Chemin d’Avent


Propos d'un chrétien engagé / lundi, décembre 20th, 2010
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La liturgie a toujours été pour moi une discipline à laquelle j’attache une grande liberté d’application. Pourtant, je dois reconnaître que, parfois, même souvent, dans les temps liturgiques spécifiques, les rédacteurs des ces textes ont sans doute été bien inspirés.  Au cours du temps de l’Avent nous avons été comblés par la beauté et le sens des prières d’ouverture.  Sensible à ces dernières, je vous en partage le sens qu’elles prennent pour moi comme témoin de la joyeuse espérance qu’est la fête de Noël.
Dans l’oraison du premier dimanche de l’Avent, il est demandé au Seigneur de nous aider à aller avec courage sur les chemins de la justice à la rencontre du Seigneur. Cette première collecte suffirait à la méditation enracinée dans l’action pour une vie entière. N’est-ce pas cela être disciple du Seigneur combattre l’injustice en se mettant à la suite du Christ, à l’écoute de ce que l’Esprit nous révèle de la volonté du Père, dans la fidélité aux plus fragiles. Pour moi, cette prière nous oriente déjà vers la crèche et par là vers l’Evangile tout entier.  Il ne s’agit pas d’une volonté pieusement volontariste mais d’oser prendre ce chemin, d’oser nous mettre en route, de nous laisser déplacer en visant l’essentiel : « la rencontre du Seigneur ». Où le rencontrons-nous si ce n’est dans celui qui est bafoué, humilié, ignoré. Dans celui que l’on n’ose même pas regarder car il me dérange. Et si nous acceptions d’être dérangés dans notre tranquillité ? Et si nous prenions au sérieux cette prière et laissions le Seigneur habiter nos comportements et les diriger vers le cœur d’une vie de chrétien : la marche vers son Dieu en rencontrant ses frères. Peut-être que ce parcours permettra d’amorcer une démarche de conversion dont nous avons tous besoin pour vivre dans la fidélité au nom de Dieu et faire sa volonté.
L’oraison du deuxième dimanche de l’Avent revient sur notre faiblesse, notre manque de constance et nous fait demander au Seigneur : «  ne laisse pas le souci de nos tâches présentes entraver notre marche à la rencontre de ton Fils; mais éveille en nous cette intelligence du cœur qui nous prépare à l’accueillir et nous fait entrer dans sa propre vie. » C’est bien là que la bas blesse ; notre quotidien. Nos agendas sont si chargés, nos vies si occupées par nos multiples tâches et activités que nous risquons d’oublier ce qui nous fait être et ainsi naître à la Vie, Dieu. Il est ici encore question de marche vers la rencontre.  C’est le signe que nous avons là aussi à prendre, à continuer cette marche à la suite du Christ. Ce n’est une suite docile et servile dans laquelle il nous est demandé d’entrer mais dans un consentement libre, comme pour élargir l’espace de notre tente. Souvent, Dieu a plutôt la dernière place, comme à l’auberge de l’Evangile alors qu’Il devrait avoir la première ; notre première pensée le matin devrait-être pour l’une ou l’autre des trois personnes divines, ou les trois, afin d’orienter notre jour vers eux et leur confier. Avouons que nous sommes plus enclins à penser filer sous la douche ou à chercher nos vêtements qu’à élever notre âme et notre être vers l’Eternel Seigneur de toutes choses. En prendre conscience, c’est déjà entrer dans un chemin de conversion; c’est cela qui est bien avec notre Dieu c’est qu’il ne nous enferme pas dans nos manques, nos découragements voire même nos lâchetés mais nous invite, jour après jour, à reprendre notre marche vers la rencontre, vers tous ces hommes, ces femmes qui sont images de son Fils et qui ont soif et faim d’une Bonne Nouvelle s’incarnant dans leur quotidien.
L’oraison du troisième dimanche de l’Avent, habituellement nommé celui du « Gaudate » (joie en latin) nous prépare plus spécifiquement à la fête de Noël.  L’oraison n’a pas la même dynamique que les précédentes, c’est un peu comme si cette marche voyait le but à atteindre.  Il nous faut recueillir les deux tensions des dimanches précédents pour pouvoir véritablement goûter à cette joie de Noël qui nous est promise. L’oraison nous conduit à ressaisir l’essence même de Noël : « un si grand mystère ». Dans cette marche, qui continue, nous sommes véritablement invités à préparer, dans nos cœurs mais aussi dans nos vies, un espace unique pour accueillir la joie de Dieu ; le salut de tout les Hommes. Par cette préparation ce n’est pas seulement un enfant, même s’il est le Fils de Dieu, ce qui en soit est déjà un beau mystère, mais, en cette enfant, en ce Fils de Dieu c’est LE SAUVEUR de tous les hommes. Voilà une raison nécessaire et suffisante pour se laisser creuser en nous l’espace pour saisir cette joie ineffable. Cette joie, nous dit l’oraison, ne doit pas être laissée en jachère, comme si l’évidence de Noël était inéluctable. Il nous est demandé de ne pas nous habituer à cet inédit, à cet événement unique dans la vie du Monde. C’est pourquoi, nous devons demander à Dieu d’inonder notre cœur de sa grâce pour saisir l’actualité de cette nativité. A Noël, la joie de Dieu vient prendre corps mais afin que ce soit chaque jour Noël. L’événement a eu lieu une seule fois dans l’histoire de l’humanité mais nous sommes constamment invité à la revisiter, à nous la réapproprier.
L’oraison du quatrième dimanche de l’Avent, nous ouvre encore davantage vers l’ineffable de Noël. C’est une oraison bien connue, qui est celle de l’Angélus. Il est demandé ici que le Seigneur nous remplisse de sa grâce afin que nous saisissions aujourd’hui encore le chemin de salut qui nous est offert par Dieu, en son Fils, par cette parole accueillie par Marie. Le salut qui est entré, grâce à elle, dans le monde, nous conduit à la résurrection ; « de la crèche au crucifiement ». Ce chemin de vie qu’a pris Jésus nous sommes invités, à notre tour, à le suivre dans une sorte d’ « imitation », de consentement à ce que nous vivons. Il ne s’agit pas de subir notre vie, en spectateur, et de se résigner mais de vivre dans l’accueil des conséquences de nos choix. Cela exige que nous ayons pris le temps de les discerner et de les relire. C’est à ce double mouvement que nous invite cette oraison. ; accueillir en nous la révélation de l’ange et une fois que nous l’avons fait notre, nous pouvons commencer notre chemin de foi, de vie chrétienne qui est la confession d’un messie né dans une mangeoire tel un exclu, et mort sur une croix, tel un paria. La Résurrection donne sens à ces deux réalités car elle est la manifestation de l’Amour de Dieu.

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