Dernière modification 8 heures by Chrétien en ce temps
Après la fête de la sainte Trinité de dimanche dernier, nous célébrons ce dimanche la fête du Corps et du Sang du Christ. Cette fête est celle du don de la vie de Dieu à toute l’humanité. Lors de la dernière Cène, Jésus se livre pleinement et ne retient rien de sa divinité. Au contraire, il nous invite à en vivre, à partager cette vie donnée en nous donnant à notre tour.
Corps et Sang du Christ : le don total pour une vie en abondance
Par ce geste de nous donner son Corps et son Sang, le Christ veut nous faire saisir que nous ne devons rien garder pour nous en cette vie. Si nous voulons la vivre selon ses promesses, c’est-à-dire selon son désir de nous voir avoir une vie en abondance, il faut redoubler de générosité.
Apprends-nous à être généreux
Cette générosité n’est pas d’abord matérielle. C’est celle du cœur, de ce que nous avons de plus profond en nous et qu’il est nécessaire de partager largement. Cette générosité de l’être, c’est ce que Jésus a voulu nous montrer tout au long de son ministère. Il a partagé le Père et l’Esprit aux hommes et aux femmes de son temps, en se faisant parole du Père dans la communion de l’Esprit Saint.
Corps et sang du Christ : l’actualisation du sacrifice du Christ
Pour que nous poursuivions cette œuvre de sanctification, il nous a laissé le mémorial de sa vie qui est son corps et son sang. Dieu, en Jésus, s’est livré pour nous afin que nous aussi, nous puissions entrer dans ce mouvement de dépossession de ce que nous sommes.
Un appel à la conversion
Célébrer le Corps et le Sang du Christ, c’est accepter de comprendre que nous sommes invités à une simplicité dans notre vie. C’est là bien plus une question d’attitude, d’état d’esprit. Si nous nous laissons saisir par l’Eucharistie, par la vie du Christ qui ne cesse de nous être donnée dans son corps et son sang, notre vie ne peut pas ne pas en être transformée.
Vers la clarté de l’amour de Dieu
Cette transformation n’est pas immédiate car elle appelle de notre part la prise de conscience de notre besoin de nous rapprocher davantage du Christ. C’est ce que les disciples de Jésus apprennent à son contact. Il les enseigne, il les guide et les accompagne vers la clarté de son amour, de sa présence.
La multiplication des pains et la fête du corps et du sang
L’épisode de la multiplication des pains proposé à notre méditation ce dimanche est un bel exemple de la pédagogie divine. Les disciples reviennent de mission et ont besoin de parler à Jésus, tranquillement, dans un endroit familier. Mais voilà que les foules veulent voir Jésus. Elles veulent entendre sa parole. Une parole qui guérit les maux du corps mais aussi, sans nul doute, ceux de l’âme.
Avoir faim de Jésus
Certains voient en Jésus un thaumaturge qui fait du bien, d’autres – comme les disciples – le messie, le fils de Dieu. Pour autant, cette foule qui est là alors que le soir tombe, il faut bien la nourrir. Cette indication temporelle peut nous faire saisir que le Seigneur se révèle toujours dans la discrétion. Il se laisse accueillir alors que le soir tombe, que la luminosité décline, comme pour nous inviter à regarder de manière plus attentive pour discerner sa présence.
Dieu compte sur nous
Ainsi, Dieu ne s’impose pas mais s’accueille et se reçoit. Un peu comme le miracle de l’Évangile de ce dimanche. Jésus ne le fait pas tout de suite comme s’il voulait s’imposer et montrer combien il est puissant. Il interroge ses disciples. Comme aujourd’hui encore il nous interroge pour que nous puissions d’abord agir par nos propres forces, nos propres capacités.
Devenir pleinement coopérateurs de l’Amour de Dieu
Dieu compte d’abord sur notre inventivité, notre capacité à innover et aussi notre capacité à avoir recours à sa grâce. Avec Lui, nous sommes toujours dans le registre du « si tu veux ». Il nous montre le chemin, à nous de choisir – ou non – de l’emprunter.
Servir Dieu à partir de ce que j’ai et de ce que je suis
Lorsque nous choisissons de prendre cette route avec Jésus, nous devenons des « coopérateurs de Dieu » comme nous le dit Paul (2 Co 6, 1). Comme les disciples de l’Évangile de ce dimanche qui donnent à cette foule la nourriture multipliée par le Père à la demande de Jésus à partir de leurs uniques biens. Ainsi, Dieu multiplie en nous ce qu’il nous a déjà donné. C’est pour cela qu’il faut lui faire confiance dans l’espérance que son Amour nous conduit toujours vers des horizons de croissance pour nous et pour ceux que nous rencontrons.
Le corps et le sang du Christ : offrande de nos vies
Ainsi, le Corps et le Sang du Christ n’est pas quelque chose de magique. C’est l’actualisation du chemin du Christ en ce monde et en ce temps. La célébration de l’Eucharistie est rendue possible parce que nous offrons nos vies au Christ. Lorsque nous venons à la messe, nous amenons dans cet admirable échange tout ce que nous sommes, tout ce que nous vivons, toute notre vie.
L’Écriture : bonne nouvelle pour nos vies
La Parole que Dieu nous adresse vient prendre racine dans notre vie pour que nous prenions racine dans la vie de Dieu. Lorsque Jésus nous propose de goûter à sa vie éternelle, à son corps et à son sang, ce n’est pas de manière anthropophagique mais pour communier réellement à sa divinité. Ainsi, nous entrons de manière plus intime dans la proximité de Dieu.
Communier c’est se laisser accueillir par le Christ
Cette communion nous donne de pouvoir « avoir en nous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2, 5). Cette intimité avec Dieu que nous donne cette communion au corps et au sang du Christ nous fait devenir le proche de chacun comme le Christ s’est fait proche de nous.
Appelés à devenir un peuple ardent à faire le bien
Ainsi, nous devenons davantage proches de Dieu mais aussi – et surtout – appelés à devenir « un peuple ardent à faire le bien » (Tt 2, 14). Faire le bien, c’est annoncer la Bonne Nouvelle du fol amour de Dieu aux femmes et aux hommes de ce temps. C’est aller aux carrefours du monde pour être témoin de la joie de connaître le Christ.
Servir ce monde
Ce témoignage n’est pas autre chose que de servir ce monde et ceux qui l’habitent. Cela nous rappelle le récit du lavement des pieds, que nous écoutons lors du Jeudi saint, pendant lequel nous faisons mémoire de la dernière Cène du Christ avec ses apôtres. Ainsi, il ne peut pas y avoir d’Eucharistie sans lavement des pieds.
Distribuons le pain de la Bonne Nouvelle
Nous le comprenons aisément à la lecture de l’Évangile de ce dimanche. Les disciples sont les serviteurs du maître là encore. Ce sont eux qui distribuent les merveilles, les bienfaits de Dieu. Ainsi, Dieu nous charge véritablement de distribuer le pain de sa Bonne Nouvelle aux femmes et aux hommes désireux de l’accueillir.
Peut-être que cette strophe d’un chant du jésuite Didier Rimaud pourra nous aider dans cet appel à devenir davantage serviteurs de la mission du Christ : « Va témoigner de l’espérance, en recherchant partout la paix : deviens le signe de l’Alliance et du bonheur que Dieu promet. »