Aujourd’hui, le Président de la République, François Hollande, va rencontrer dans le cadre d’une visite privée le Chef de l’État du Vatican, le Pape François. Continuer la lecture de « François : n’oublie pas les pauvres »
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M. le Président Hollande n’oubliez pas les Pauvres !

Pendant que nous, nantis, débattons sur les réseaux sociaux de nos divergences d’opinions quant à l’élection de l’élection du prochain président de la République pour la France, d’autres, loin d’être nantis se demandent où ils vont dormir le 1er juin au matin. N’en déplaise à M. Sarkozy, la France qui se lève tôt comprend des hommes, des femmes qui dorment durant l’hiver dans des centres d’hébergement et qui le quittent la journée pour travailler et trouver un subside pour continuer à vivre aussi dignement que possible. Les travailleurs sociaux, les associations d’aide aux plus démunis ne font pas de l’assistanat, ne protègent pas des faignants ou des gens qui profitent du système – certes comme partout il y en a – mais se battent à leurs côtés pour que ces hommes et ces femmes, à la rue, du fait d’un accident de la vie, de la fuite d’un pays où ils sont en danger… retrouvent un chemin d’autonomie, de fierté, de croissance. Ce dernier leur permet de « sortir du tunnel, d’arriver vers la lumière par [leurs] propres moyens avec l’aide d’une personne (travailleur social) ». C’est pour eux de l’assistance et non de l’assistanat. Cela permet également d’acquérir, de nouveau, une « maturité, une sérénité qui permet de réintégrer la société qui [les] rejette » car dans ce centre, ils peuvent acquérir la « capacité de rebondir à la différence de la vie à la rue ».
J’ai la chance d’être né dans une famille, certes imparfaite, où je trouverai chaque jour que Dieu fait, en cas de problème, un toit et de quoi me nourrir et me chauffer en cas de gros pépin. Il en est de même pour beaucoup de ceux que je fréquente dans mes cercles familiers. Ce n’est pas la même chose pour ceux que mon métier m’amène à rencontrer aux côtés de la presse. Ces hommes et ces femmes sont dans l’angoisse du demain. Ces hommes et ces femmes se battent pour s’en sortir. Ces hommes et ces femmes ont réappris aux côtés des travailleurs sociaux ce que manger, se laver, se lever, dormir, aimer veut dire. Ces hommes et ses femmes aiment notre pays. Ces hommes et ces femmes ont un avis politique et pour certains l’expriment par le vote et le militantisme. Un des ces résidents est même venu faire recoller avec du ruban adhésif sa carte d’électeur abimée par des heurts de la vie. Ces hommes et ces femmes sont la fierté de la France car ils savent lui exprimer reconnaissance dans leur investissement constant pour s’en sortir sachant que leur parcours de vie ne facilite pas aisément cette démarche. Ces Hommes et ces Femmes sont pour certains d’anciens professeurs agrégés, économistes, animateur radio connus dans leur pays…Enfin, ces hommes et ces femmes sont autant aimables et dignes de respect que nos élites et autres caciques et nous invitent à ravaler notre suffisance.
Durant cette campagne électorale pour les présidentielles, j’ai assisté à trois débats avec des personnes en situation d’exclusion. Chacun de ces débats m’a impressionné et m’a permis de comprendre que les vrais héros de notre temps ce sont eux : l’armée des invisibles. Personne ne parle d’eux, aucun candidat – ou si peu – n’a évoqué leur avenir. Ces personnes ont conscience du regard que la société porte sur elles : « nous faisons peur, esthétiquement nous sommes laids à voir, mais notre société n’a qu’une alternative : soit elle nous intègre, soit elle nous exclut. L’exclusion coûte plus cher que l’inclusion ». Et pourtant, il y a urgence. Est-il admissible en 2012 que tant de personnes soient contraintes de craindre de dormir dehors, une fois l’hiver terminé. Dormir au chaud n’est pas une question de température ou de calendrier, c’est une question d’évidence, de dignité d’autant plus lorsque l’on est la patrie des droits de l’Homme…Ces personnes souhaitent véritablement « contribuer à l’épanouissement de ce pays et ont conscience que les uns ont besoin des autres. ».
