De la colère au pardon


Méditations au coeur du monde / vendredi, septembre 15th, 2023
Temps de lecture : 5 minutes(Last Updated On: )
Le pardon conduit à la joie
Photo de Jacqueline Munguía sur Unsplash

« Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur est passé maître ». Ces mots ouvrent les lectures de ce 24e dimanche. Mots qui mettent mal à l’aise tant l’impératif de pardon, de miséricorde, de mansuétude nous est difficile. Pourtant, les textes de la liturgie de ce dimanche nous rappellent avec force cette exigence. Ben Sirac, dans la première lecture, n’est pas tendre avec notre comportement parfois aveugle et égoïste. C’est là un texte qui n’est pas facile à recevoir, car il nous engage au pardon. Aussi, nous comprenons que puisque cela nous est difficile, il faut nous en remettre dans les mains du Père. Le pardon n’est pas au cœur de la dynamique humaine.

S’ouvrir au pardon

Nous cultivons, trop souvent, le désir de vengeance, de prendre notre revanche sur l’agir de tel ou tel. Cela est audible et compréhensible. Pour autant, nous qui désirons suivre le Christ, nous sommes invités à dépasser ce mauvais élan spontané. D’ailleurs Ben Sirac nous donne un bon conseil dans la première lecture pour ne pas rester dans cette rancune.

Suivre les commandements de Dieu

Il s’agit de nous enraciner dans les commandements de Dieu, c’est-à-dire saisir que l’amour est le fondement. Aussi, il ne peut pas y avoir d’amour sans pardon. La surabondance de l’Amour de Dieu vient supplanter nos bassesses et autres petitesses. Elle doit nous faire entrer dans le règne de l’Amour, du respect, de la compréhension de l’autre. C’est, d’ailleurs, le message de Jésus de dimanche dernier.

Rechercher le pardon et la vérité

Notre action doit toujours chercher à se rapprocher de l’exigence du pardon et de la vérité. Puiser cette force dans le cœur de Dieu c’est se rapprocher davantage d’une vie conforme à l’Évangile. Pas facile ! Nous découvrons jour après jour que nos limites, nos pauvretés intérieures nous confrontent à une incohérence entre notre désir et notre vie réelle. Prendre conscience de cet écart c’est marcher sur un chemin de réconciliation.

Partir à la rencontre de Jésus

Nous ressemblons ainsi à ces personnes qui demandent à Jésus de les guérir. Pensons à Bartimée, Zachée, le Centurion. L’Évangile est rempli de ces témoins qui désirent rencontrer Jésus pour qu’Il change leur vie. Toutefois, même si « les boiteux marchent, les sœurs entendent et les aveugles voient ce n’est pas de la magie. Il y a des miracles concrets, réels, attestés et le long cheminement, la longue germination des bienfaits de Dieu. Nous sommes plus souvent dans cette dernière dynamique.

Amour, pardon, patience

N’oublions pas que la vie évangélique est une école d’amour, de pardon et de patience. Si nous perdons l’une de ces trois dominantes, nous sentons que notre cœur se dessèche, et que nous perdons de la saveur et du goût. Il faut donc absolument essayer de vivre selon ce rythme ternaire et ne pas être toujours en procès les uns contre les autres.

S’atteler au discernement

N’oublions pas que le discernement peut nous aider à connaître ce qui est important, essentiel ou futile dans nos combats. Se battre contre des moulins à vent — tel Don Quichotte — n’est pas très productif. Des choses nous tiennent à cœur, nous révoltent et peuvent nous mettre en route. Toutefois, cela peut se révéler une impasse, car nous nous confrontons à des murs. Il faut alors changer de voie. Si ces combats ne nous conduisent pas à l’amour, au pardon avec fougue et dynamisme, c’est que nous faisons fausse route. Peut-être alors qu’il nous faut prendre le temps de les examiner pour envisager une autre stratégie. Mais, ce qui doit nous animer c’est la paix et le pardon.

Le pardon : chemin de communion

Autrement dit, une manière de faire communion, communauté, les uns avec les autres. Les désaccords, les opinions divergentes et différentes sont intéressants s’ils ouvrent le débat et aident à s’entre-porter au bien. En revanche, le débat pour le débat mène aux vaines querelles. Aussi, souvenons-nous de ce Paul nous dit dans l’épître aux Romains de ce dimanche. Nous sommes avec le Christ. Il est le but de notre route. Ainsi, si nous cherchons à cheminer avec le Christ nous ne pouvons pas laisser nos cœurs dans les ténèbres de la rancœur et de la rancune.

Pacifier notre cœur

En même temps, avouons que ce n’est pas facile de pacifier notre cœur. Cet exercice de pardon nécessite de notre part une action, un désir, une volonté affirmée. C’est prendre conscience que l’autre aussi est non seulement invité à marcher sur la route du Christ, mais que, tout comme moi, il est aimé par Lui. Cela implique vraiment de travailler pour que le pardon puisse se faire une route en moi. Aussi, le pardon donné, offert, reçu ne doit pas être un trésor égoïste. Il doit germer, essaimer, et irriguer toute notre vie. C’est ce que Jésus nous fait comprendre dans ce passage de l’Évangile de Matthieu.

Un comportement vertueux

Il s’agit d’entrer dans une logique vertueuse de réciprocité. Pourquoi mal me comporter alors que quelqu’un se comporte bien avec moi ? Il s’agit de faire le bien, d’entrer dans une justesse d’attitude. Les conséquences du comportement injuste du serviteur sont terribles. Toutefois, la torture des bourreaux n’est pas forcément — non plus — idéale pour faire comprendre l’impératif du pardon. Pour autant, il le demeure le point d’orgue de notre vie à la suite du Christ.

Le pardon : chemin de lumière

Ne pas entrer dans un chemin de pardon c’est se condamner à la sécheresse du cœur, à la rancœur qui petit à petit va nous ronger et nous faire devenir aigri. Voilà les souffrances que nous encourons. Elles ne sont pas un châtiment envoyé par Dieu, mais la conséquence de nos actes. Voilà une des conséquences de ce que nous pourrions appeler le « péché ». Soyons donc vigilants à laisser entrer en nos cœurs, en nos vies, la douce lumière de la miséricorde de Dieu.

Avancer sur le chemin du pardon

Demandons la grâce de trouver la force d’avancer sur le chemin du pardon. C’est un chemin difficile. Cela nous demande de renoncer à notre orgueil futile qui nous conduit à l’égoïsme, à la rancœur et donc à notre propre perte. Aussi, confions-nous les uns et les autres à la miséricorde de Dieu par une prière humble et confiante. Demandons également que la grâce de la surabondance de l’amour de Dieu soit première en tout. Qu’elle chemine en nous pour que nous ne nous laissions pas entraîner par nos réactions épidermiques.