De la lèpre à la louange


Méditations au coeur du monde / vendredi, octobre 10th, 2025
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Dernière modification 3 jours by Chrétien en ce temps

Dans l’évangile de Luc de ce 28e dimanche, nous voyons Jésus comme l’homme des frontières, des « périphéries » dirions-nous aujourd’hui. Il chemine à la frontière de la Samarie et de la Galilée et est reconnu par des personnes atteintes de la lèpre. C’est une chose assez courante dans la Bible que de rencontrer des lépreux. Les règles du Lévitique sont respectées sur les distances.

Guérir de la lèpre

Les lépreux viennent à la rencontre de Jésus et le proclament « maître ». Habituellement, ce sont les disciples qui le nomment ainsi. Nous ne savons pas comment ils connaissaient Jésus et encore moins s’il était capable de guérir. Mais il suffit que Jésus entende leur désir d’être libérés de leur lèpre pour que ces lépreux guérissent. Jésus ne leur a rien demandé, il n’y a pas de parole entre eux et lui. L’Évangile nous relate seulement leur requête : « Jésus, maître, aie pitié de nous. » Cette courte phrase vaut-elle demande de guérison ? Étrange dialogue. Et Jésus, pour réponse, les renvoie aux pratiques juridiques énoncées par le Lévitique. Cela ressemble tout de même à un dialogue de sourds.

Todos, todos, todos

Mais peut-être nous faut-il comprendre que Jésus comprend la détresse et sonde les reins et les cœurs. Il comprend le désir de ces hommes, leur détresse, leur angoisse. Aussi, avec toute la miséricorde dont il est capable, il restaure ces hommes. Il n’est pas question de confession de foi, de baptême, de signature de charte ou d’une question d’adhésion : Dieu guérit, Dieu sauve. Un point, c’est tout. Cela nous fait penser au célèbre « todos, todos, todos » du pape François. Dieu, comme l’Église, est pour tous. C’est le signe de la gratuité de l’amour de Dieu.

La lèpre et la foi

Pourtant, il est tout de même question de foi dans cet évangile. Mais prenons le temps de savourer cet amour de Dieu, cette action de Jésus pour guérir ces lépreux. Cette guérison s’accompagne aussi d’une restauration de ces lépreux dans la communauté en se montrant aux prêtres. Ces lépreux ne vivront plus au ban de la société car ils sont guéris. C’est le double effet de leur guérison. Leur lèpre est guérie et ils peuvent reprendre pleinement leur place. Donc, c’est gagnant-gagnant pour eux.

Pourquoi la louange ?

Alors, pourquoi rendre grâce, pourquoi retourner vers le Christ, comme le Samaritain, pour louer le Seigneur d’avoir été guéris ? Cette question de la reconnaissance dans la louange, nous pouvons nous aussi nous la poser.

Nous voulons être guéris

Nous savons que le Seigneur nous guérit, qu’il nous donne sa grâce pour avancer en ce monde et en ce temps. Ces guérisons sont parfois physiques – comme en témoignent de nombreux malades à Lourdes par exemple – mais aussi de l’ordre relationnel. Combien de fois n’avons-nous pas vu des nœuds se défaire, des situations délicates s’ouvrir vers une réconciliation ? Les non-croyants y verront l’ordre du temps, les croyants l’action de l’Esprit. Comprendre cela, c’est le fruit de la relecture qui permet de discerner les signes des temps.

Dieu est à l’œuvre en cet âge

Nous, croyants, nous avons la certitude que Dieu est à l’œuvre en cet âge. Que son Esprit continue de travailler nos cœurs et nos corps pour que la création soit pleinement restaurée. Pour vivre dans cet état de grâce, il est important de témoigner de cette action efficace de Dieu en notre monde et en notre vie.

Témoigner que Dieu nous guérit de nos lèpres

Ce témoignage, nous pouvons le faire à l’égard de nos contemporains mais aussi de Dieu. Avec Lui, ce n’est pas une sorte de flatterie mais vraiment un acte d’humilité. C’est reconnaître que nous sommes des serviteurs quelconques, désireux de faire le bien mais que c’est Lui qui nous donne la vie en abondance. Cette humilité nous donne la force de vivre avec ce que nous sommes, avec le poids du jour que nous portons mais aussi de nous réjouir des rencontres, des visages, de ces tout petits actes d’amour qui font le quotidien.

La louange comme axe de vie chrétienne

Ainsi, entrer dans la louange, ce n’est pas une question de renouveau charismatique mais d’attitude pour toutes celles et tous ceux qui désirent vivre de la foi en Dieu, Père de Jésus-Christ.

Devenir davantage conforme à l’Évangile

Dans cet évangile des dix lépreux, il nous faut noter d’où vient celui qui rend grâce. C’est un Samaritain, un étranger à la communauté des Juifs. Peut-être nous faut-il entendre une invitation à être très large dans notre manière de regarder et de considérer les autres.

Les « bons » et les « mauvais »

N’entrons pas dans une catégorisation des gens et encore moins des croyants. Il n’y a pas la classe des « bons » – qui seraient pieux, respectueux des rites et des codes – et celle des « mauvais », les « moins bons » qui seraient un peu à part, sulfureux car différents des « bons ». Cette catégorisation est assez facile et assez naturelle. Mais elle n’est pas conforme à l’Évangile.

La lèpre nous guette

Alors, méfions-nous de cette lèpre qui nous guette et qui gangrène petit à petit notre cœur et notre vie en société. Nous avons le droit de ne pas être d’accord, de ne pas être en harmonie avec telle ou telle manière d’exprimer la foi. Certaines manières nous paraissent étranges ou même étrangères à notre propre pratique, mais peut-être faut-il essayer de les comprendre.

Présupposé positif

Nous sommes invités, pour lutter contre ces lèpres qui nous guettent, à vivre la charité fraternelle et aussi le présupposé positif cher à Ignace. Faisons l’effort de comprendre. Parfois, c’est difficile alors remettons-nous-en au Seigneur en lui confiant nos questions, nos interrogations.

Louange et offrande

Remettre nos vies entre les mains de Dieu – non pas seulement au dernier jour – c’est vivre un acte d’offrande et d’action de grâce. Nous vivons le mouvement inverse à chaque Eucharistie où c’est Dieu qui s’offre à nous par son Fils. Par ce pain et ce vin, la vie du monde, notre propre vie et celle de nos compagnons et compagnes de route sont présentées à Dieu pour que notre vie ne soit plus à nous-mêmes.

L’Eucharistie pour nous guérir de la lèpre

Lorsqu’il se donne à nous sur l’autel, c’est pour que nous nous donnions à Lui mais aussi et surtout aux femmes et aux hommes de ce temps. Dans cette action de grâce, nous recevons la force de Dieu pour marcher à sa suite et devenir des compagnons de Jésus. Parfois, nous sommes des compagnons lépreux mais qui, confiants dans la miséricorde et la force de Dieu, crions : « Jésus, maître, prends pitié de nous » pour qu’il nous guérisse.