Combattre avec pour toute arme la Parole


Libres propos, Propos d'un chrétien engagé / mercredi, mars 21st, 2012
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Christ en croix de la chapelle du Château de Javier (Espagne)

Le carême n’a jamais eu pour moi une dimension de privation. C’est bien plus une occasion de « sentir et gouter intérieurement » le don que Dieu me fait en son fils dans le chemin vers sa Pâque. C’est véritablement une invitation récurrente à saisir, à nouveau frais, cet invitatoire, que nous offre la Liturgie des Heures durant ce temps liturgique :

« les yeux fixés sur Jésus, entrons dans le combat de Dieu ».

Si le Carême nous met dans l’ambiance du combat  – victorieux – de Jésus, contre toutes les tentations c’est pour nous proposer d’entrer chaque jour qu’il fait dans cette lutte, qui pour moi, est si bien résumée au chapitre 25 de l’Evangile de Matthieu. Il est si difficile chaque jour de regarder l’autre comme celui que j’ai à aimer, car il est, tout comme moi, crée à l’image de Dieu, que ces 40 jours vers Pâques ne suffisent pas. Même si je peux comprendre qu’il puisse s’agir d’un tremplin. Pour moi chaque jour est à la fois un carême, une semaine sainte et l’exaltante fête de Pâques.

Une écharde dans l’effort

Nos vies sont suffisamment lourdes, à la fois des petites contrariétés quotidiennes mais aussi des échardes dans la chair que nous pouvons porter comme des croix, qu’il n’est pas nécessaire d’en rajouter. Je tâche plutôt  de me réjouir de cette grâce de Dieu quotidienne qui me devance et m’appelle à cette contemplation de son œuvre. La Parole de Dieu méditée chaque jour et pas seulement durant ce temps de carême, me donne d’accroire cette familiarité avec Dieu, de mieux entendre de quelle manière elle résonne en moi et comment je veux et je peux aussi, à mon tour, entrer concrètement en résonance avec elle. Dans cette perspective, le carême n’a pas de spécificité propre hormis la liturgie qui comporte une certaine réserve et retenue en vue de cette belle fête de Pâques.

De la liturgie à la Grâce

La liturgie de la Semaine Sainte est, en théorie, un moyen qui donne à nos sens de vivre intérieurement ces temps forts. Malheureusement, dans beaucoup de paroisses, les prêtres sont âgés et ne peuvent donner toute la solennité requise. Pourtant, que l’on soit dans une abbaye bénédictine, dans l’église cathédrale ou dans une paroisse de campagne c’est le même Christ que nous sommes invités à suivre pas à pas. Il nous faut alors s’en remettre totalement en la grâce de Dieu pour vivre de l’intérieur, en Eglise, ce chemin vers la révélation suprême de l’amour. Mais ces jours ne sont, comme l’est le Carême, que des marqueurs, des jalons sur notre chemin quotidien pour nous rappeler la nécessité de suivre le Christ pour aimer et servir davantage nos contemporains.

Si le Carême peut me permettre de vivre avec une acuité renouvelée cette urgence du service, de la diaconie, oui alors je le vis. Mais, je dois bien avouer que c’est plus de l’ordre d’un chemin – léger – de croix car même si j’ai à cœur ce désir de le servir en « cette vie et en cet état », je dois bien constater que c’est de l’ordre du combat quotidien. Là réside peut-être mon affection pour cette antienne de Carême avec laquelle je commençais de billet.