Le repos des disciples-missionnaires


Méditations au coeur du monde / vendredi, juillet 16th, 2021
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Venez à l’écart dans un endroit désert« Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu », nous dit Jésus dans cet Évangile du 16e dimanche ordinaire de l’année B. Du repos, nous en avons bien besoin. Nous sommes un peu dans la même situation que les disciples. Les temps sont complexes et les corps et les cœurs sont fatigués. Pourtant, nous sentons bien, au fond de notre être, que même si nous avons besoin de ce repos nécessaire et salutaire, il nous faut rester en veille. Être disciple-missionnaire, ce n’est pas un travail, c’est une mission reçue lors de notre baptême, qui n’est pas de tout repos.

De notre mieux

Nous avons à l’accomplir de tout notre cœur et de notre mieux, comme certains l’ont appris chez les louveteaux. Cet esprit de disponibilité, sans tension, doit nous habiter. Mais nous ne pouvons pas l’incarner avec un esprit de forçat. Être disponible pour la mission du Christ, ce n’est pas s’angoisser, même si nos efforts ne portent pas. Il s’agit d’œuvrer là où nous sommes, comme des envoyés du Père, dans le dynamisme de l’Esprit, qui portent la mission du Fils. Nous n’avons pas d’obligation de résultat, nous ne serons pas jugés — ni par Dieu et nos pairs — sur une réussite. Ce qui compte, c’est de tout mettre en œuvre, par et avec ce que nous sommes, pour que l’amour du Christ pour ce monde touche le cœur de nos contemporains.

Prendre du repos

Dans cette mission de baptisés, nous avons à nous souvenir que nous sommes des coopérateurs de l’œuvre de Dieu. C’est avec son Esprit, sa grâce, que nous pouvons annoncer l’Évangile. Nos propres forces n’en sont que la mise en musique. C’est bien ce que nous dit la première lecture. Celui qui nous conduit, c’est le Christ. Avec Lui nous ne pouvons pas nous perdre, il nous conduit vers le chemin de la maison du Père, celle du repos de l’âme. Même si nous ne devons pas perdre de temps pour bâtir ce monde à la lumière de l’Amour du Père, nous avons besoin de souffler, de prendre du repos, du répit pour reprendre force et courage.

Le repos en Dieu

Certes, quelques bonnes nuits de sommeil peuvent contribuer à cette nécessité, mais le seul qui peut nous donner le vrai repos, c’est le Dieu et Père de Jésus-Christ. Un repos qui n’endigue pas la fatigue du corps, mais qui fait du bien à l’âme, car il la rapproche de son principe et fondement. Nous pouvons, nous aussi, à l’exemple et à la suite des disciples, chercher, cet été, quelques endroits déserts. Il y a des lieux-source qui offrent l’occasion de se laisser porter par la prière, de laisser son esprit vagabonder dans la contemplation d’un paysage.

En communion de prière

C’est dans cette gratuité du regard, de la prière offerte par d’autres, que nous pouvons nous laisser rejoindre par la paix de Dieu. Elle est essentielle pour trouver le repos. Elle permet de laisser tomber les armes, les rancœurs, et autres haines. Nous avons à la demander dans une prière confiante. Notre cœur a vraiment besoin d’être pacifié, de se retrouver comme embrassé dans l’Amour de Dieu qui conduit à la réconciliation. Paul, dans l’épître aux Éphésiens lue ce dimanche, nous l’explique très bien. La Paix de Dieu, l’Amour de Dieu viennent détruire tous ces murs que nous bâtissons à longueur de temps.

Chemin de réconciliation

Cette ambition, cet appel à la réconciliation n’est pas seulement une invitation à pacifier le monde. Elle est une urgence pour notre temps, car toutes nos divisions sont des occasions de fatigue, de contrariété, qui sont — le plus souvent d’ailleurs — chronophages et surtout inutiles. Peut-être devrions-nous nous plonger dans la miséricorde de Dieu, pour lui demander de guider nos cœurs sur ce chemin de la réconciliation. Le Seigneur peut nous aider à voir clair dans ce qui obscurcit notre vie, dans ce qui fait qu’elle nous paraît moins dynamisante, moins enthousiasmante.

Rêves ou réalités

Il y a, sans doute, une réalité à prendre en compte. La réalité n’est pas, hélas, le reflet de nos rêves. Mais, nous avons le droit — voire le devoir, d’essayer de transformer cette réalité pour qu’elle soit conforme à nos exigences, à notre éthique. C’est dans cette dynamique que nous pourrons trouver la paix du cœur, la joie sereine et marcher vers ce repos que nous espérons tant.

Une foule sans berger

Dans notre méditation de cet Évangile du 16e dimanche ordinaire, nous pouvons être surpris de cette foule qui veut voir Jésus. La Bonne Nouvelle leur a été annoncée par les apôtres partis en mission, mais cela ne leur suffit pas. Ils veulent mettre la main sur Jésus, ils sont cette foule sans berger que nous décrit Jérémie dans ma première lecture de ce dimanche. Et nous ? Avons-nous le désir de nous laisser enseigner par Jésus ?

Quelle est notre faim

Sommes-nous affamés et assoiffés de sa parole au point de mettre notre repos en péril pour le rejoindre là où il est ? Interrogeons-nous sur notre besoin de nourriture spirituelle en ce monde et en ce temps. La Parole de Dieu peut constituer l’aliment majeur de cette recherche. Le Seigneur nous y communique la vie, l’espérance, et l’être. Lorsque nous prenons le temps de lire, de contempler, de communier à la Parole de Dieu, nous recevons la vie même de Dieu.

En profonde communion

Ainsi, la lecture méditative de la Parole nous fait devenir corps du Christ ; nous communions ainsi à la vie du Fils. Dans ce temps de repos, n’oublions pas de prendre un temps pour nous nourrir de la Parole. Il y a pour cela de multiples solutions. Mais, surtout, souvenons-nous que la Parole doit, avant toute chose, être ce qui guide notre action au quotidien. Tout comme elle nous conduit, au sein de la célébration eucharistique, au partage du pain et du vin. Ainsi, la Parole doit nous conduire à la communion qui nous envoie dans le monde l’annoncer. C’est un cercle vertueux. Nous annonçons au monde, par ce que nous sommes, la Parole de Dieu et nous amenons ce que nous avons annoncé au cœur de la célébration eucharistique. Nous voyons ainsi que tout est lié.

Que l’Esprit nous aide à garder intact le goût de la Parole. Par notre manducation de cette dernière, le Seigneur viendra instiller sa miséricorde en nos cœurs. Ainsi, nous pourrons dire avec le psalmiste de ce dimanche : « Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie ; j’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours ».