L’alliance au cœur de Dieu


Méditations au coeur du monde / jeudi, mars 14th, 2024
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Pâques approche, fête du renouvellement de l’alliance. Ce 5e dimanche de carême, nous entrons dans la dernière semaine avant celle qui nous conduira vers la lumière de la Résurrection. Notre marche vers Pâques prend fin petit à petit, mais pas notre pèlerinage à la suite du Christ.

Une alliance renouvelée

Le carême est le renouvellement de l’alliance, une étape sur notre route. Un temps pour faire accorder nos cœurs au cœur de Jésus. Une occasion de chercher comment mieux aimer et servir en toutes choses. Si nous cherchons Jésus, de tout notre cœur, nous pourrons être davantage unis à lui. Notre baptême nous conduit à la proximité de ce désir d’une alliance vivante et sainte. Mais, notre quotidien nous conduit, parfois, bien loin de ce chemin d’unité et de croissance.

Désirer voir Jésus

Pour autant, comme les Grecs de l’Évangile de ce dimanche, nous aussi, nous « voulons voir Jésus ». Nous aimerions pouvoir sentir et goûter sa proximité physique. Ainsi nos doutes, nos craintes, nos désespérances auraient disparu. Pourtant, beaucoup n’ont pas été saisis par le Christ lorsqu’il cheminait avec les femmes et les hommes de son temps. Les disciples étaient aussi lents à croire, le cœur sans intelligence alors qu’ils étaient les témoins privilégiés de son amour et de sa proximité. Alors, ne nous berçons pas d’illusions.

Lire les signes des temps

Toutefois, soyons attentifs aux signes de ce temps. Dieu s’y dit d’une manière particulière. Il est bien présent au cœur de ce monde, au cœur de ce temps pour nous conduire dans son alliance. Dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus nous donne le sens pour le suivre.

Servir l’alliance

Un mot suffit pour résumer la substantifique moelle de ce dynamisme : servir. Six lettres qui nous conduisent à regarder la manière la plus juste de témoigner de la proximité de Dieu. Mais, il ne faut pas en rester aux mots. Jésus nous demande de le suivre pour servir. Son incarnation, sa mort et sa résurrection nous apportent le salut.

Sauvés pour servir

Nous sommes sauvés pour servir. Le salut n’est pas une sorte de rachat aux forces du mal, ou à un alter ego démoniaque de Dieu. Il est la route du plus grand amour, de ce qui nous éloigne de l’égoïsme, de l’égocentrisme, du moi surabondant. Ce salut nous est acquis, nous le savons. Pour autant, tout reste à faire.

Libres et sauvés

Nous sommes sauvés mais pas contre notre liberté, notre coopération. Nous faisons l’expérience de cette limite chaque jour, des difficultés rencontrées. Nos pas sont lourds, tels ces glaiseux que nous sommes. Pourtant, l’espérance du salut que Dieu nous offre est bien là. Il faut accepter de continuer le chemin, les yeux fixés sur Jésus, pour entrer davantage dans une dynamique de conversion. Nous pouvons nous amender, fournir des efforts mais si nous ne nous exposons pas suffisamment à la grâce, c’est notre orgueil que nous cultiverons.

Sur un chemin de dépouillement

Dans l’Évangile de ce dimanche, nous sommes invités au dépouillement. C’est-à-dire à un usage raisonnable des biens de ce monde et à une réelle humilité. L’image du grain de blé nous fait saisir qu’il faut que des choses meurent pour que d’autres naissent. Peut-être pouvons-nous dans la prière regarder ce que nous pouvons abandonner, ce qui fait entrave à une juste relation avec Dieu.

Radicalisme évangélique

Ce radicalisme évangélique, ce dépouillement n’est pas l’abandon et donc la mise en péril de nos conditions de vie. Non, c’est une proposition à nous ajuster davantage à la volonté de Dieu. Par exemple, manger du chocolat, apprécier une bonne table ne sont pas mauvais en soi à la condition qu’ils ne soient pas nuisibles aux autres. Des éléments de notre caractère peuvent aussi mourir ou au moins s’amender. Nous pouvons essayer de corriger, avec l’aide de la grâce, telle ou telle chose. Mais, à la condition qu’elle puisse concourir à la gloire de Dieu. Cette gloire n’est pas le service d’un démiurge, tel un serviteur servile.

Au service de la gloire de Dieu

Servir, faire croître la gloire de Dieu c’est concourir à devenir davantage témoins de l’ineffable et infini amour de Dieu. Le chemin peut paraître audacieux, impossible mais comme c’est lui qui nous conduit vers Dieu et vers nos frères et sœurs il est praticable, bien qu’escarpé. C’est cette assurance que notre espérance se nourrit et s’enracine.

Avec le Christ, devenir eucharistie pour les autres

Jésus, par sa mort et sa résurrection, nous conduit à saisir son dépouillement. Son renoncement à entrer dans une logique de pouvoir fait resplendir l’amour de Dieu au matin de Pâques. C’est aussi ce que nous vivons dans l’Eucharistie. Le blé récolté puis moulé est transformé en pain. Le raisin récolté et pressé est transformé en vin. Nos vies aussi sont ainsi. Le poids du jour ressemble parfois à un pressoir, à une meule. Mais, nous savons que nos vies seront aussi, comme le pain et le raisin, transformées en vivante offrande à la louange de sa gloire. Nos vies sont donc appelées à devenir eucharistie. Nous pouvons devenir action de grâce pour les autres par le don de Dieu qui vient nous inviter à nous laisser transformer par son amour.

Un chemin d’alliance par amour et attraction

C’est donc bien dans un chemin d’offrande et d’alliance que le Seigneur nous conduit. C’est ainsi que le Père nous attire à Lui, par une attraction d’amour. Il demeure que notre consentement est requis. Nous ne sommes pas sauvés sans désirer entrer dans le dynamisme de Dieu. Mais, Dieu ne nous rejette pas pour autant. Son bonheur est pour toutes les femmes et tous les hommes de ce temps qui ne le rejettent pas avec vigueur.

Laisser Dieu demeurer Dieu

Toutefois, gardons-nous bien de nous prendre pour Dieu. Nos règles, nos doctrines, l’expression de notre foi nous permettent de vivre avec Dieu. Elles ne sont pas des vérités intangibles qui disent la plénitude de Dieu. Nos raisonnements humains, même ceux des plus grands théologiens, demeurent humains. Certes, Dieu peut nous inspirer mais nous ne pouvons pas épuiser sa réalité. Nos mots, nos concepts sont pauvres devant l’entendue et la puissance de son amour.

Il nous faut donc avancer avec beaucoup d’humilité et de simplicité pour partager les fruits que nous donne son alliance. Que le Seigneur nous donne donc la grâce d’être des femmes et des hommes aimables, habités de la force de l’Amour de Dieu. Puissions-nous être attentifs à l’Esprit qui souffle en plein et nous donner d’essayer de faire battre au nos vies au rythme du cœur de Dieu.