Dernière modification 16 heures by Chrétien en ce temps
« Écoute » : c’est le conseil que Moïse donne au peuple dans la première lecture de ce 15e dimanche ordinaire. C’est également le premier mot de la règle édictée par saint Benoît, que nous avons fêté vendredi dernier. Écouter ce que le Seigneur nous murmure au plus profond de notre cœur, voilà ce qui fait sens. Et pour écouter, il faut savoir se taire. C’est là une évidence.
Apprendre le temps de l’écoute
Prendre le temps de l’écoute, cela s’apprend, et encore plus lorsqu’il s’agit de Dieu. Prendre le temps du silence, pour s’asseoir et ouvrir son cœur au silence habité de Dieu. C’est ainsi qu’un espace pour la prière peut se faire, et l’Esprit du Père et du Fils habiter notre cœur et notre esprit. Cette écoute est ainsi le porche du discernement. Comment est-il possible d’entendre la fin du commencement d’une brise légère, si nous ne tendons pas l’oreille de notre cœur ?
Ainsi, faire l’effort de l’écoute, c’est aussi faire taire tous ces vélos intérieurs qui pédalent dans notre tête. Il faut avouer que c’est parfois un vrai tour de France qui s’y déroule !
Mettre en pratique la Parole de Dieu
Cette écoute active de la Parole de Dieu n’est pas quelque chose d’extérieur à nous. La première lecture nous fait saisir qu’elle est au cœur de nos vies, enfouie, telle une bonne graine qui ne demande qu’à germer. Mais il faut de l’espace, du temps et de l’entretien pour que cela puisse se faire. Ainsi, nous sommes un peu les jardiniers de Dieu qui ont la charge de faire fleurir, grandir, éclore tout ce qu’Il sème en ce monde et en ce temps.
Donc, il nous revient de mettre la Parole de Dieu en pratique en laissant le Seigneur nous conduire vers nos frères et sœurs en humanité. C’est sur cette route, aux carrefours du monde, habités de la Parole, que nous pourrons être témoins de la joie que Dieu veut pour ce monde.
Découvrir Dieu dans le quotidien
Dieu se donne jour après jour, il vient nous rencontrer dans l’anodin, la simplicité, la banalité du quotidien. Mais il est important que nous ouvrions les yeux pour le voir et les oreilles pour l’écouter. Souvent nous pensons que Dieu est très loin, dans les cieux, et inaccessible pour nous. Une sorte de Dieu de l’Olympe.
Participants à la nature divine
Mais souvenons-nous que nous confessons, dans notre credo et surtout lorsque nous communions, qu’il s’est fait chair. En Jésus, Dieu s’est incarné, il s’est fait l’un de nous pour que nous participions pleinement à sa divinité. Depuis lors, l’humanité et la divinité sont associées.
Va vers mes frères
Ainsi, nous sommes vraiment appelés à aller vers nos frères et sœurs en humanité et particulièrement vers les plus fragiles. Il ne s’agit pas seulement d’une question de charité mais de foi. Si nous confessons que Dieu s’est fait homme, comment alors laisser un homme, qui est ressemblance de Dieu, au bord du chemin ? Jetterions-nous un trésor, une pépite trouvée sur le bord du chemin, même abîmés par le temps ? Pour nos frères et sœurs humains, il en est pareil.
Ne passons pas à côté d’eux, soyons attentifs les uns aux autres. La relation humaine est ce qui est le plus essentiel à notre temps. ChatGPT et consorts n’apportent pas cette richesse de relation, cette étincelle dans les yeux ou cette tristesse qui traverse un regard.
La fraternité du quotidien
N’oublions pas cette fraternité/sororité du quotidien, ce service pour l’autre. C’est là notre seule gloire, notre seule fierté. Un sourire, une main tendue, prendre le temps de s’asseoir pour offrir une écoute à l’autre, voilà l’essentiel, voilà le trésor de nos journées.
L’écoute de l’autre : un chemin d’action
Ne rentrons pas dans une logique d’une culture de la performance où ce sont les indicateurs qui guident l’action. Nous risquons alors d’être dans cette « culture du déchet » que dénonçait le regretté pape François (dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium n° 53).
Se laisser émouvoir
Privilégions la rencontre à la pureté du geste ou au respect des règles comme le dit l’Évangile de ce dimanche. Le prêtre, le lévite préfèrent faire un détour plutôt que de croiser le regard de cet homme « dépouillé, roué de coups, laissé à moitié mort ». Mais le Samaritain, lui, est ému aux entrailles devant cet homme agonisant.
Samaritain, prêtre ou lévite ?
Et nous ? Quand est-ce qu’il nous arrive d’être émus aux entrailles devant une situation ? Sommes-nous comme le lévite et le prêtre, détournons-nous les yeux, ou comme le Samaritain nous ouvrons-nous pour apporter secours et réconfort ? Souvent, avouons-le, nous sommes à la fois l’un et l’autre. Nous sommes tous tantôt lâches, tantôt courageux.
Qui est mon prochain
Ce qui importe plus que de savoir si nous faisons mal ou bien, c’est notre capacité à nous soucier de notre prochain. Avons-nous, encore, cette capacité à nous laisser émouvoir – et par conséquent entraîner à l’action ? Qu’est-ce que cela nous dit de notre foi, de notre rapport à notre prochain ?
Qu’est-ce qui est important pour moi
Peut-être également que cette Parole du Bon Samaritain nous invite à réfléchir à ce qui importe le plus pour nous ? Sommes-nous soucieux du bonheur de l’autre ou d’être dans les règles, dans les normes pour être conformes au groupe ? Car ce qui importe, c’est notre capacité de pouvoir nous faire le prochain de l’autre, de nous laisser transformer, de nous laisser libérer de nos prisons intérieures du fait de cette proximité.
Écouter davantage
Demandons au Seigneur de nous donner la grâce d’une écoute toujours plus attentive de sa voix qui murmure dans notre cœur. Qu’elle nous révèle le chemin qui nous conduit à découvrir l’autre car la route du Christ passe toujours par le frère, la sœur, d’autant plus lorsqu’ils sont blessés et meurtris sur le chemin. C’est ainsi que l’Évangile peut se frayer un chemin dans notre humanité.
Devenir des missionnaires à l’image du Samaritain
Notre baptême nous envoie proclamer les merveilles de Dieu à nos contemporains. Cette proclamation ne peut pas se faire sans une écoute mutuelle et respectueuse de l’attente de nos contemporains. Proclamer l’Évangile ne signifie pas imposer une vérité à nos contemporains mais se faire proche d’eux comme le Samaritain avec le blessé de la route.
Prendre le temps de l’écoute
Prions donc le Seigneur pour que nous sachions prendre le temps de l’écoute avec ceux que nous rencontrons. Ainsi, nous apprendrons de l’Esprit combien il est important de prendre soin de nos frères et sœurs en humanité. C’est là un témoignage vivant et concret du fol amour de Dieu.