Avec persévérance, suivre le Christ de plus près


Méditations au coeur du monde / vendredi, novembre 14th, 2025
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Dernière modification 3 heures ago by Chrétien en ce temps

Ce 33e dimanche du Temps Ordinaire est le dernier dimanche du temps ordinaire. Nous sommes invités à la persévérance. Dimanche prochain nous clôturerons notre année liturgique par la solennité du Christ-Roi. Cette fin de l’année liturgique nous offre des lectures peu réjouissantes. L’Évangile nous parle de guerres, de désordre, de tremblements de terre et autres calamités. Ces désastres semblent tout de même s’abattre sur nous depuis quelques centaines, voire milliers d’années.

De la persévérance dans la patience ?

Ces descriptions apocalyptiques entendues par les premiers disciples pouvaient être comme une invitation à la patience. Encore un peu de temps et tout ira bien. Malheureusement, 2000 ans après nous n’en avons pas terminé avec ces guerres. La Paix a vraiment du mal à s’instaurer dans le cœur des femmes et des hommes.

Des cœurs endurcies

Comment alors ne pas penser à cette phrase du prophète Jérémie : « Le cœur est plus que toute chose plein de détours, et il est malade : qui pourrait le connaître ? » Voilà le problème de fond, les méandres de notre cœur qui complexifient tout désir d’entendre et d’écouter le Seigneur susurrer à notre oreille. Donc, sommes-nous cantonnés à toujours désespérer de nous, de cette incapacité à nous convertir une bonne fois pour toutes ? Ou bien, entendons-nous au creux de notre cœur l’invitation du Seigneur à espérer contre toute espérance ?

Invités à la persévérance

La finale de l’Évangile de ce 33e dimanche du Temps Ordinaire nous place plutôt dans ce dynamisme. Jésus nous dit à sa toute fin : « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie ». Ainsi, le Seigneur se fait notre enseignant, il nous tourne vers le but à atteindre et nous demande de nous armer de patience, d’endurance.

Patients grâce à la patience de Dieu

C’est vraiment une invitation à dompter notre impatience, à maîtriser notre désir d’immédiateté. Nous avons tendance à vouloir tout et tout de suite. Pourtant, il faut du temps pour faire un chef-d’œuvre, pour que s’accomplissent les promesses de vie en abondance que le Seigneur nous fait. La précipitation n’est jamais bonne conseillère lorsque l’avenir est en jeu.

Discerner et décider

Même si le quotidien nous amène à être dans la constante prise de décision, il nous faut savoir peser l’urgent de l’important, l’utile de l’inutile, l’essentiel du superficiel. C’est en prenant le temps du discernement que nous pourrons construire le Royaume en ce monde et en ce temps. Discerner ce qui fait sens, ce qui peut amener à construire et faire grandir. Les maux décrits dans l’Évangile de ce dernier dimanche du temps ordinaire sont issus de la volonté de l’homme de tout posséder, de tout maîtriser. Nous cherchons toujours à assouvir un insatiable désir de pouvoir, une course contre la mort pour nous assurer que nous sommes bien en vie. Mais, au final, la vie qui nous est promise par le Seigneur n’est pas une victoire sur le temps mais sur nous-mêmes.

Faire preuve de persévérance et d’endurance

Aussi, cela demande de la persévérance, de l’endurance, de la patience car nos cœurs sont lents à croire. Avec un peu de lucidité, nous savons que la conversion est un long chemin. Le Seigneur vient à notre rencontre mais sans nous brusquer, sans forcer nos défenses. Il se dit discrètement dans nos vies avec douceur et miséricorde. Souvenons-nous qu’il est davantage dans le bruissement d’une brise légère (1 R 19, 12) que dans le vacarme, le bruit et le tonnerre.

Se laisser conduire par le Seigneur

Aussi, ne craignons pas d’avancer avec le Seigneur sur notre chemin d’humanité, il saura nous conduire avec assurance sur un plus grand chemin de foi, d’espérance et de charité. N’oublions pas aussi que ce qui compte dans cette route à la suite du Christ c’est la recherche d’une authenticité d’être. Nous sommes uniques et singuliers. Ne cherchons pas à devenir la copie conforme de tel ou tel qui nous semble être mieux que nous. Les apparences sont souvent trompeuses et il y a des fragilités, des faiblesses, des fêlures en chaque personne.

Différents mais saisis par Dieu

Pour nous en convaincre, regardons les piliers de l’Église : Pierre et Paul. Ils étaient des amis fidèles du Christ, chacun à leur manière, chacun selon leur tempérament. Mais, tous deux, se sont laissés saisir par le Christ et ce dernier a déployé sa grâce dans la singularité de leur personne malgré leur rudesse apparente.

Suivre le Christ de plus près

Comme eux, à leur suite et à celle de la foule des saints et des saintes de Dieu, connus ou inconnus, nous devons chercher comment correspondre le mieux à la volonté du Seigneur pour nous. Si l’appel est dans la radicalité, l’abandon de nos biens pour mieux l’aimer et le suivre, laissons tout et prenons la route avec Jésus. Mais cela peut être tout aussi au cœur du monde, du quotidien de nos jours. Ne cherchons pas l’extraordinaire pour suivre le Christ mais laissons se déployer la grâce de Dieu dans l’ordinaire de nos jours.

Participer à la vie du monde

Paul nous rappelle, dans la seconde lecture, qu’il est important d’être fidèle à ce que nous sommes et de ne pas être une charge pour les autres. Cela ne signifie pas que nous devons être égoïstes, ne penser qu’à nous. Mais qu’il est important de participer à la vie du monde. C’est l’oisiveté que dénonce Paul et non le droit de se reposer, de prendre du temps pour soi, pour respirer, pour vivre et entendre le Seigneur nous inviter à vivre avec Lui. Car c’est ensemble comme Peuple, amis dans le Seigneur, que nous bâtissons le Royaume et sa Justice. Nous sommes, depuis notre baptême, membres de l’Église, mis avec le Christ pour annoncer au monde les merveilles de Dieu. Ne l’oublions pas devant les événements du monde.

Habitons le monde

Cherchons à l’habiter, cherchons à le transformer par nos vies, par tout ce que nous sommes. Ne restons pas au balcon du monde, en attendant que tout ce que Jésus a décrit dans l’Évangile de ce dimanche se déroule. Nous risquons d’attendre longtemps et d’être déçus et frustrés. Participons avec ce que nous sommes, tels que nous sommes, à la vie du monde. Même humblement, modestement. Dieu compte sur nous, alors le monde doit pouvoir aussi compter sur nous.

Alors avec confiance, persévérance et dans l’espérance agissons pour que l’Amour de Dieu transforme le monde. Faisons nôtre cette prière de saint Pierre Favre, SJ : « Père, au nom de Jésus, donne-moi l’Esprit. »