A quelques jours de la fête de l’Assomption, le 15 août, je reviens pour les chrétiens de gauche sur la » Prière pour la France » proposée par André Cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris à ses frères dans l’épiscopat.
Beaucoup d’avis ont été postés sur le net à ce propos, souvent de façon caricaturale ou polémique. Il est difficile de se contenter d’une telle position ; les évêques ne cherchent pas à faire de cette prière un sujet politique mais à aider les catholiques à unir leur prière devant tant d’enjeux cruciaux pour l’avenir de notre société et de notre pays.
Ce sont quatre intentions de prière que propose le cardinal Vingt-Trois. Elles sont assez classiques dans les thèmes abordés et ressemblent à celles prononcées chaque dimanche. Soulignons que la première d’entre elles concerne tous ceux que la crise touche. Le devenir des hommes et des femmes de ce temps est aussi le souci de l’Eglise, et donc des évêques. Certains ont, à plusieurs reprises, exprimé leur préoccupation à cet égard. L’Eglise, par ses évêques, est pleinement dans son rôle lorsqu’elle défend la solidarité et la justice.
Certes, elle n’a pas de légitimité « démocratique » comme le dit le Secrétaire national du Parti radical de gauche en charge de la laïcité, Pascal-Eric Lalmy. Mais l’Eglise est porteuse des paroles de l’Evangile où Dieu se révèle comme l’ami des pauvres et des petits, alors comment pourrait-elle ignorer ceux qui sont les victimes d’une économie davantage tournée vers le profit que vers le service de l’homme ?
Ensuite, c’est la vocation de l’Eglise, peuple de Dieu, de prier. Alors pourquoi lui reprocher ce qui est dans sa nature ? C’est donc un faux procès qui est fait ici par le PRG. L’Eglise n’est pas et n’a pas à être le bouc-émissaire d’une laïcité mal comprise.
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Ma confiance à François Hollande
L’État doit rester le garant de la cohésion nationale et de l’ordre public social mais il n’a rien à redouter de laisser une plus grande place aux partenaires dans la définition et l’élaboration des normes sociales
François Hollande dans Le Monde du 14.06.2011
Dans un billet précédent, je réaffirmai ma conviction de centriste, tendance Démocrate-Sociale. Je ne regrette pas ces lignes et je n’ai pas l’intention de revenir sur ces motivations profondes qui ont fondé et continuent de fonder mon engagement. Ce qui a changé, en revanche, c’est le lieu où elles peuvent se déployer et se vivre d’une manière cohérente avec ce que j’attends d’un projet politique de gouvernement.
Comme beaucoup, j’ai quitté de MoDem récemment. Les raisons sont nombreuses mais les principales sont que je ne me retrouve plus dans cette autosuffisance, cette auto-assurance d’un parti qui devenait plus personnel que personnaliste. Ce que son leader reproche quant à l’exercice autocrate du pouvoir au locataire de Élysée est l’identique dans le gouvernement du Parti. J’avoue avoir toujours du mal avec l’idolâtrie….
Dans les prochains mois se déroulera l’élection présidentielle. Cela déterminera, selon l’édile choisi, une manière spécifique de mener la politique de la Nation. Il est clair, au vu des convictions énoncées, que le président de la République actuel, sauf – et encore – réplique de 2002, n’aura pas ma voix. Le(s) centre(s) élimé(s), il me reste donc à regarder juste sur ma gauche. Les primaires en vue de la désignation du candidat de gauche à ladite élection permettent de faire un véritable choix et ce malgré l’élimination de Dominique Strauss-Kahn.
Mon choix se porte sur François Hollande. A mon sens il a le plus la stature ; la sagesse et le recul suffisant pour exercer la fonction de président de la République. Ses engagements dans la campagne des primaires sont réalistes et raisonnables. Il ne se laisse pas aller à la surenchère des propositions et ne semble pas s’enorgueillir des sondages qui lui sont favorables. La modestie et la pugnacité ne sont pas antithétiques. Il faut de la volonté, de la détermination sans oublier un projet capable de tenir la route pour désirer devenir le locataire, pour au moins 5 ans, du Palais de Élysée.
