Dernière modification 15 heures by Chrétien en ce temps
L’actualité de l’Église et l‘Évangile de ce 3e dimanche de Pâques se rejoignent. Mercredi 7 mai, les cardinaux entrent en conclave pour élire le nouveau pape, successeur de Pierre. Notre mission de baptisés, de fils et filles de l’Église, est de prier le Seigneur pour qu’il nous donne un pasteur qui siée au cœur de Jésus.
Pierre : serviteur du Christ et de l’Église
Lorsque nous contemplons la figure de Pierre, au fil des Évangiles, nous voyons sa fragilité, sa difficulté à comprendre, plutôt qu’une figure de dirigeant enveloppé de suffisance et d’immanence. Cette figure évangélique du Prince des apôtres, nous l’avons aussi contemplée lors du Jeudi saint. Nous pouvons nous laisser rejoindre par cette maladresse de Pierre dans notre prière pour l’Église.
Se laisser aimer par le Christ
Jésus l’a choisi pour prendre sa suite, non pour ses capacités managériales. Mais parce qu’il s’est laissé aimer et rejoindre au cœur de ses blessures et fragilités. Il est celui qui s’est laissé saisir par le Christ. C’est cette capacité-là que les cardinaux doivent rechercher pour élire celui qui aura la lourde tâche de conduire l’Église catholique.
Baptisé avant tout
Toutefois, cette manière d’être, cet attachement à la puissance de la miséricorde du Christ n’est pas que l’apanage du pape. Certes, il est l’évêque de Rome, mais il est surtout un baptisé. Ainsi, avec lui, nous partageons ce même sacrement qui nous lie intimement au Christ et nous invite à le suivre de plus près. Il s’agit bien de chercher à vivre, d’une manière qui nous est propre, l’Évangile en plein monde.
L’Église : peuple de Dieu
D’ailleurs, les funérailles de François nous ont aidés à comprendre que l’Église était bien ce peuple de Dieu rassemblé. De la place Saint-Pierre aux rues de Rome, le peuple était là pour accueillir vers Sainte-Marie-Majeure un des leurs. Le pape est un fils de Dieu et, tout pape qu’il est, n’est pas la présence de Dieu sur terre ; pas plus que l’un de nous ne l’est.
Le Christ et la vocation de Pierre
Ce que l’Évangile de ce 3e dimanche de Pâques souligne aussi, c’est que Pierre n’est pas isolé. Plusieurs disciples sont à ses côtés, ils ont tous repris leur métier de pêcheur, ce qu’ils savaient faire de mieux. C’est aussi le lieu de leur premier appel, un lieu source. Cela peut aussi avoir un sens pour nous.
Retrouver la source
Lorsque nous sommes dans le doute, le questionnement, la fatigue… Lorsque nous ressentons comme l’absence de Dieu, ou lorsque nous nous sentons quelque peu perdus, quels sont les lieux intérieurs ou même extérieurs où nous nous sentons en paix, dans notre élément ? C’est important de repérer les lieux sources, les lieux ressources pour pouvoir retrouver le Seigneur et prendre le temps de le découvrir de nouveau. Souvent, le Seigneur se révèle plus facilement à notre esprit dans ces lieux familiers.
Trouver le Christ
Soyons vraiment attentifs à ce qu’ils nous disent de Sa présence, de Sa paix. Peut-être alors, comme Pierre, nous verrons le Seigneur s’approcher de nous et nous demander de jeter nos filets. Ce qui importe, c’est de se laisser rejoindre par l’invitation du Seigneur, de lui faire confiance, même – et surtout – lorsque nous doutons. La foi n’est pas une question de certitude, mais c’est une invitation à marcher à la suite du Christ.
Amis et compagnons du Christ
Souvenons-nous qu’il est notre ami, qu’il veut nous conduire au large de nos sécurités pour que nous mettions notre confiance en lui et non en nous. C’est une invitation à nous dessaisir de nos sécurités pour entrer dans le projet de Dieu et lui faire confiance. Pour autant, cela ne nous dédouane pas d’entrer dans un discernement. C’est-à-dire que, sans oublier que c’est le Seigneur qui guide la barque, il nous faut tout de même hisser nos voiles pour que le vent souffle. Tout ce que nous sommes, toute notre histoire, nos fragilités sont à mettre au cœur de notre désir de servir les femmes et les hommes de ce temps au nom de Dieu.
L’alliance du temporel et du spirituel
Ainsi, le spirituel et le temporel ne sont pas deux réalités distinctes. Elles sont en dialogue et concourent à notre unité. Tout ce que nous sommes, tout ce que nous faisons sont une manière de témoigner de la vie que Dieu met entre nos mains. Cette vie, nous avons à la conduire vers un « davantage », pour déployer la force de Dieu en plein monde.
Chercher le « davantage » de notre vie
Ce « davantage » n’est pas de l’ordre d’une force à imposer afin de devenir majoritaire et d’écraser les autres. Il s’agit de déployer notre capacité, notre ingéniosité, notre désir et de laisser l’Esprit de Dieu agir. Cela demande une fois encore de la confiance en Dieu, mais aussi de nous mettre pleinement à l’action.
Croire et agir
C’est vivre cette maxime du jésuite hongrois Gábor Hevenesi, faussement attribuée à Ignace de Loyola : « Crois en Dieu comme si tout le cours des choses dépendait de toi, en rien de Dieu. Cependant, mets tout en œuvre en elles, comme si rien ne devait être fait par toi, et tout par Dieu seul. » C’est bien à une contemplation dans l’action que nous sommes invités à communier au cœur de nos jours.
Des pécheurs-pêcheurs
Tel Pierre qui, pêcheur de poissons en Galilée, est devenu pêcheur d’hommes selon la volonté de Dieu. Il a été capable d’exercer sa mission, son ministère de consolider ses frères et sœurs dans la foi parce qu’il était attaché au Christ. Celui-là même qui l’a rejoint dans son quotidien de pêcheur, qui s’est révélé sur la route aux marcheurs, aux pèlerins d’Emmaüs et sur le bord du lac à ces pêcheurs ordinaires, à des pécheurs-pêcheurs en Galilée.
L’importance du partage du « pain quotidien »
Ainsi, ce qui importe, ce n’est pas notre péché, mais de se laisser appeler et rejoindre par le Christ là où nous sommes. Nous avons parfois besoin d’un compagnon de Jésus pour nous laisser guider vers Lui. Quelqu’un qui nous aide à discerner, à ouvrir nos yeux et nos oreilles pour nous faire entendre ce « c’est le Seigneur » prononcé par Jean ce dimanche. Aussi, nous pourrons découvrir le visage du Christ dans cet autre avec lequel nous partageons le « pain quotidien » de nos journées, et devenir davantage des compagnons de Jésus.
Alors, en ces temps où nous prions pour l’Église et celui qui deviendra le 266e successeur de saint Pierre, demandons à l’Esprit saint de nous faire avancer vers davantage de simplicité. Qu’il nous conduise aux carrefours du monde pour devenir témoin de la joie de le connaître et de le servir.