Aux Rameaux, accueillir Dieu qui passe


Méditations au coeur du monde / samedi, mars 30th, 2024
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Dimanche des Rameaux et de la passionCe dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur est le porche de la Semaine sainte, qui nous conduira jusqu’à la splendeur de Pâques. Durant cette semaine, nous suivons le Christ dans sa Passion et sa résurrection. Cette route est faite de tout ce qui anime nos vies : nos joies, nos peines, nos souffrances, nos colères… Ces sentiments constituent notre humanité, notre personnalité, notre affectivité. C’est avec cette humanité, certes glaiseuse, que nous cheminons avec le Christ.

Aux Rameaux, Dieu nous bénit

Entrer dans la Semaine sainte, ce n’est pas prendre la place du Christ. Il ne s’agit pas non plus de rester spectateur, comme au théâtre ou au cinéma. Dieu se dit aux hommes et aux femmes de ce temps avec ce que nous sommes. La grâce passe à travers nous, comme Dieu passe au milieu des sacrifices du premier testament (Gn 15).

Accueillir Dieu

Dans cette fête des Rameaux, que nous célébrons aujourd’hui, accueillons Jésus. Il est Celui qui ne cesse de venir en plein monde nous montrer le grand amour du Père. Cette fête des Rameaux nous conduit bien à l’intime de notre humanité. D’une part, nous souhaitons vraiment accueillir Jésus, le Christ, dans notre vie, et d’autre part, nous le rejetons.

Au delà des tensions

Ne nous lamentons pas sur ces tensions. Elles sont présentes dans le cœur de l’homme et la grâce nous conduit doucement à « ne rien préférer à l’amour du Christ » malgré tout. Avec une grande douceur, regardons donc ces deux tensions et demandons la grâce d’un chemin de croissance, de générosité, de fraternité dans notre rapport aux autres.

Aux Rameaux : accueillir la diversité des opinions

Dans cette fête des Rameaux, nous saisissons également combien est grande la diversité des opinions et des attentes. Beaucoup attendaient le « messie », l’envoyé de Dieu, comme un leader politique. Lui était venu dans le monde pour « témoigner de la Vérité » qui est la tendresse de Dieu pour le monde. Cette fête nous plonge dans la complexité des sentiments, des compréhensions et appréhensions de notre humanité.

Babel aujourd’hui

Nous vivons souvent l’expérience de Babel. Notre langue est « embrouillée » et nous ne nous comprenons pas. Peut-être est-ce parce que nous voulons toujours nous prendre pour Dieu ? La tentation de la toute-puissance nous guette toujours. Nous avons du mal à construire en vue d’une œuvre commune. Il nous faut alors faire mémoire de l’importance de l’hospitalité, de savoir accueillir l’autre dans sa singularité. Peut-être faut-il que nous inscrivions dans notre prière, dans notre manière d’être et de faire l’acclamation du peuple aujourd’hui : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » Cette acclamation est pour Jésus, mais dans chaque femme, chaque homme rencontrés c’est aussi le Christ qui se révèle.

Contempler le visage du Christ

Bénir c’est dire du bien de quelqu’un de la part de Dieu. Il s’agit donc d’entrer vraiment dans cette démarche de voir en l’autre le visage du Christ. Le récit des Rameaux et de la Passion nous offre l’occasion de contempler différents visages du Christ. Quelle que soit leur expression, c’est toujours le Christ que je contemple. Ainsi en est-il du visage de ceux que je fréquente, que je croise et aussi du mien. Le visage est souvent la porte d’entrée d’une relation. Son expression cache difficilement la réalité des sentiments, de ce qui nous anime. Certes, il y a des visages impassibles, mais ils révèlent bien quelque chose…

Voir le Christ en l’autre

Contempler le visage de l’autre et me dire que le Christ se révèle est une belle manière de rentrer en communion les uns avec les autres. C’est aussi une invitation à entrer de manière plus grande dans une démarche de conversion et de vérité. Nous ne révélons jamais vraiment ce qui nous habite en vérité. Toutefois, le Christ, lui, se révèle à nous. Il nous révèle le visage miséricordieux et aimant du Père. Cette première étape de la Semaine sainte que nous vivons le jour des Rameaux nous permet de mieux le saisir. Cette première étape de la Semaine sainte que nous vivons le jour des Rameaux nous permet de mieux le saisir.

Habités des mêmes sentiments que le Christ

L’invitation qui nous est faite tout au long de l’année liturgique est d’être habité par les mêmes sentiments que le Christ. Nous pouvons raisonnablement penser qu’il n’y avait en Lui aucune perversité, aucune arrière-pensée. En revanche, dès le début de l’Évangile de la Passion, nous comprenons que ce n’est pas le cas pour les grands-prêtres et les scribes. Le texte nous dit qu’ils « cherchaient comment arrêter Jésus par ruse » (Mc 14, 1).

Aux Rameaux, sortir de la malhonnêteté

Cette malhonnêteté court tout le long du texte ou s’enchaînent les faux témoignages contre Jésus. Le seul grief qu’on lui trouve est d’être ce qu’il est : le Fils de Dieu. Ce comportement des « autorités » du temps de Jésus peut nous inviter à regarder la manière dont nous sommes en relation les uns avec les autres. Que cherchons-nous véritablement ? Voulons-nous faire triompher la vérité ? Elle permet à l’autre de se révéler pleinement. Ou alors préférons-nous asseoir notre vérité ?

Accueillir le Christ

Cette fête des Rameaux et de la Passion nous place vraiment au cœur de cette problématique. Elle porte en son cœur la révélation et l’accueil de l’identité du Christ. Elle est la réponse à la question de Jean-Baptiste au Christ : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Cette réponse, chacun d’entre nous doit la laisser monter en son cœur. C’est la foi qui nous anime qui nous permet d’accueillir le Christ comme Celui qui vient nous entraîner dans la dynamique du fol amour de Dieu. Il est venu uniquement pour cela, pour être le témoin crédible de cet amour qui se donne aux autres, follement, passionnément, tendrement.

Se laisser entraîner dans la joie de Dieu

Alors, avons-nous d’autres choix que de nous laisser entraîner dans cette joie du don qui surpasse tout ? Là aussi c’est du ressort de la grâce. Même si nous sommes comme les apôtres, piètres à tenir dans la prière et la fidélité, nous savons que nous pouvons compter sur la miséricorde de Dieu. En communiant à sa vie, à le cherchant en plein monde, même maladroitement, en nous portant les uns les autres dans la prière, nous savons que nous devenons ses témoins aussi fidèles et crédibles que possible. Puissions-nous entrer dans cette Semaine sainte en louant le Seigneur comme le peuple le fait dans l’Évangile de ce jour, palmes et rameaux en main.