Après le faste et la joie du repas pascal célébré hier, nous voici devant la tristesse, l’angoisse et l’incompréhension en ce vendredi saint. Comment le Christ en est-il venu à souffrir et à mourir librement ? Pourquoi un tel amour pour nous conduire à l’offrande suprême de sa vie ? Est-ce vraiment utile qu’Il subisse autant de souffrances et d’humiliation pour témoigner de l’incommensurable amour du Père ?
Vendredi saint : du mal, faire sortir le bien
Ce vendredi saint nous sommes devant l’incompréhensible. C’est au mystère du mal absolu que nous sommes confrontés. C’est le paradoxe que soulève la première lecture. Esaïe prophétise dans ce chant du serviteur comment le Christ conduira à Lui une multitude de femmes et d’hommes malgré la torpeur du scandale de la croix. Seul Dieu peut faire jaillir du mal un plus grand bien.
La croix : instrument de salut
Le vendredi saint n’est pas l’exaltation d’une volonté perverse du Père qui voudrait faire mourir le Fils. C’est au contraire l’exaltation de la croix comme instrument de salut. Elle est l’aboutissement du chemin du plus grand amour dont la vie du Christ témoigne. Elle signe son abandon total à la volonté du Père.
Est-il possible d’avoir confiance en Dieu ?
Cette confiance en Dieu, comment se manifeste-t-elle dans nos vies ? Sommes-nous capables de remettre notre vie dans les mains du Père, à la suite du Christ et de nous laisser guider par l’Esprit ? Comment l’amour est-il le moteur de nos vies ? Ces questions nous pouvons les laisser raisonner dans notre cœur alors que nous suivons le Christ au calvaire.
Sur le chemin de la conversion
Il s’agit de reconnaître que nous sommes en chemin, en conversion et que l’Esprit nous travaille au cœur. Suivre le Christ dans sa Passion c’est aussi le reconnaître comme Celui qui vient au nom du Père. C’est une confession de foi, peut-être frêle et chancelante. Mais, cela nous engage à témoigner, avec ce que nous sommes, que nous reconnaissons Jésus pour maître et pour ami.
La croix : témoin de l’Amour de Dieu
Ce que nous pouvons retenir aussi c’est que Jésus va jusqu’au bout pour nous montrer le chemin où conduit l’Amour que Dieu a pour l’humanité. Dans ce vendredi saint, ce n’est pas la souffrance qui est essentielle, mais le consentement du Christ à la volonté du Père. Cette dernière n’est pas que son Fils vive le martyre. Nous ne sommes pas en face avec un Dieu pervers qui se délecterait de la souffrance de l’autre. Non ! Ce n’est pas possible de penser ainsi.
Vendredi saint, un chemin de souffrance consentie, mais non recherchée
Le chemin de la croix inclut la souffrance, mais si elle est consentie, elle n’est ni recherchée ni souhaitée. Cette souffrance du Christ fut bien réelle. Il n’a pas fait semblant d’être torturé et de mourir sur la croix. Tout Fils de Dieu qu’il était. Posons notre regard sur cette croix et laissons la grâce de Dieu nous rejoindre et nous faire sentir qu’il porte, aujourd’hui encore, nos souffrances, nos détresses. C’est une consolation spirituelle qui nous aide à traverser notre souffrance en compagnie du Christ.
Compter sur l’Esprit
Nous savons que son Esprit est là, présent au cœur de nos vies pour nous aider à traverser les épreuves de cette vie. Cela ne fait pas tout, mais c’est une aide nécessaire. Cet accompagnement n’efface pas la réalité de la peine, de la douleur. Ce n’est pas de la magie.La présence de l’Esprit est davantage de l’ordre de cet autre sur lequel je peux m’appuyer lorsque la marche devient difficile. C’est une présence discrète, mais bien réelle.
Avec le Christ, traverser la souffrance
Avec le Christ souffrant, nous traversons aussi la souffrance, nous pouvons communier ainsi à celles de tous les hommes et de toutes les femmes qui souffrent au cœur du monde. C’est une invitation à la prière, à l’intercession pour tous ces bouleversements dans le monde, autour de nous et dans nos vies. Nous savons que Dieu œuvre pour la paix et la réconciliation, mais que « le cœur de l’homme est malade et compliqué » (Jr 17, 9-10). Mais ce n’est pas pour autant une raison de baisser les bras.
Le vendredi saint : accueillir nos chemins de croix
Avant de nous lamenter sur nos contemporains, regardons aussi les croix que nous portons. La glaise du chemin colle aussi à nos pieds. Ils ne sont pas aussi agiles que ceux des anges. Nous sommes lourds de nos contradictions et autres vents contraires qui nous font tourner le dos à la grâce que Dieu veut semer en nous. Ce vendredi saint peut nous aider à contempler ces difficultés. Nous pouvons les confier au Christ sur et en croix.
Offrir nos vies
Cette offrande de toutes nos vies, de nos joies, nos peines, nos difficultés (GS 1), le Christ vient la récapituler et l’offrir en vivante offrande à la louange de sa Gloire aujourd’hui, dans sa Passion. Cette Gloire de Dieu qui se manifeste particulièrement lors de ce triduum pascal n’est autre que l’attestation de l’Amour de Dieu pour ce monde et ses habitants.
Accueillir la miséricorde
La miséricorde parcourt tout l’Évangile, même — et peut-être surtout, quand le Christ vient nous « secouer » et nous faire sortir de nos zones de confort. Dieu n’a qu’une seule ambition pour nous : nous ouvrir à l’intensité de son amour. Celui-là même qui a conduit le Christ librement jusqu’à la mort. Il a refusé d’entrer dans le jeu des puissants, des savants, des hommes influents de son temps. Sa parole était libre, car animée, aimantée par le souffle de l’Esprit qui dit l’Amour de Dieu pour ce monde.
La croix dressée nous indique le chemin de l’amour de Dieu
Ce fol amour de Dieu c’est aussi cette croix qui se dresse partout où les chrétiens sont. Elle est ce que nous traçons aussi sur nos corps lorsque nous entrons en prière. Elle nous rappelle que la croix nous enveloppe de l’amour de Dieu. Dieu, en ce vendredi saint, vient transformer cet instrument de cruel supplice en vecteur de grâce.
La croix, paradoxe de l’amour de Dieu
Une fois encore nous sommes confrontés au paradoxe de Dieu qui dépasse tout ce que nous pouvons comprendre. Ne nous désolons pas de notre faiblesse de croire ou de comprendre l’immensité de l’Amour de Dieu. Laissons-nous plutôt envelopper par la tendresse de Dieu qui se dit spécialement aujourd’hui dans l’offrande de la croix. Dieu ne nous abandonne pas, comme il n’a pas abonné son Fils sur la croix malgré son cri de douleur. Il vient nous offrir son cœur, par ce sang et cette eau qui coulent de son côté transpercé pour que nous nous laissions désaltérer par un tel amour.
Puisse ce vendredi saint nous aider à être placés, au nom de Dieu, aux carrefours du monde, aux croisements du monde, et à être témoins de son amour incommensurable malgré les douleurs et les souffrances.
[…] parmi les hommes et les femmes de son temps. Nous avons fait mémoire de la dernière cène, de son chemin de croix et de sa mort. Maintenant, nous célébrons sa résurrection. Ces événements ont eu lieu un jour du temps. Des […]