Le peuple de Dieu et le bon berger


Méditations au coeur du monde / vendredi, mai 9th, 2025
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Dernière modification 12 heures by Chrétien en ce temps

La semaine dernière, alors que nous attendions la tenue du conclave, notre espérance se forgeait pour l’Église et le monde afin d’avoir un pasteur selon le cœur de Dieu. Depuis jeudi 8 mai 2025, 18h08, nous avons un pape. À la suite de Pierre, il reçoit la mission de conduire le peuple de Dieu. Ce 4e dimanche de Pâques nous invite à méditer sur le sens de ces brebis, de ce peuple que nous formons et de son lien avec Jésus.

Un peuple aimé de Dieu

Peuple de baptisés, nous sommes les bien-aimés de Dieu. Il veut nous conduire dans la fidélité de son amour pour que nous apportions la joie de Dieu aux femmes et aux hommes de ce temps. Aussi, il nous faut reconnaître que Dieu a planté sa tente parmi nous pour que nous y demeurions et puissions y porter du fruit (Jn 15). Notre baptême nous invite à rejoindre Dieu en ce monde et en ce temps, et en même temps à nous laisser rejoindre par la force de son cœur.

Choisir de rejoindre le peuple de Dieu

C’est le cœur de Jésus qui rassemble les joies, les peines, les angoisses, les espérances (Gaudium et Spes 1) des femmes et des hommes de ce temps. Ainsi, le cœur de Dieu rejoint cette foule immense de ceux qui cherchent un sens à leur vie. Parmi cette foule, certains mettent leur foi en Jésus, d’autres non. Les uns ne sont pas meilleurs que les autres. La foi chrétienne est un choix et, en même temps, le fruit d’une rencontre avec le Christ. Elle n’est pas une primauté ni un brevet de perfection.

Chercher la route du Christ

Au contraire, elle exige de nous que nous ne cessions jamais de chercher la route du Christ. C’est elle qui nous conduit au Père dans la communion du Saint-Esprit. Cette voie de Dieu se découvre lorsque nous marchons sur le chemin de nos frères et sœurs en humanité. Ils sont eux aussi membres du troupeau qui appartient à Dieu.

Dieu nous aime et nous conduit « aux sources des eaux de la vie »

Cet attachement que Dieu nous porte nous invite à rejeter tout ce qui peut conduire au mal, tout ce qui peut nuire à la dignité des femmes et des hommes de ce temps. Il ne s’agit pas là de morale, mais de ce qui empêche la croissance, c’est-à-dire l’autonomie de réflexion, ou de ce qui empêche de discerner ce qui fait sens. Aussi, il nous faut avancer, avec confiance, sur le chemin de la foi, certains que « Dieu nous aime, Dieu vous aime tous, et le mal ne triomphera pas ! », comme l’a dit Léon XIV lors de sa première intervention.

La fidélité de Dieu nous fait devenir son peuple

Cette certitude doit nous conduire « aux sources des eaux de la vie », comme nous le dit la fin de la première lecture de ce 4e dimanche de Pâques. Elles sont ces lieux où débordent la vie et la joie de Dieu, là où nous sentons que nous sommes en communion entre notre volonté et le désir de Dieu. Ces moments où nous sommes pleinement en paix. C’est là où nos décisions deviennent une évidence, là où le doute laisse place à la certitude que nous sommes fidèles aux promesses de notre baptême. Ainsi, cette fidélité rencontre celle de Dieu qui nous assure que nous sommes toujours dans son nom, inscrits dans son cœur.

L’alliance et le peuple de Dieu

Même si parfois nous nous égarons sur ce chemin de l’alliance, gardons la certitude « que personne ne peut nous arracher de la main du Père ». Nous pouvons vraiment être dans la louange et l’action de grâce lorsque nous lisons et entendons au plus intime de nous-mêmes cette certitude. Quoi que nous fassions, Dieu ne nous abandonne pas. C’est ce fol amour de Dieu qui féconde notre foi et notre espérance et nous incite à construire « une Église missionnaire, une Église qui construit les ponts, le dialogue, toujours prête à accueillir comme cette place avec les bras ouverts » (Léon XIV).

Un peuple de Dieu en marche

Ainsi, l’Église, peuple de Dieu en marche, est véritablement pour « todos, todos, todos », comme nous le rappelait le défunt pape François. Ainsi, la permanence de l’Amour de Dieu nous invite à rendre grâce, bien sûr, mais surtout à devenir davantage cette « Église en sortie » qui cherche à rencontrer les femmes et les hommes de ce temps.

Se laisser entraîner dans l’Amour de Dieu

Ces rencontres, ces échanges avec ces femmes et ces hommes de bonne volonté ne consistent pas à chercher à les convertir. Nous ne sommes pas une ONG, une entreprise qui cherche à augmenter son chiffre d’affaires. Non, il s’agit de nous laisser entraîner par l’Amour de Dieu dans une proximité désintéressée avec toute personne qui cherche un sens à sa vie. Ce qui est à faire croître, c’est notre capacité d’accueillir davantage dans l’espérance l’Amour que Dieu verse dans nos cœurs (Rm 5, 5).

Le peuple de Dieu aux carrefours du monde

Cette croissance ne sera possible qu’à la condition de partir aux carrefours du monde en témoins de la joie de connaître Dieu. Ainsi, notre témoignage, notre manière de faire, d’être, pourront signifier que nous portons en nous un trésor dans des vases d’argile (2 Co 4). En fait, il s’agit davantage d’être avec nos contemporains pour être avec Dieu. Être chrétien, ce n’est pas vivre en vase clos, à côté du monde, mais être pleinement dans ce monde.

S’attacher au Christ et devenir son peuple

Nous pouvons, du fait de notre attachement au Christ, tâcher de rendre ce monde plus juste, plus fraternel, car nous savons que l’Amour que Dieu porte à ce monde est promesse d’avenir et de paix. Mais, encore faut-il mettre en œuvre cet appel que Dieu ne cesse de nous faire. Aussi, il faut accepter de nous remettre en question, collectivement et individuellement.

Élargir l’espace de notre tente

Comme Église, corps mystique du Christ, n’avons-nous pas, parfois – et même souvent – le désir de garder le Christ pour nous ? Ne sommes-nous pas tentés de clôturer la prairie où le Christ veille sur nous pour n’avoir que des brebis qui nous ressemblent ? C’est cette Église – autoréférentielle, comme le disait le cardinal Jorge Bergoglio – contre laquelle nous devons lutter et « secouer la poussière de nos sandales », tels Paul et Barnabé dans la seconde lecture.

Un peuple de Dieu, ami dans le Seigneur

Appelés à être et devenir des amis dans le Seigneur, compagnons de Jésus, nous devons veiller les uns sur les autres et nous conduire les uns les autres vers le Christ. Alors, prions le Seigneur de nous inviter à la vigilance dans notre désir de construire l’Église. Qu’il nous donne la grâce d’élargir l’espace de notre tente, nous aide à être toujours tournés vers l’espérance de l’Amour de Dieu et ainsi accueillir tous ceux que l’Évangile conduit vers nous.