Dernière modification 13 heures by Chrétien en ce temps
Ce 14 septembre 2025, nous célébrons la Croix glorieuse. Comment pouvons-nous fêter un tel objet ? En effet, la croix est un instrument de souffrance, d’humiliation et de mort. Ce sont là 3 choses qui sont à l’exact opposé du cœur de notre foi. Pourtant, le signe de la croix est aussi au cœur de cette même foi. Dans la liturgie, lorsque nous prions, nous traçons sur notre corps le signe de la croix. Nous nous souvenons alors que cet instrument de supplice est pour nous un instrument de salut.
La croix, source d’espérance
L’ignominie des ennemis de Jésus le conduit sur cette croix. Elle est pour nous le rappel de la passion et de la mort du Christ. Mais nous savons que cela ne s’arrête pas là. Que la croix, la mort, la souffrance n’ont et n’auront jamais le dernier mot. Notre vie est traversée par la croix, souvenons-nous de l’Évangile de dimanche dernier. Mais notre foi, notre confiance en Dieu nous assure qu’il est avec nous dans nos traversées du désert. Ce passage du prophète Ésaïe illustre très bien l’appui que nous fournit le Christ : « C’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié. »
Le venin de la récrimination
Pourtant, il nous arrive de récriminer contre Dieu, comme les Hébreux dans le texte de la première lecture. Aujourd’hui, si nous récriminons contre Dieu, des serpents mortels ne vont pas apparaître sous nos pas et nous faire mourir. Pour autant, à force de récriminer contre Dieu et les hommes, nous ne voyons plus ce qu’il y a de beau, d’agréable et d’appréciable en notre monde. C’est un autre venin que nous faisons couler dans nos veines et qui nous entraîne à la désespérance. Mais récriminer ne signifie pas porter sa plainte, sa colère, sa désespérance devant Dieu. Récriminer contre Dieu peut s’apparenter à désirer prendre la place de Dieu, à vouloir être Dieu à la place de Dieu.
Des récriminations à la participation
Nous avons le droit d’être insatisfaits, de ne pas comprendre et de vouloir améliorer les choses. Mais pour cela, ne soyons pas des « chrétiens de canapé » pour reprendre une formule du pape François. Ne faisons pas porter la croix de l’action par d’autres mais engageons-nous en ce monde et en ce temps pour changer le monde. Ainsi, nous deviendrons participants de la mission et serviteurs de la mission du Christ.
Avec la croix, prendre le monde à cœur
S’engager, prendre le monde à cœur, c’est suivre le Christ humble et pauvre. C’est une mission passionnante, difficile et exigeante. Elle réclame de nous du courage, de l’espérance et de tenir bon. C’est pour cela que nous pouvons porter notre regard sur le Christ en croix et nous remémorer les outrages, les blâmes, la souffrance… qu’il a subis dans sa mission. Devenir serviteur de la mission du Christ, c’est participer au mystère de la croix, mais une croix glorieuse puisqu’elle débouche sur la victoire de l’espérance. Mais il faut tout de même passer par la croix.
Soyons des intercesseurs les uns pour les autres
Lorsque nous rencontrons nos frères et sœurs en humanité frappés par la souffrance, n’oublions pas d’être des porteurs de cette croix glorieuse. Comme Moïse dans la première lecture, nous pouvons intercéder les uns pour les autres, même pour ceux qui récriminent. Dieu saura bien écouter notre prière. Il nous donnera cette « manne » qui nous fera tenir dans le désert. Ce n’est certes pas ces viandes savoureuses ou autres plats succulents dont nous pourrions rêver, mais c’est ce qui nous est nécessaire pour continuer la route.
Prendre la route de l’humilité
Pour suivre le Christ, il nous faut aussi cheminer dans l’humilité – qui n’est pas l’humiliation. C’est apprendre ce qui nous est nécessaire, ce qui nous fait vivre davantage. Bien sûr, il y aura des renoncements, nous ne pouvons pas tout faire pour des questions de talents, mais nous pouvons toujours servir là où nous sommes. L’humilité, c’est accepter de prendre sa croix à la suite de la croix glorieuse et avancer dans la confiance. Il s’agit d’accepter de devenir compagnon de Jésus, c’est-à-dire entrer dans l’écoute de la volonté de Dieu pour nous.
Méditons devant la croix
Marcher dans cette voie c’est élever notre regard vers la croix du Christ. Nous pouvons alors nous interroger, à la suite d’Ignace de Loyola, sur le chemin qui a conduit le Christ à se faire homme par amour pour nous. Aussi, prenons le temps de sentir et de goûter la réponse que le Christ nous fera dans notre méditation. Nous pouvons aussi alors nous demander ce que nous faisons pour Lui ? Devant un tel acte d’humilité, un tel amour qui l’a conduit à donner sa vie pour nous, comment pouvons-nous, à notre tour, « rendre amour pour amour ».
Offrir nos vies
Ainsi, la croix nous conduit à célébrer la Gloire de Dieu et nous engage à lui offrir chaque jour ce que nous sommes et ce que nous faisons. Célébrer la Croix Glorieuse, ce n’est pas vanter l’instrument du supplice, mais l’occasion de nous souvenir que par la Croix, Dieu se donne à nous. Nous sommes ainsi invités à nous offrir à lui pour témoigner que Dieu est vraiment à l’œuvre en cet âge.
Se laisser entraîner par l’amour du Christ
Lorsque nous contemplons le Christ en Croix, nous pouvons nous laisser aussi entraîner à abandonner au Christ tout ce qui peut nous entraver pour marcher à sa suite. Allégés de ce fardeau, nous serons alors plus libres pour aimer et servir ce monde tel qu’il est. Cette croix qui se dresse sur notre route nous aide à ne pas rêver ce monde. Jésus n’a pas rêvé le monde dans lequel il a vécu. Il a cheminé parmi les siens, homme au milieu des hommes, pour dire au monde les merveilles de Dieu. C’est bien au cœur du monde, au cœur de ce temps que nous devons annoncer la justice et le règne de Dieu. Ainsi, nous pourrons contribuer à ce que l’Amour de Dieu fleurisse en plein monde, malgré fatigues et contradictions.
Allons enflammer le monde
Célébrer la Croix Glorieuse, c’est peut-être aussi demander que ce bois de la croix vienne enflammer le monde de l’amour de Dieu. Ainsi, nous pourrons réchauffer, au nom de Jésus, le cœur de nos frères et sœurs habités par la détresse, le doute, la tristesse. Demandons donc la grâce pour cette semaine d’avoir à l’égard de nos frères et sœurs en humanité les mêmes sentiments que le Christ Jésus. Sa croix que nous célébrons doit aussi nous permettre de nous enraciner dans ce fol amour pour chacun de nous et pour le monde entier.