Une Église de pierres vivantes


Méditations au coeur du monde / vendredi, novembre 7th, 2025
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Dernière modification 7 heures by Chrétien en ce temps

Ce dimanche, nous célébrons la dédicace de la Basilique du Latran. Cette basilique romaine est la cathédrale de l’évêque de Rome. Elle est en quelque sorte la mère de toutes les Églises. Elle est, tel le pape parmi ses frères évêques, la première parmi toutes les autres. Célébrer cette dédicace, c’est faire mémoire de notre catholicité, de l’universalité du message du Christ porté par l’Église. Mais ce peut être aussi une réflexion, une méditation sur l’Église. Sachons tout de même séparer l’institution du peuple de Dieu. Mais les deux sont interdépendants.

Une Église pour vivre l’Évangile en plein monde

Nous avons besoin de l’institution pour nous conduire à la pleine connaissance du message du Christ. C’est-à-dire que nous avons besoin de nous rassembler dans une communauté de foi, comme les disciples autour du Christ, pour partir vivre l’Évangile en plein monde.

Qu’est-ce que l’Église ?

L’Église n’est pas un club, un groupe auquel nous adhérerions comme pour nous divertir. Elle est un lieu où le message du Christ peut s’écouter, se partager et auquel nous communions particulièrement dans la célébration de l’Eucharistie. Elle est bien une maison de prière et non « une maison de commerce » comme Jésus le souligne dans l’Évangile de ce dimanche.

Notre ambition de croyants

Les mots que nous entendons de Jésus, en ce jour de dédicace de la Basilique du Latran, sont durs. Mais s’ils nous touchent au cœur, c’est parce que nous croyons dans l’Église et que nous avons de l’ambition pour elle. Comme Jésus, nous pouvons dire au Seigneur : « L’amour de ta maison fera mon tourment. » Tant de fois nous pouvons la regarder avec exigence et nous dire qu’elle pourrait être mieux, que tous ces crimes commis par ceux qui font l’Église, qu’ils soient clercs ou non, enlaidissent l’Église. Elle l’est tout autant par des expressions publiques malheureuses ou des instrumentalisations à des fins politiques ou polémiques.

Une maison pour tous

L’Église est vraiment la maison de Dieu, la maison du Peuple de Dieu où chacun doit avoir sa place. Nous retrouvons, une fois encore, le « todos, todos, todos » de notre cher pape François. Et c’est justement parce qu’elle doit être ouverte à tous que nous n’avons pas à la « privatiser » au profit d’une idéologie. N’en faisons pas un lieu de commerce, un lieu où tout se négocie et où l’argent est premier.

Un lieu ouvert sur le monde et sur la ville

L’Église est avant tout un lieu de communion, de participation, un endroit où nous reprenons des forces pour la mission. Elle est, en quelque sorte, un lieu de passage ouvert aux quatre vents pour accueillir le frère, la sœur qui veut y venir. Qu’importe que nous soyons bien ou mal portants, bien ou mal croyants. Nous avons à faire de l’Église un lieu ouvert sur le monde, sur la ville, pour que l’Amour de Dieu se répande dans et par tout l’univers.

L’Église : corps du Christ

Car l’Église est bien le corps du Christ comme le dit Jésus dans l’Évangile choisi pour la dédicace de la Basilique du Latran. Lorsque nous malmenons l’Église, c’est le corps du Christ que nous malmenons. Pour autant, ne nous méprenons pas. Si l’Église est ce lieu ouvert et là où la charité du Christ nous saisit, alors il est de notre devoir de désirer la voir grandir. Cette exigence pour l’Église est, en fait, un appel à la conversion pour nous-mêmes.

Changer l’Église ?

Parfois, nous aimerions changer l’Église, par amour pour elle, par un appel que nous pensons venir du Seigneur. Désirer agir ainsi, c’est prendre la suite de grands saints. Dans le film Le Pouvoir et les Larmes, une personne envoyée par le pape demande à Ignace comment le pape pourrait changer l’Église. Ignace répond « que le pape se change lui-même, sa maison et Rome s’il le peut ». Cette réponse du fondateur de la Compagnie de Jésus nous fait saisir que la transformation du monde passe par notre propre transformation.

Se laisser convertir

C’est donc par une suite de petits pas, de conversions intérieures, de grâces demandées et accueillies que nous arriverons à faire de la maison de Dieu une maison de prière, ouverte à chacune et chacun. Nous savons aussi que c’est une œuvre commune, communautaire. Si chacun de nous a le souci de la croissance de l’Église, de sa croissance spirituelle et personnelle, alors c’est possible. Aussi, si nous croyons que l’Église est bien le corps du Christ,confié au peuple de Dieu, nous savons qu’Il nous aidera à en prendre soin.

Ne pas se laisser enfermer

Être attentif au bien de l’Église, au bien du corps du Christ, c’est aussi être attentif à nous-mêmes, à ne pas nous laisser enfermer et devenir des « chrétiens de sacristie », enfermés dans des rites et des règles qui nuisent à la liberté et au corps que nous formons. Sachons faire preuve de discernement dans notre amour de l’Église. Comme Jésus qui prend des cordes pour fouetter les étals des marchands du Temple, nous pouvons sortir de nos zones de confort pour oser une parole forte, une intime conviction pour retrouver le chemin de Dieu au cœur du monde. Il y a des marchands du Temple aujourd’hui encore et nous aussi nous pouvons – parfois – l’être.

Vigilance et discernement

Alors, pour exercer avec vigilance ce discernement, souvenons-nous que la pierre de fondation de l’Église, c’est le Christ. C’est donc dans un lien intime et sans cesse renouvelé avec Lui que nous pourrons être les plus utiles à la croissance et à la construction de l’Église du Christ. C’est là non pas un désir de notre part mais vraiment notre participation concrète à notre vocation baptismale. Par notre baptême, nous avons reçu la mission d’être porteurs de l’Amour de Dieu pour nos frères et sœurs. Cette vocation est exigeante et nous dépasse. Pourtant, nous devons tout mettre en œuvre, aidés de la grâce de Dieu, pour en être des acteurs exigeants habités de la miséricorde du Père.

Pierres vivants de l’Église

Il ne s’agit pas d’un quelconque héroïsme ou d’une recherche d’une perfection, ce serait se tromper d’objectifs. Ce qui importe, c’est de porter son regard sur le Christ, pierre vivante de son Église, et de se laisser rejoindre par l’appel à le rejoindre en tout temps et en tout lieu.

Demandons donc la grâce, en ce jour de dédicace de la Basilique du Latran, d’être renouvelés dans notre amour de l’Église et de prendre pleinement notre part à sa construction. C’est ainsi que nous pourrons être davantage fidèles à notre baptême.