Dans ces débats, j’ai entendu leur réaction sur la droitisation de la campagne, l’une des ces personnes à déclarer sa flamme à la France « Lorsque l’on a choisi la France, même si on n’a pas les papiers qui le disent, on est tous Français, on aime la France. Elle est notre patrie et c’est notre pays de cœur ». Les autres souscrivent à cette déclaration mais n’en restent pas là. Ils réfléchissent aussi à ce travail qui manque tant en France ; à la solution pour lutter contre le chômage : « le travail est une force qui doit être partagée il doit en être de même pour ce qui concerne les moyens de production. Voilà une des solutions pour bâtir la paix sociale ». Un autre angle qui les préoccupe, c’est l’éducation, l’instruction ; ce devrait-être une « priorité », « c’est la base ». Certains d’entre eux ont fait le tour du monde et témoignent non seulement de la performance du système français mais aussi du ridicule avec lequel tous les autres pays considèrent Nicolas Sarkozy depuis qu’il est à l’Elysée : « son image est très mauvaise ». Pour ces personnes en situation d’exclusion il leur paraît inacceptable que Celui qui est Président fasse tel « un charretier sur un champ de foire ». « C’est impensable, de même que son côté bling-bling. ».
Ensemble, ils ont regardé le débat entre Nicolas Sarkozy et François Hollande et regrettent que les questions d’hébergement et de pauvreté n’aient pas été abordées. C’était un moment fort, « une confrontation entre deux personnalités, dont une se débattait comme quelqu’un en train de se noyer ». Pour eux, c’était deux programmes qui s’opposaient : l’un matérialiste, l’autre humaniste. La directrice du Centre témoigne que lorsque le thème de l’immigration est venu dans le débat un silence a rempli la salle TV. Plus personne ne parlait, chacun écoutait avec retenue ce qui se débattait.
Cette campagne les a vivement intéressés car ils ont l’impression que c’est l’avenir d’un pays qui se joue. Ils sentent impliqués « intellectuellement et physiquement du fait qu’ils vivent ici. » Même s’ils ont compris – malgré eux – que les « personnes en détresse n’étaient pas la préoccupation des politiques ».
Monsieur le prochain Président de la République (qui je l’espère sera François Hollande), s’il vous plait, n’oubliez pas ces Hommes et ces Femmes qui comptent sur notre République, sur ceux qui sont les forces vives de la Nation pour pouvoir « sortir la tête haute » de ces structures d’hébergement qui ne sont que des passages. Ne faîtes pas des plus fragiles des passagers clandestins de notre société. Donnez-leur l’occasion de révéler à notre société que leur faiblesse peut se révéler une force, que leurs savoirs, leurs parcours de vie peuvent être éloquents pour nous car nous ne serions pas capables de vivre ce qu’ils vivent.
Paroles pour Parole
Pendant que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel revêtent leur tenue de sauveur de l’Euro et des banques, sans oublier de sauver la Grèce de la faillite (ce qui est tout de même une bonne nouvelle), les déclarations idiotes, iniques et ubuesques de certains ministres français demeurent. Il est vrai que la campagne pour 2012 s’est intensifiée, que le sortant sort du bois et que, celui que je soutiens, François Hollande, est en capacité de le remplacer. Cependant, une parole de l’Ecriture, entendue récemment, me semble être un point d’appui essentiel si nous voulons reprendre notre dignité et surtout, permettre à ceux que notre mépris ou tout simplement notre peur en prive, la retrouve.
A croire que nous sommes sans cesse dans cet effet de balancier qui vise à ce que tout ce qui peut être positif se transforme en négatif. C’est une des forces majeures de ce gouvernement : la course à la proposition la plus immensément démagogique sans aucun lien avec le bien-être des personnes. Mais, à bien y réfléchir, nos gouvernants ne vivent peut être pas dans le même monde que nous. Ils ne connaissent pas les fins de mois difficiles, ni la nécessité de payer des factures toujours plus fortes pour ceux qui ont des revenus de moins en moins élevés. J’en veux pour preuve la déclaration de M. Wauquiez (leader de la droite sociale – sic) de « réserver une partie des logements sociaux à ceux qui travaillent. ». Faut-il comprendre que pour ce ministre de la République, chargé de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, les personnes sans emploi le font, non seulement exprès, mais sont en plus des profiteurs qui ont un magot leur permettant d’avoir une résidence principale confortable à… Neuilly ? Ou bien encore dernièrement l’évocation par certains parlementaires de créer un nouveau de taux de TVA pour renflouer les caisses de l’Etat. Si j’en crois les informations entendues récemment ce serait sur des produits qui aujourd’hui sont à 5.5% comme les plats préparés. Comme par hasard, une fois encore ( ?) ce sont des produits souvent achetés par des personnes aux revenues modestes… Nous marchons vraiment sur la tête et il est vraiment temps que nous changions de méthode de gouvernement, de gouvernants et, plus largement de manière de considérer nos concitoyens. Le Général de Gaulle avait dit que les Français étaient des veaux… Alors faisons honneur à cette expression et saisissons-nous de notre instinct grégaire pour affirmer démocratiquement, en 2012, notre volonté de changement.