Ce qui est marquant chez François Hollande c’est la clarté de sa pensée et de ses objectifs. Ses prises de paroles sont plus souvent dans la construction, dans l’annonce d’une conviction, d’un plan à mettre en place en cas de victoire plutôt que dans la dénonciation et la critique de ses opposants ou/et concurrents. Notre pays a besoin de se réconcilier avec le politique. Il me semble qu’il est plus que temps de dire les choses et de mettre les Français devant leurs responsabilités au lieu de leur faire prendre des vessies pour des lanternes. François Hollande a ce courage, non sans humour ; il ose cette parole sincère. Même s’il a gouverné de PS durant de nombreuses années, il ne semble pas être devenu un apparatchik, un homme enfermé dans un système répétant sagement le savoir ingurgité durant toutes ces années. Ses propositions réalistes notamment dans le dialogue avec les partenaires sociaux au travers celle de « démocratie sociale » permettraient de donner une véritable place aux acteurs sociaux. C’est de cela dont notre pays à besoin, d’entrer en dialogue, de réfléchir ensemble, de partager les idées même et surtout celles qui différent, qui divergent. Cela François Hollande en fait le cœur de son projet politique pour 2012.
C’est une raison suffisante qui me fait croire en ses chances et m’invite à quitter ma famille politique originelle pour rejoindre François Hollande et faire tout ce qui m’est possible pour le porter à la magistrature suprême en 2012.
Aux morts !
La France, la nation rend hommage, ce mardi 19 juillet, aux soldats morts ces derniers jours en Afghanistan. C’est, bien sûr, une bien triste nouvelle que de savoir ces jeunes hommes tombés sous le feu des bombes ou dans une embuscade. L’émotion a, sans doute, due être grande dans la cathédrale saint Louis des Invalides puis dans la cour des Invalides, lorsque le président de la République a prononcé l’éloge funèbre et lorsque les honneurs militaires ont été rendus. Le protocole a été respecté et les familles et les proches de ces jeunes, trop jeunes, militaires, n’en seront pas plus consolées pour autant. Cependant, il y a des rites qui aident et qui marquent une étape essentielle pour avancer dans ce travail de deuil, si difficile.
Ce charivari médiatique autour du décès de ces soldats m’inspirent quelques réflexions. Tout d’abord un agacement. Ces militaires appartenaient, sauf erreur de ma part, à des troupes d’élites préparées, comme tout bon militaire, à l’exercice de cette mission. Certes, ils ne partent pas pour mourir mais connaissent le risque lorsqu’ils se sont engagés. Cela n’empêche pas leurs proches de ressentir de la tristesse et de la douleur quant à la mort de ces soldats. Cependant, au lieu de faire dans la gnangnan et la polémique politicienne, il me semble préférable de revenir aux fondamentaux du métier des armes et de mettre en valeur le professionnalisme de nos soldats. Également, il est important de souligner que le risque zéro n’existe pas.
Ensuite, en écoutant certains médias qui sont pourtant, d’habitude, gages de qualité et de retenue, réaliser des interviews de parents de soldats mort dans des conditions similaires ; j’aimerai les appeler à plus de respect et de professionnalisme. Il est aisé de comprendre qu’il n’est pas à la joie et que ce n’est pas avec légèreté de cœur et allégresse qu’il va (re)vivre ces moments d’hommage de la nation. Je n’accuse personne, mais j’en appelle, modestement, à de la retenue devant la douleur de ces personnes. Nous ne sommes pas aux jeux du cirque et il n’y a point besoin de pathos. De plus, cela n’ajoute rien à l’information.
Devant le flux d’information concernant ces soldats défunts m’est revenu ce texte de Charles Péguy (1873-1914) :
Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.
Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.
Heureux ceux qui sont morts d’une mort solennelle.
Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,
Couchés dessus le sol, à la face de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut-lieu,
Parmi tout l’appareil des grandes funérailles.
Heureux ceux qui sont morts pour des cités charnelles,
Car elles sont le corps de la cité de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu
Et les pauvres honneurs des maisons charnelles.
Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première argile et la première terre.
Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre.
Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés.
Respectons donc la douleur, faisons silence pour respecter ces défunts mais n’en faisons pas trop. Chaque vie est unique et possède la même valeur que l’on soit « mort au front » à 20 ans ou isolé à plus de 90 ans, dans une maison de retraite. Les conditions et l’âge sont juste différents mais la tristesse et la douleur sont la même pour ceux qui reste et qui aiment ces personnes défuntes.