Dernière modification 5 heures ago by Chrétien en ce temps
Il y a un peu plus de quatre semaines, nous nous sommes mis en route vers cette nuit tant espérée. Aujourd’hui, en cette nuit, nous célébrons Noël ; un soir où de la terre, le cri d’un enfant vient resplendir, au cœur de la nuit, de nos nuits, et même de nos joies. Ce cri dans un silence hurlant vient nous dire, de la part de Dieu : « Je t’aime comme ce Fils qui vient de naître chez Joseph et Marie. » Ce bébé, comme tout nouveau-né, est fragile, exposé au bon vouloir des hommes et des femmes nés avant lui. Mais, ce qui change tout, ce soir, c’est que ce bébé est le Fils de Dieu.
Noël : Dieu se donne à nous
Nous rendons-nous compte de ce que nous célébrons cette nuit ? Dieu vient se donner à nous, dans une mangeoire, en marge d’une auberge, dans une famille loin de chez elle. Qui donc est ce Dieu qui est si fou d’amour pour nous qu’il prend autant de risques. C’est perdre tout sens commun de raisonner comme Dieu ce soir. Et pourtant, il n’est pas d’autre réalité que celle-ci. Ce soir, Dieu vient parmi nous, dans une mangeoire, déjà enveloppé du linceul de la résurrection.
La folie du mystère de Noël
Aussi, devant un tel mystère, soit nous perdons tout de suite la raison et/ou la foi en disant que c’est impossible ou bien nous nous laissons entraîner dans ce mystère en faisant acte de foi. Si nous choisissons de faire confiance à Dieu, de nous laisser entraîner par la vie et la lumière qui débordent ce soir de la crèche, nous prenons le risque de l’intranquillité. Cheminer avec Jésus, avec Dieu fait homme pour le laisser éclairer notre vie, c’est faire le choix de la fraternité. Dieu, ce soir, devient le frère de chacun.
Le refus de Dieu
Pourtant, des hommes ne veulent pas de lui. L’Évangile nous dit « qu’il n’y avait pas de place » pour Joseph et Marie sur le point d’accoucher. C’est un pur scandale. Déjà, à peine né, Jésus est une pierre d’achoppement. Peut-être nous faut-il comprendre que la foi est quelque chose de scandaleux, sur laquelle nous ne cessons de buter. Il n’y a rien de logique dans le fait de croire en Dieu, en cette puissance d’amour et de vie. Aucune raison valable de se laisser entraîner par un Dieu qui ne brille que par sa pauvreté.
L’exemple des apôtres
Les apôtres ont pourtant été saisis par Lui au péril de leur vie et poursuivi son œuvre malgré les fatigues et les contradictions. Nous pouvons penser spécialement à Pierre qui nie connaître son Ami. Si Pierre a renié Jésus dans la cour du prétoire, alors combien il nous est aussi possible de le renier. Mais, malgré cela, et peut-être parce que le Seigneur connaît notre difficulté de tenir dans les décisions, il continue de nous choisir. La folie, la déraison est aussi du côté de Jésus. Tel père, tel fils pouvons-nous dire.
Pourquoi croire à Noël ?
Cette histoire de Noël, tout comme celle de Pâques ne tient pas un seul instant. Elle n’est même pas une histoire à dormir debout, elle est tout bonnement insensée. Alors, pourquoi continuons-nous de croire ? Pourquoi tant d’hommes et de femmes ont risqué leur vie pour se conformer à cet appel à la fraternité universelle ? Ils n’ont rien gagné si ce n’est la gloire des autels comme les cinquante martyrs récemment béatifiés à Paris, il y a dix jours.
La foi demeure
Cette question traverse le temps et l’histoire, pourtant malgré les comportements criminels de membres de l’Église, la foi demeure. Des femmes et des hommes continuent d’engager leur vie à la suite de ce nouveau-né qui naît dans une mangeoire et meurt sur une croix. C’est peut-être alors que notre sens commun n’est pas le sens de Dieu. Nos manières de percevoir, d’agir, d’aimer sont peut-être trop habitées d’une sorte de commerce alors que celle de Dieu n’est que gratuité. C’est sans doute une différence majeure entre Lui et nous. Pourtant, elle est le cœur de la foi.
Michée 6, 8
Dieu n’exige fondamentalement rien de nous si ce n’est – peut-être – ce qu’il nous dit par le prophète Michée : « Pratiquer la justice, aimer la bonté et marcher humblement avec Lui » (Mi 6, 8). Peut-être que si nous prenons le temps de mettre en pratique ces conseils de Dieu nous nous rapprocherons davantage de Lui. Ainsi, nous laisserons la lumière de Dieu, celle-là même qui « resplendit du pays de l’ombre » dont nous parle Ésaïe dans la première lecture, éclairer notre cœur et notre vie.
Accueillir la lumière de Noël
Nous avons urgemment besoin de la lumière de Dieu pour éclairer notre vie et celle du monde. Nous découvrirons cette lumière qui illuminera et réchauffera nos vies en prenant le temps de nous laisser émerveiller par le don que Dieu nous fait ce soir. Il vient ce soir nous conduire vers la vraie joie. Elle seule peut pacifier notre cœur, apaiser les blessures et rendre ce monde beau, bien et bon. Mais, encore faut-il être disponible intérieurement pour accueillir Dieu.
Indisponible à la disponibilité de Dieu
C’est peut-être pour contrer notre tendance à l’indisponibilité que Dieu choisit de faire sa demeure parmi nous. Il veut tellement nous aimer qu’il choisit de se faire l’un de nous, d’épouser notre humanité pour que nous épousions sa divinité. C’est cela Noël avant d’être une fête de famille et la cérémonie des cadeaux. Il est important de prendre le temps de nous laisser rejoindre par le sens profond de cette fête.
À la suite de l’Ange
N’en restons pas à la crèche, aux santons, aussi beaux soient ces représentations. Mais, laissons-nous conduire par l’Ange auprès du Sauveur comme le firent les Bergers. Nous découvrirons la force de la fragilité, l’audace de la confiance de Marie et de Joseph qui nous entraînent dans la certitude que rien n’est impossible à Dieu. Nous comprendrons que le Salut, le fol Amour de Dieu, n’est pas dans l’épate mais dans le souffle de Dieu qui nous met en route. C’est Lui qui nous pousse à prendre la route de l’espérance, à ne pas nous résigner et nous décourager quand la vie nous pèse.
Entrons dans la joie de Noël
Oui, Dieu est à l’œuvre en cet âge et cet enfant couché dans une mangeoire nous dit bien que la force de Dieu est sa fragilité. Alors, entrons avec joie dans ce temps de Noël qui s’ouvre ce soir. Oui, un enfant nous est né, un Fils nous est donné. À sa suite, nous sommes appelés à transformer le monde grâce à la délicatesse, à la simplicité, à la chaleur que Dieu nous offre en nous confiant son Fils. Puisse ce Noël nous confirmer dans notre mission de baptisés et nous conduire à aimer davantage le Seigneur et le monde qu’il aime.
Saint et Joyeux Noël à chacun et Paix aux hommes que Dieu ne cesse d’aimer.
