Servir inutilement dans la foi ?


Méditations au coeur du monde / vendredi, octobre 3rd, 2025
Temps de lecture : 5 minutes

Dernière modification 1 semaine by Chrétien en ce temps

« L’humble serviteur a la plus belle place ! Servir Dieu rend l’homme libre comme Lui ». Ces paroles issues d’un chant du jésuite Didier Rimaud peuvent guider notre méditation de ce 27e dimanche ordinaire. L’évangile (Lc 17, 5-10) de ce dimanche n’est pas des plus faciles à entendre. Jésus met en lumière notre manque de foi et notre besoin de reconnaissance. C’est assez rude pour nous qui tâchons de cheminer dans et vers l’espérance. Mais prenons de la hauteur.

Croître dans la foi

Cet évangile est une réponse à ses disciples qui souhaitent voir la foi augmenter comme les cruches à Cana. Un peu comme si Jésus avait une baguette magique pour accroître la foi des apôtres. Nous aussi, nous aimerions que Jésus agisse à notre place et augmente notre foi. Mais, comme on le dit chez les scouts : la foi rentre avec les pieds. C’est-à-dire qu’elle s’entretient et doit se recevoir sans arrêt du Christ.

Une foi active

C’est notre attachement à Dieu, notre attention au don de l’Esprit et aux signes des temps qui nous donneront de voir notre foi croître. Elle est une grâce à recevoir mais qui ne cesse de grandir si nous sommes vigilants à vivre l’Évangile en ce monde et en ce temps. C’est donc bien au contact avec nos contemporains, dans le labeur quotidien que nous pouvons découvrir la présence agissante du Christ. Ainsi pourra s’éveiller notre désir de le suivre de plus près. C’est dans cette proximité que nous pourrons voir notre foi grandir.

Apprendre à faire confiance à Dieu

Avoir foi en Dieu, c’est lui faire confiance. C’est comprendre qu’il est à l’œuvre dans ce monde, en cet âge et qu’il compte sur nous pour faire triompher son amour et sa paix. Ainsi, nous avons à tout mettre en œuvre, à nous mobiliser pour devenir des témoins de sa vie au cœur du monde. En fait, il faut vraiment prendre la livrée du Serviteur et suivre l’étendard de la croix dans l’espérance.

Devenir davantage serviteurs de la mission du Christ

Dieu nous tend la main pour participer à Sa vie. Mais cela demande que nous refusions la gloire et l’honneur. C’est ce qu’il faut comprendre dans la deuxième partie de l’Évangile de ce dimanche. Si nous choisissons de devenir serviteurs de la mission du Christ, c’est un engagement plein et entier qui demande toute notre adhésion. Nous ne sommes pas serviteurs les jours ouvrables de 9 h à 18 h. Cette disponibilité ne signifie pas que nous devons nous consumer pour le Christ de manière ordinaire. Le Christ nous demande d’être disponibles, de servir, pas de nous laisser entraîner dans des abus de pouvoir qui menaceraient notre santé.

Choisir le Christ pour maître et pour ami

Dans l’Évangile de ce dimanche, nous pouvons entendre aussi la nécessaire temporalité de la mission ou autrement dit autrement « Il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel » (Qo 3, 1). La mission est première et c’est elle qui doit guider notre désir de suivre le Christ. Nous avons à choisir « davantage », à mettre en premier notre appel à prendre le Christ pour maître et pour ami. Les autres choses qui nous habitent ne sont pas secondes mais secondaires. C’est bien la mission, le service qui doit nous préoccuper mais pas pour lui-même. Servir en soi n’est pas intéressant mais les personnes et ce que nous pouvons faire avec et pour elles est passionnant.

Chercher à servir dans la foi

Si nous servons avec cœur, si nous cherchons à dire le Christ par et dans toute notre vie, alors nous serons des fidèles serviteurs, heureux d’être au service du maître. Toutefois, avouons que le qualificatif employé dans l’Évangile de Luc de ce dimanche est difficile à entendre. « Nous sommes des serviteurs inutiles/quelconques » disent certaines traditions. À quoi bon servir alors si nous sommes quelconques, voire inutiles ? Serions-nous donc des « bons à rien » ou des « mauvais à tout » ? Dans ce cas, à quoi bon nous engager à la vigne du Seigneur si nous ne servons à rien ?

La joie de ne servir à rien

C’est peut-être, justement, là tout l’intérêt : de ne servir à rien. En fait, nous ne sommes pas « utiles » dans le sens d’apporter quelque chose de supplémentaire à Dieu. Dieu se suffit à lui-même. Nous sommes choisis pour être – et devenir – les coopérateurs de Dieu (2 Co 6, 1). C’est-à-dire que nous annonçons sa mission avec tout ce que nous sommes. En quelque sorte, nous avons à jouer avec talent et brio la partition écrite par Dieu. Mais le compositeur, c’est Lui, et nous sommes les interprètes. Il nous revient d’être la musique de l’Amour de Dieu en ce monde et en ce temps. C’est ainsi que nous deviendrons les porteurs des grâces du Royaume.

Le risque de la vaine gloire

Lorsque Dieu nous demande de nous reconnaître comme des serviteurs inutiles ou ordinaires, il veut nous empêcher de tomber dans la vaine gloire. En fait, nous n’ajoutons rien à Dieu mais nous l’aidons dans sa mission par notre action. Il faudrait, in fine, se réjouir de ce rappel de Dieu. Il nous permet de garder la tête froide et de ne pas nous tromper de responsabilité.

Être et devenir serviteurs de la mission du Christ est déjà une belle mission. Ses contours ne sont pas vraiment définis tant ce monde a besoin d’amour, de paix, de réconciliation. Il est dans notre mission de labourer le champ du monde, de planter, de semer des graines, mais de laisser Dieu opérer le soin de faire croître ces plantations.

Joie d’être ces serviteurs inutiles

Réjouissons-nous donc de cette appel à l’inutilité. Cela nous donne de cultiver la vertu d’humilité et de nous mettre en route vers le Royaume de Dieu. Dieu veut que son amour soit annoncé et vécu par toute la terre dans le renoncement à toutes nos volontés de pouvoir. Ce n’est pas facile tant les tentations sont grandes de nous considérer comme supérieurs aux autres.

Libres pour aimer

Pourtant, toutes et toutes nous sommes enfants d’un même Père. Il nous veut libres pour aimer, libres pour créer et avec son aide faire resplendir la justice, son amour et sa paix en ce monde et en ce temps. Prenons le temps, tout au long de cette semaine, de prier le Seigneur pour qu’il nous encourage et nous ajuste davantage dans la mission pour la Gloire de Dieu et le Salut du monde.