La porte de Dieu c’est l’autre


Méditations au coeur du monde / vendredi, août 22nd, 2025
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Dernière modification 6 heures by Chrétien en ce temps

Ce 21e dimanche ordinaire, Jésus nous ouvre grand la porte étroite du Royaume. Tous, nous y sommes conviés. Ce qui importe, ce ne sont pas les déclarations mais les faits. Seuls ceux qui ne commettent pas l’injustice semblent être les bienvenus. C’est assez sévère comme jugement et peu d’entre nous sont ainsi capables d’honorer cette invitation du Christ. Mais, si Jésus nous met ainsi en garde, c’est que tout est encore possible.

Le service : porte de la foi

Ainsi, il ne suffit pas d’être des fidèles des œuvres de piété pour vivre de la vie de Dieu, il faut aussi témoigner de son amour, de sa charité au cœur du monde. « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres », nous dit Jean (Jn 13, 35). La route qui mène à la perfection de celui qui veut servir le Christ est longue. Pour autant, ne désespérons pas ni de Dieu, ni de nous-mêmes : les promesses du Christ sont réalisables pour peu que nous y prêtions attention.

Disponibilité et ouverture

Dieu ferme la porte aux hommes et aux femmes de « mauvaise volonté », à ceux et celles qui, bien qu’avertis et sensibilisés à l’importance de cet amour mutuel, n’y prêtent pas attention et s’en détournent volontairement. N’oublions pas qu’il nous arrive aussi de nous comporter avec le Seigneur comme le maître de la parabole. Il vient frapper à la porte de notre cœur pour que nous lui fassions une place, pour dresser sa tente et ainsi élargir celle de nos vies (Es 54,2), mais nous restons sourds à ses appels.

Ouvrir la porte de notre cœur à Dieu

Écouter Dieu, c’est essayer d’agir comme lui, tâcher de mettre au centre ceux que nous rencontrons, les écouter et les conduire à découvrir que Dieu se donne au cœur du monde. Cette promesse d’une vie en abondance n’est possible que si nous nous efforçons de découvrir le visage du Christ dans le visage de l’autre. Nos contemporains deviennent ainsi la porte du Royaume, celle qui nous amène à découvrir le Christ en ce monde et en ce temps.

Apprendre à connaître l’autre

Cela demande de notre part un réel effort et une vraie conversion. Il est plus facile d’en rester à des jugements, fruits de rumeurs, de méconnaissances, d’incompréhension, que de chercher à découvrir les traces de Dieu dans la vie des femmes et des hommes que nous rencontrons. En fait, pour connaître Jésus, il faut faire l’effort de connaître l’autre.

Une église aux portes ouvertes

Ce qui est vrai pour nous l’est aussi de l’Église. Cette mise en garde de Jésus peut la concerner et nous avec, comme pierres vivantes de cette Église. N’en faisons pas une citadelle au code de conduite parfois sclérosant. Elle est là pour vivre en plein monde, être une des portes qui montrent la générosité de l’Amour de Dieu pour le monde et pour les femmes et les hommes de ce temps.

Une Église aux périphéries

N’enfermons pas Jésus dans l’Église. Son rôle est d’être sur les places, les parvis, aux périphéries, comme l’a énoncé tout au long de son pontificat le pape François. Comme membres de l’Église, nous sommes invités à chercher la manière la plus juste de témoigner de la charité du Christ. Si l’Église, que nous façonnons par nos vies et nos actions, n’est pas l’image de « Jésus-Christ conversant avec les hommes » (Pierre de Clorivière), alors elle – et nous avec – s’éloigne de sa mission première.

L’Église : porte de la charité du Christ

Devenir la porte de la charité du Christ, ce n’est pas multiplier les bonnes œuvres en faveur des plus fragiles, c’est être avec le Christ pour être avec les hommes. Ne soyons pas des chrétiens de sacristie, pas plus que de canapé, mais laissons-nous entraîner par la joie de Dieu. Il veut son Église vivante, peuple de prophètes d’espérance pour ce monde.

Aimer et servir en toute chose

Changer le monde, c’est vivre de cet appel à entrer par la porte de l’Amour de Dieu par le service de l’autre. Il n’y a pas de place pour la concurrence dans l’ambition de former une Église fraternelle. Chacun y a sa pleine place à condition de prendre pleinement part à sa construction. Toutefois, souvenons-nous que l’Amour du Christ nous devance dans tout ce que nous entreprenons en son nom. Aussi, soyons attentifs aux signes des temps qui nous révèlent sa présence. Il est au milieu de nous pour nous conduire vers la plénitude de la joie.

Marcher vers l’unité

Saurons-nous entendre cet appel à demeurer dans l’unité et prendre la tenue de service pour apporter au monde le salut qui nous vient de Dieu ? Même si chacun est appelé à entendre l’appel à la conversion, à agir dans la mouvance de l’Esprit, c’est le corps entier de l’Église qui est appelé à annoncer cette Bonne Nouvelle de l’Amour de Dieu. Ensemble, nous pouvons trouver les forces, les ressources, les élans nouveaux pour annoncer au monde par notre action quotidienne que Dieu fait toutes choses nouvelles.

Écouter le Christ pour agir

Il ne faut pas confondre action et activisme. Ce n’est pas d’être sur les places à écouter pieusement Jésus qui importe, mais de mettre en application ces commandements, ces paroles reçues. Ainsi, il faut aiguiser notre écoute spirituelle pour passer de la tête au cœur. C’est lui qu’il faut harmoniser et accorder au cœur de Dieu. Ainsi, notre action sera le témoignage que l’Esprit est à l’œuvre aujourd’hui. C’est bien lui qui nous pousse à cette indispensable rencontre, porte de la foi.

Fraternité et évangélisation

L’Église ne pourra pas annoncer la Bonne Nouvelle du Christ, autrement dit évangéliser, si la Parole de Dieu n’est pas greffée sur le cœur de ses disciples. Cela exige de vivre réellement une fraternité dans nos communautés pour nous aider à entrer davantage dans le mystère de l’Amour de Dieu pour chacun et chacune d’entre nous.

Se laisser conduire vers la porte du Christ

Cet absolu de l’Amour de Dieu est à annoncer par l’Église et par chacun de ses membres. Le désir d’évangéliser ne doit pas nous quitter, c’est pourquoi nous devons demander jour après jour la grâce d’être fidèles aux promesses du Christ. Nous nous égarerons peut-être – sans doute. Nous oublierons l’impératif de la charité qui doit nous conduire vers cette porte étroite qui conduit au Christ. Mais, si nous nous souvenons que l’Amour du Christ a été versé dans nos cœurs (Rm 5,5), nous nous laisserons conduire à bon port tel un phare guidant les bateaux sur une mer agitée.

Que l’Esprit saint nous aide à nous souvenir que nous sommes faits pour « louer, servir, respecter Dieu notre Seigneur » pour mieux aimer et servir nos frères et sœurs en humanité.