La Sainte Trinité : signe de la surabondance de Dieu


Méditations au coeur du monde / vendredi, juin 2nd, 2023
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Après avoir célébré la Pentecôte dimanche dernier, nous avons repris le temps ordinaire. Mais, le calendrier liturgique nous donne de rester dans l’extraordinaire du don de Dieu en célébrant la Sainte Trinité. C’est Lui même, Père-Fils-Esprit saint que nous célébrons ce dimanche. Un Dieu unique, mais en trois personnes. Dieu est un dieu qui est, par essence, relation. Un Dieu qui se fait aussi conversation.

Ignace de Loyola et la Sainte Trinité

En cette fête de la Sainte Trinité, relisons ce qu’Ignace de Loyola nous dit dans ses Exercices Spirituels au numéro 102  : « Je me rappellerai comment les trois Personnes divines, contemplant la surface de la Terre couverte d’hommes, et voyant que tous se précipitent en enfer, décrètent, dans leur éternité, que la seconde Personne de l’auguste Trinité se fasse homme pour sauver le genre humain. » Nous comprenons ainsi davantage comment fonctionne la Trinité. Il n’y a pas de supériorité en leur sein, mais une circularité.

La Sainte Trinité au cœur d’une constante délibération

Même si Jésus s’en remet souvent au Père dans l’Écriture, c’est dans et par la force de l’Esprit. Il s’agit pour Lui d’entendre le fruit de cette délibération constante. Ce n’est pas du bavardage pour occuper l’espace et le temps. C’est un échange constant, un cœur à cœur où il est question de recevoir une Parole qui fait vivre et de la transmettre.

Dieu, vient nous sauver

Ainsi cette contemplation de la Sainte Trinité que nous offre Ignace fait comprendre la dynamique essentielle de Dieu : la miséricorde. C’est pour nous sauver, autrement dit nous faire saisir la force de son fol amour, que Dieu s’est fait Homme. C’est aussi cela que veut nous faire saisir la première lecture de ce dimanche de la Sainte Trinité. Moïse sur le Sinaï confesse sa foi en Dieu tout en étant conscient qu’il conduit un « peuple à la nuque raide ». Aujourd’hui encore nous sommes particulièrement hermétiques au don de Dieu, malgré le don de l’Esprit.

La Sainte Trinité nous parle au cœur

Pourtant, Dieu continue de venir nous parler au cœur. Il vient nous inviter à aller au-delà de nos fragilités et à compter davantage sur son amour et sa grâce pour annoncer au monde sa tendresse. C’est ainsi que nous pourrons vraiment vivre le Salut que Dieu nous offre. Il faut bien comprendre ce qu’est le salut. Ce n’est pas que sans Dieu nous serions dans la perdition. Il y a des personnes qui ne croient pas et qui vivent très bien. Mais, entrer dans le salut que Dieu nous propose c’est être au cœur de la Trinité Sainte.

Se laisser sauver, aimer par Dieu

Lorsque nous nous laissons sauver par Dieu ou autrement dit aimer passionnément par Dieu nous nous déportons, nous nous décentrons de nous-même. Ainsi, Dieu peut ouvrir un dialogue avec le plus intime de nous-même. Ce dialogue, de Dieu avec nous, et de nous avec Dieu, est essentiel. Nous comprenons alors davantage ce qui nous fait vivre et les obstacles que nous rencontrons dans cette croissance humaine et spirituelle.

Se laisser rejoindre par Dieu

Le salut proposé par la Sainte Trinité est de l’ordre d’un compagnonnage, de se laisser rejoindre sur nos routes humaines par un ami chaleureux et de bon conseil. Puisque Dieu est trinité et est en dialogue constant et discernant. C’est peut-être, là, une invitation pour nous, à regarder avec les yeux de Dieu nos dialogues avec le monde.

À la recherche d’une parole de vérité

La parole est constante dans notre monde, mais est-ce que nous l’enracinions dans la Parole de Dieu ? Prenons-nous le temps d’un dialogue de qualité avec ceux que nous rencontrons ? Nous n’allons pas forcément entrer dans un long et profond dialogue alors que nous sommes à la machine à café ou dans l’ascenseur. Mais, sommes-nous attentifs aux paroles que nous échangeons ? Avouons-le, ce sont souvent, au quotidien, des banalités. Nous parlons plus facilement de la pluie et du beau temps, que de ce qui fait sens pour nous. C’est plus facile et moins risqué.

Dieu risque sa parole

Pourtant, Dieu, lui-même, ne cesse de risquer sa Parole. C’est jusqu’au don suprême de lui-même, sur la croix, que la Parole de Dieu nous est donnée. Le Christ, sur cet instrument de supplice, prie le Père et remet l’Esprit. Voilà jusqu’où va l’accomplissement de la Parole de Dieu. La Sainte Trinité se livre pour nous pour que nous livrions notre parole au monde. C’est bien pour cela que notre parole a du poids. Elle est aussi créatrice et peut-être un glaive tranchant.

Soyons vigilants quant à notre parole

Alors que le pape nous demande en ce mois de juin de prier contre toutes les formes de torture, réfléchissons au poids de notre parole. Elle peut faire mal si elle est mal comprise. Mal utilisée elle peut être pire qu’un instrument de supplice. Même si ce n’est pas volontaire, nous pouvons blesser, heurter, humilier par une parole qui se veut humoristique, ironique ou même provocatrice. Il ne s’agit pas là d’une invitation à avoir une parole vide de sens, doucereuse, pleine de mièvrerie.

L’autorité de la Parole de Dieu

Le Christ pose des paroles d’autorité empreintes de vérité avec parfois de la colère. Souvenons-nous des marchands du temple. Mais, sa parole est authentique, car elle est toujours le fruit d’un dialogue confiant avec les deux autres personnes de la Trinité. À nous, peut-être, d’avancer davantage dans cette dynamique. Ainsi, lorsque nous partageons une parole, cherchons à savoir si elle a du poids ou si elle est vaine.

Le poids de la parole

Une parole qui a du poids est une parole qui construit, qui apporte la paix, la concorde. C’est en fait une parole créatrice à l’image de celle de la Sainte Trinité qui choisit d’envoyer le Fils. Même si cette parole déplace, invite à prendre du recul, à faire un pas de côté, elle est importante à poser. C’est ainsi que le message qui nous vient de la Parole de Dieu nous rejoint.

Bénir c’est rejoindre la Sainte Trinité

Enracinons-nous dans cette parole qui a du poids et du sens pour nous mettre à sa suite. Avoir conscience de cette manière d’agir peut nous libérer de l’hypocrisie et autres faux-semblants. C’est donc une invitation à adresser aux autres une parole de bénédiction qui prend racine dans la Sainte Trinité. Lorsque nous bénissons, nous disons du bien sur des personnes, des objets de la part de Dieu, nous le faisons au nom du Père, du Fils, de l’Esprit. Ainsi, à chaque fois que nous faisons le signe de la croix, nous nous souvenons de la surabondance de Dieu qui ne cesse de venir dire à chacun de nous sa tendresse et son amour.