Contemplation et action : être avec le Christ


Méditations au coeur du monde / vendredi, juillet 18th, 2025
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Dernière modification 1 semaine by Chrétien en ce temps

La liturgie de ce 16e dimanche ordinaire nous donne à contempler l’évangile de Marthe et Marie. La tendance est grande d’opposer contemplation et action et de nous reconnaître davantage dans l’une ou l’autre – selon son tempérament. Ne faut-il pas plutôt – au lieu de les opposer – les juxtaposer, les mettre en dialogue ? N’entrons pas dans la culpabilisation facile de l’une ou de l’autre – selon ce qui nous arrange. Comprenons plutôt qu’il ne peut pas y avoir l’une sans l’autre.

Découvrir la contemplation dans l’action

La contemplation et l’action sont les faces d’une même pièce. Elles nous donnent d’être attentifs aux signes des temps et de les mettre en œuvre. L’action conduit à la contemplation et réciproquement. Ainsi, nous pourrons tirer du bien de l’une et de l’autre. Même s’il est important de ne pas confondre contemplation et oisiveté, action avec activisme débordant et désordonné. Ce qui importe c’est de faire les choses avec sens et avec perception de ce qui y est fait. Donc, vivre la contemplation dans l’action c’est faire preuve de prudence et de discernement pour être en harmonie.

L’hospitalité d’Abraham : un modèle de contemplation active

La première lecture de ce dimanche illustre bien ce dialogue entre contemplation et action. Ce passage du livre de la Genèse, l’hospitalité d’Abraham, est aussi bien connu notamment grâce à une célèbre icône. Elle nous présente la manière dont Abraham sait accueillir celui qui vient. Dans ce passage, c’est le Seigneur qui vient accompagné de deux anges. Et le père des croyants en prend soin.

Prendre soin de nos relations

Prendre soin de celui qui passe, qui nous visite est un impératif non seulement pour le chrétien mais pour toute personne humaine. Se faire à la fois autre pour l’autre et hôte pour l’hôte voilà le déplacement que nous invite à faire l’hospitalité. Ainsi, nous découvrons qui est l’autre parce que nous sommes attentifs à lui. Il n’est pas pour nous une chose, une ressource, une partie du mobilier urbain. Et c’est la contemplation qui nous donne de percevoir la densité de chaque personne humaine et – pourquoi pas – son désir profond.

Apprendre à vivre avec l’autre

Cela nous engage alors à accepter de « perdre » notre temps pour être avec cet étranger de passage. Peut-être nous dérange-t-il, mais il est important d’essayer de le connaître pour que la Paix de Dieu habite cette relation. Vivre avec l’autre est aussi un aspect de la contemplation, car c’est prendre de la distance avec soi-même pour laisser de l’espace. Si nous tâchons de vivre nos relations dans une optique de contemplation – qui n’est pas de la rêverie – peut-être qu’il nous sera plus facile de nous mettre à l’action.

Marthe et Marie : deux manières d’être avec le Christ

Agir, vivre l’action ce n’est pas partir tel Don Quichotte à l’assaut des moulins. C’est prendre le temps de contempler le but de l’action, de la discerner pour bien comprendre ce qui est essentiel. Ainsi, dans notre Évangile, l’important pour Marthe est d’écouter le Seigneur, pour Marie de l’accueillir dignement. Il n’y a pas là de bonnes ou de mauvaises réponses, de bons ou de mauvais comportements. Chacun vit la relation avec l’autre de manière différente. Ce qui importe c’est d’être dans la vérité de ce que l’on est et de ce que l’on fait.

Faire dialoguer contemplation et action

C’est peut-être cela qui est difficile pour nous mais aussi pour les autres. La tentation est grande, alors, d’ouvrir la porte aux vérités relatives où tout le monde a à la fois raison et tort. Jésus ne reproche pas à Marthe d’être au service et de s’agiter, mais juste de ne pas saisir le moment présent où Jésus vient à leur rencontre. Ainsi, comme le rappelle le livre de l’Ecclésiaste, « il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel ». C’est ce rappel que Jésus fait à Marthe, et en même temps aussi à nous, qui – parfois – nous dispersons alors que l’important est d’être là.

Reconnaître la présence de Dieu dans le temps présent

Il nous faut avouer – pour autant – que ce n’est pas facile de le savoir. Jésus n’est pas physiquement présent mais, en revanche, notre cœur – s’il est bien accordé à Celui du Seigneur, ne s’y trompe pas. Il y a des moments où nous sentons que l’important c’est d’être présent en ce lieu, en ce temps avec cette personne. Dans ces cas, restons-y car le Seigneur est sans nul doute aussi présent et peut nous dire quelque chose.
Mais, l’inverse n’est pas moins vrai. Dans l’aridité, l’acédie, l’ennui même, parfois, Dieu veut aussi nous dire quelque chose. Sa présence au cœur du temps, au cœur de nos vies n’est pas une suite logique qui répond à une suite de règles. Dieu nous cherche continuellement pour nous conduire à la joie parfaite, celle qui consiste à se donner entièrement et librement à sa suite.

Se laisser rejoindre par la Parole de Dieu

Pour découvrir Dieu qui se dit dans nos vies, il est important de tendre l’oreille de notre cœur pour laisser la Parole de Dieu, présence agissante, se frayer un chemin en nous. C’est en se laissant rejoindre par cette voix qui tâche de se frayer un chemin au cœur de nos vies, de nos détresses, de nos joies, de nos peines que nous pourrons vivre avec espérance.

La contemplation dans l’action : chemin de découverte

C’est l’espérance qui nous permet de ne pas désespérer ni de nous, ni des autres, ni de nous-mêmes. C’est une grâce que le Seigneur nous fait jour après jour. Pour la découvrir, il faut oser entrer dans un regard neuf sur le monde qui nous entoure. Et, la contemplation dans l’action nous y aide pleinement. Ce n’est pas de voir le monde en rose, en vivant dans une sorte de déni de sa réalité, mais y entrer avec la conviction que j’y ai toute ma place et que je peux y porter une semence d’espérance.

Porter l’énergie de Dieu au monde

Si, la grâce aidant, je suis capable de découvrir dans ma vie, les traces de la bonté et de la lumière de Dieu, alors il me reste à mettre cette énergie vitale au service du monde. Il est important de saisir les occasions où nous nous sentons portés par l’énergie de Dieu. Il nous conduira à marcher sous l’étendard de la croix pour annoncer aux carrefours du monde la joie de le connaître.

A la suite du Christ

Sachons saisir ces occasions, ces moments favorables où nous sommes certains que Dieu nous invite à devenir ses serviteurs, compagnons de Jésus. Cet appel à devenir disciple en plein monde, à la fois Marthe et Marie, nous le « portons en nous comme dans des vases d’argile » (2 Co 4, 7). Mais, certains que Dieu nous précède en ce monde et nous donne sa force et sa grâce, nous y avançons avec confiance et espérance.