il avait sans doute conscience que notre fragilité pouvait nous conduire à entraver la dignité de l’autre. Les tentations du Christ sont vraiment les tentations de la mondanité que ne cesse de dénoncer le pape François. Ainsi, se laisser entraîner par sa gourmandise et acheter une chocolatine au boulanger, ce n’est pas grave en soi. Sauf pour son porte-monnaie et sa ligne. Mais trahir la confiance, abuser de son pouvoir temporel ou spirituel, mentir pour obtenir des avantages c’est abîmer l’humanité et c’est salir notre dignité d’enfant de Dieu.

Prendre appui sur la Parole

La guerre en Ukraine et les abus sexuels dans l’Église sont des exemples flagrants de ces tentations qui déchirent le tissu de la Communauté humaine et laissent dans son corps des cicatrices béantes. Devant ces risques, ces actions déplorables, que devons-nous faire ? Commençons par contempler le Christ dans cet Évangile des tentations. Entendons-le remettre les choses à leur juste place. C’est peut-être ce qui nous manque en ce monde, la capacité de discerner où les choses essentielles se trouvent. Laissons-nous nous interroger sur ce qui a réellement de l’importance pour nous aujourd’hui et de quelle manière nous sauvegardons cet essentiel. Il ne s’agit pas d’être aveugle ou sourd aux bruits du monde, aux cris de ces Ukrainiens, de ces affamés en Afrique ou de ces réfugiés à Calais. Non, bien sûr.

Vers une justesse d’attitude

Mais, nous avons à chercher la manière la plus juste de servir ceux vers qui nous sommes envoyés. Ce n’est pas l’émotion qui peut guider ce monde. D’ailleurs, dans cette page d’Évangile, le Christ n’en manifeste pas. Il est factuel et s’appuie sur son essentiel : son Père. C’est à partir de cette relation de confiance, nourrie de la prière, dans le don de l’Esprit saint, que le Christ est capable de résister et de vivre sa mission. Le socle de sa vie est là.

Quel est le socle de notre vie

Et nous, quel est le socle de notre vie ? Qu’est-ce qui nous fait résister aux gros temps, aux moments difficiles dans notre vie ? Dans ces lieux et temps douloureux où est ma confiance en Dieu et comment j’agis en fidélité avec ma foi ? Ces questions, nous pouvons prendre le temps de nous les poser alors que nous entrons dans cette route qui nous conduira à la joie de Pâques. Nous aurons alors, peut-être, une conscience plus vive des tentations qui nous guettent et pourrons trouver les moyens de ne pas y succomber. Il s’agit d’un chemin de conversion dans lequel le Seigneur nous conduit.

Dieu est toujours avec nous

N’oublions pas que nous ne sommes pas seuls, il est toujours avec nous, à nos côtés. La première lecture de ce dimanche nous assure de cette proximité et de cette consolation. Pour autant, cela n’enlève pas la difficulté du chemin, mais l’assurance que le Seigneur est avec nous allège un peu sur cette route sinueuse. Ainsi, il est nécessaire d’avoir véritablement confiance dans le Seigneur. Appuyons-nous sur celle du Christ, parole éternelle du Père, dans ce dernier. Cette Parole est le lieu où nous pouvons nous abreuver et trouver le repos dans le rythme effréné que nous connaissons.

Prendre appui sur la parole

Nous pouvons prendre appui et abri sur la Parole dans notre chemin de Carême. Nous trouverons les vivres dont notre cœur a besoin pour résister aux tentations de l’Ennemi de la nature humaine. Son but est d’instiller le doute en nous et la division entre nous. Mais, la force de la Parole est de nous relier davantage à la force de l’Amour qui unit les trois personnes divines. La Parole de Dieu est une fenêtre sur le monde et sur l’Amour. Paul nous en fait la promotion dans la seconde lecture. Il nous invite à avoir la Parole au cœur, car c’est elle qui nourrit notre foi, enracine notre espérance et féconde notre charité. D’ailleurs, si nous faisons attention, Jésus, dans l’Évangile, s’appuie sur la Parole pour résister aux tentations. Elle est donc un bouclier qui nous protège de l’esclavage qui conduit à servir l’étendard du diable.

Bâtir le Royaume et sa justice

Ainsi, grâce au message de l’Écriture, nous pouvons bâtir le Royaume de Dieu dans la justice et la justesse de notre foi. Notre fragilité ne doit pas nous faire douter que le Seigneur a besoin de nous, qu’il nous choisit pour être au cœur du monde messagers de paix. Cette paix, elle nous vient de son cœur, de sa tendresse, de sa liberté de s’offrir par amour pour nous. Nous avons à puiser dans ces racines de l’amour pour avancer chaque jour davantage sur le chemin de la vie. Celle que le Christ nous promet si nous marchons avec Lui.

La vie en abondance promise n’est pas une vie où les tentations n’existent pas, où nous ne chuterons pas. C’est une promesse que nous ne sommes pas seuls. Nous sommes entourés sur notre chemin de vie, même au cœur de nos déserts, de la présence des trois personnes divines qui combattent avec nous. Que ce Carême nous donne la grâce de goûter à la fidélité de Dieu et nous conduise à proclamer sa Parole à temps et contretemps au cœur du monde.