La fraternité pour Royaume


Méditations au coeur du monde / vendredi, novembre 3rd, 2023
Temps de lecture : 5 minutes(Last Updated On: )

Les textes de ce 31e dimanche ordinaire nous exposent au risque de la fraternité. Le Christ vient nous dire de n’appeler personne ni père ni maître. En fait, c’est une invitation à nous considérer comme frère et sœur d’un même père. Ceux qui sont appelés à gouverner — dans l’Église et ailleurs — ou à enseigner le font au titre d’un service. Ce n’est pas une domination, un pouvoir, mais une charge qui demande l’exercice de l’humilité et de la fraternité. Ainsi, qu’importe ce que nous faisons, ce que nous exerçons comme pouvoir ou responsabilité. Ce qui importe c’est d’être toujours de service.

L’Église, ferment de fraternité

Dans l’Église, souvenons-nous du lavement des pieds qui montre que le seul maître choisit la dernière place. Cette réalité milite pour que la fraternité règne dans le monde et l’Église. Aussi, elle sera fondée sur l’égalité de ses membres. C’est ce que le pape François enseigne dans son combat contre le cléricalisme et dans le choix d’ouverture du Synode. Ce n’est pas facile tant nos habitudes nuisent à cette réalité. Pourtant, c’est essentiel si nous voulons vivre la réalité de l’Évangile.

Mettre la Parole au cœur de nos jours

La Parole de Dieu est un guide qui nous place face à la réalité de la fraternité. Elle nous révèle la paternité, la maternité de Dieu qui nous conduit à le reconnaître à l’œuvre en cet âge. Sa loi n’est pas une suite de contraintes, de choses à suivre à la lettre comme pour être en règle. Il s’agit plutôt de le suivre pour grandir en liberté.

La lettre ou l’esprit ?

La semaine dernière l’Évangile nous montrait la perversité des docteurs de la loi. Certes, ils la respectaient, mais leur esprit et leur cœur étaient tortueux et fermés. Ainsi, il vaut peut-être mieux vivre dans la liberté des enfants de Dieu, choisir l’esprit plutôt que la lettre et tâcher de vivre la fraternité.

Chercher à vivre de l’Amour de Dieu en plein monde

En fait, ce qui importe c’est de chercher comment vivre de l’Amor de Dieu en plein monde. Voilà l’essentiel de ce qu’exige de nous notre baptême. Garder les commandements c’est important, car ils nous permettent de vivre ensemble. Toutefois, ils sont secondaires par rapport au cœur de la vie : bâtir la fraternité.

La fraternité n’est pas de l’obéissance aveugle

Reconnaître Dieu comme Père et Mère, ce n’est pas d’être tous alignés sur une même idée, voir une seule tête ou des brebis bêlantes. Nous avons plutôt à faire de nos différences une force pour rejoindre les femmes et les hommes de ce temps. Cette attitude, cette manière de procéder ce n’est pas « faire du marketing », mais reconnaître la diversité. Cette dernière peut être source de richesse si l’écoute et la reconnaissance sont au cœur de la relation.

Vivre la différence comme une chance

La différence a le droit de siège dans nos comportements, nos échanges, nos relations, mais en dialogue avec la bienveillance. C’est-à-dire vouloir le bien de l’autre, respecter son opinion pour chercher ensemble une manière ajustée de devenir frère/sœur ensemble. Ce n’est pas facile, mais c’est la route du Royaume que nous propose Jésus ce dimanche.

Au-delà des obligations légales

Dans la première lecture, nous entendons les recommandations sévères de Malachie aux prêtres. Ces derniers méprisaient les règles sacrificielles. En fait, ils satisfaisaient aux obligations, mais avec désinvolture. Nous comprenons par là que ce qui importe ce n’est pas l’acte qui est fait, mais l’attitude, l’intention qui l’accompagnent.

La fraternité se vit avec le cœur

Ainsi, nous pouvons faire à l’autre un cadeau sans grande valeur, mais le geste, le cœur qui l’accompagnent sont tellement généreux qu’il vaut tout l’or du monde. Lorsque nous honorons le Christ, c’est un homme blessé, crucifié, au cœur ouvert sur la croix. Difficile de le reconnaître comme Dieu sur la croix, mais l’Amour qu’Il nous porte vient transformer cette réalité souffrante. Même son corps glorifié comportant les traces de la croix. Ainsi, Dieu n’efface pas la souffrance, mais vient la transformer et l’accompagner.

La fraternité pour route

Par notre foi, Dieu nous invite à nous faire frère/sœur des hommes et des femmes de ce temps. Il réclame de nous une proximité aimante et attentive bien plus que de longues prières sans vie. Souvenons-nous que notre proximité avec Dieu nous conduit à une vie de prière continuelle. Dans ce cœur à cœur que nous avons avec Dieu, nous le savons proche de nous.

Oser l’audace de la fraternité

Nos vies, ceux que nous rencontrons, nous les Lui présentons pour qu’Il nous donne l’audace de la fraternité. Pour autant, même si nous prenons au sérieux cet appel, il y a de nombreuses résistances en nous. Le nier serait de l’angélisme voire de l’aveuglement spirituel. Alors, sommes-nous destinés à en rester à ce désir du désir de mettre la fraternité en pratique au cœur de nos vies ? Espérons que non ! Déjà, si nous prenons conscience de cette exigence nous pouvons avancer. Nous ne sommes pas dans le déni.

Prier pour être le prochain du prochain

Ensuite, nous pouvons prier pour demander la grâce de nous faire devenir le prochain du prochain. Prier c’est demander la force de Dieu de changer notre cœur. C’est une invitation à lui faire davantage de place dans ce que je vis. Non pour qu’Il transforme nos vies, tel un magicien, mais pour qu’Il ouvre davantage mon cœur à sa miséricorde.

À la recherche du présupposé positif

Aussi, nous pouvons tâcher de considérer l’autre avec davantage d’humilité, de considération bienveillante. Nous pouvons nous efforcer de chercher le moyen de sauver sa proposition et de vivre ainsi le présupposé positif cher aux fils d’Ignace de Loyola. Ce sont là quelques propositions concrètes que nous pouvons mettre en place en nous appuyant sur la grâce de Dieu et la bienveillance de nos frères et sœurs en Christ.

Suivre le Christ en paix

Cette exigence de fraternité doit conduire notre vie si nous souhaitons suivre le Christ. Notre monde est en perpétuelle guerre du fait de la perversité, de l’avidité des hommes, de leur incapacité à chercher la Paix. Aussi, n’ajoutons pas la guerre à la guerre dans notre quotidien. Cherchons davantage ce qui concourt au bien de chacun pour le bien de tous.

Aussi, puissent ces mots du Concile Vatican II nourrir notre vie et notre prière : « La ferme volonté de respecter les autres hommes et les autres peuples ainsi que leur dignité, la pratique assidue de la fraternité sont absolument indispensables à la construction de la paix. Ainsi la paix est-elle aussi le fruit de l’amour qui va bien au-delà de ce que la justice peut apporter » (Gaudium et Spes 78, 2)

Une réponse à « La fraternité pour Royaume »

Les commentaires sont fermés.