Il est de notoriété publique que je soutiens François Hollande. C’est un soutien raisonné car je crois qu’il est capable de battre Nicolas Sarkozy et de proposer un autre modèle aux Français. Pour autant, je ne crois pas aux miracles, ni aux belles déclarations. Je crois le candidat du PS lorsqu’il dit, dans son discours d’investiture, avoir entendu (et écouté j’espère) les souffrances des plus fragiles, de ceux qui travaillent et ne peuvent vivre que difficilement de ces revenus. Egalement, lorsqu’il manifeste sa confiance dans la capacité de mobilisation et de sursaut des Français. Mais, et il y a toujours un mais, s’il est élu, quelle sera sa capacité d’action, quelles marges de manœuvres aura-t-il dans une économie qui est de plus mondialisée où la finance a bien (trop) souvent plus de poids que le politique. Aura-t-il non pas la volonté mais cette désobéissante pugnacité de mener à bien son désir que « le rêve français », dont il est l’ardent défenseur, devienne réalité ? Ses quatre principes présentés lors de son investiture, comme candidat du PS, semble l’augurer et cette volonté de vérité, transparence, volonté et justice me permette de le croire. Alors, avec François Hollande partons à l’assaut et tâchons de permettre à cette espérance qu’il promeut de devenir réalité.
Toutefois et conscient de l’impératif de séparation des pouvoirs entre le spirituel et le temporel et celui de non confusion des champs d’investissement, je ne peux m’empêcher de penser que l’Ecriture peut être utile dans un discernement chrétien en vue de l’action politique. Un passage de l’écriture me reste ancré dans le cœur depuis la fin de la semaine dernière. Il s’agit d’une lecture tirée du livre de l’Exode (22, 20-26) :
Quand Moïse transmettait au peuple les lois du Seigneur, il disait : « Tu ne maltraiteras point l’immigré qui réside chez toi, tu ne l’opprimeras point, car vous étiez vous-mêmes des immigrés en Égypte. Vous n’accablerez pas la veuve et l’orphelin. Si tu les accables et qu’ils crient vers moi, j’écouterai leur cri. Ma colère s’enflammera et je vous ferai périr par l’épée : vos femmes deviendront veuves, et vos fils, orphelins.
Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple, à un pauvre parmi tes frères, tu n’agiras pas envers lui comme un usurier : tu ne lui imposeras pas d’intérêts. Si tu prends en gage le manteau de ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du soleil. C’est tout ce qu’il a pour se couvrir ; c’est le manteau dont il s’enveloppe, la seule couverture qu’il ait pour dormir. S’il crie vers moi, je l’écouterai, car moi, je suis compatissant ! »
C’est en quelque sorte la profession de foi de Dieu. Dans ce texte, Dieu fait saisir à son peuple qu’il ne le laissera maltraiter le plus démuni, celui qui est immigré, affamé, transit de froid. Ce texte n’est pas non plus angélique mais juste ; il met au centre de l’action l’homme. Au delà de toute dette ce qui doit être préservé c’est l’intégrité de l’homme, ne pas l’accabler ni lui faire rendre gorge parce qu’il doit quelques subsides. Cette attitude de respect à l’égard du prochain et surtout du « blessé de la vie » devrait nous faire réfléchir bien au-delà de la sphère ecclésiale et de la prédication domicile plus ou moins bien réussie. Il s’agit d’un enjeu d’humanité : celui de considérer l’autre de la même manière que j’aimerai être considéré par lui. C’est un présupposé chrétien mais surtout un présupposé humain.
Peut être que nos édiles et surtout ceux qui aspirent à la magistrature suprême devraient lire et relire ce texte le matin en se rasant. Ils y trouveraient, sans aucun doute, de quoi nourrir leur action politique et démocratique. Mais, la condition à la fois ultime et première est que ces mots aient véritablement un sens pour eux.