Avec le Christ, porter du fruit


Méditations au coeur du monde / vendredi, avril 26th, 2024
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Un cep de vigne qui porte du fruit
Photo de David Köhler sur Unsplash n

Ce 5e dimanche de Pâques, le Christ nous invite à porter du fruit. Cette thématique est au cœur de notre réalité de chrétiens. Mais pourquoi porter du fruit ? Notre identité de chrétiens doit-elle être forcément rentable ou servir à quelque chose ? Sommes-nous toujours « condamnés » à produire, à faire ? En fait, il faut bien comprendre que le Seigneur nous demande de « porter du fruit ». Il faut l’entendre non pas comme un but en soi, mais en vue de quelque chose de plus grand. Il s’agit de construire le Royaume de Dieu ici et maintenant, de prolonger l’œuvre du Christ en plein monde. Ainsi, comme la vigne qui porte du fruit dont le fruit est destiné à ravir les papilles de ceux qui auront le loisir de goûter son jus, sous diverses formes.

Porter du fruit sur la vigne

Nous percevons, au travers l’exemple de la vigne, que le Seigneur veut que nous soyons utiles, mais pas tous au même endroit. L’exemple des brebis d’autres enclos dans l’Évangile de la semaine dernière participe de la même idée. Dire que la différence enrichit est évidente, mais le vivre est quelque chose de bien plus difficile. Cela demande de passer par le « feu » de la conversion, par notre capacité à reconnaître qu’il y a quelque chose de plus grand qui doit nous rassembler.

Une dynamique de conversion

La première lecture, avec l’exemple de Paul, peut nous aider à entrer dans cette dynamique. L’apôtre des nations était connu comme un grand persécuteur, et la rencontre avec le Christ lui a ouvert les yeux du cœur. Son zèle contre les disciples du Christ s’est transformé en passion pour l’annonce de l’Évangile. Pour autant, il a été difficile pour certains de le comprendre. Ce qui a permis à Paul de rentrer dans le ministère du Christ c’est l’aide d’un frère.

Porter du fruit ensemble

Ainsi, pour porter du fruit, nous ne devons pas rester seuls. D’ailleurs, nous connaissons bien cette expression : « un chrétien seul est un chrétien en danger. » C’est-à-dire que notre foi n’est pas un exercice solitaire, quelque chose de personnel. Sinon, ce n’est pas Jésus-Christ que nous cherchons à servir, mais une « idole faite de mains humaines » (psaume 115,8). La foi est certes personnelle, le fruit d’une rencontre entre Dieu et nous, mais elle s’exerce et s’insère au sein d’une communauté.

Une foi personnelle et communautaire

Ainsi, la foi ne peut porter du fruit que si elle est entretenue, stimulée, encouragée. Même si cela peut parfois être rude, car nous sommes sans cesse en travail pour marcher davantage sur un chemin de croissance, elle est une voie de croissance. Porter du fruit, c’est en fait vivre de la vie du Christ, une vie en abondance qui se déploie dans un lien étroit avec d’autres croyants.

Porter du fruit demande du temps

Dans l’Évangile, le Christ nous invite à l’essentiel : demeurer en Lui. C’est-à-dire que nous avons à rester greffés sur la vigne pour porter du fruit. Rien de révolutionnaire, en apparence. Si nous voulons du raisin, il faut une vigne. Certes, cela est évident. Mais, toutes les plantes ne portent pas de fruit. Parfois, nous semons, nous plantons et rien ne se passe. La plante n’est pas bonne, la terre n’est pas fertile ou, tout simplement, nous ne sommes pas de bons jardiniers. Ainsi, nous comprenons bien que ce n’est pas si simple de porter du fruit. Il faut que beaucoup de paramètres et de conditions soient remplis.

Greffés sur la vigne du Seigneur

Si nous acceptons d’être greffés sur la vigne du Seigneur, si nous laissons le Père nous conduire par le don de l’Esprit nous pourrons alors porter du fruit en abondance. Il faut laisser aussi le Christ, en bon vigneron, nous saisir au temps voulu pour que nous soyons le plus utiles à la construction du Royaume.

Mûrir pour se laisser saisir

Si nous sommes cueillis trop, nous serons comme ces raisins verts qui n’ont aucun goût et une acidité à provoquer des aigreurs d’estomac. Et si l’attente est trop longue, nous serons pourris, bons à mettre au compost. Donc, tout est une question de temps, de maturation et d’entretien. Ces critères peuvent nous servir de jalons dans notre pèlerinage sur terre.

Aimer et porter du fruit

En fait – et Jean nous le dit aussi dans la seconde lecture : tout est une question d’Amour. Tout l’Évangile, toute l’histoire de l’Alliance entre Dieu et nous est une question d’Amour. Nous ne pourrons pas porter du fruit, au nom du Seigneur, si nous ne sommes pas capables d’aimer.

Marcher selon l’Esprit

L’Amour que le Seigneur réclame de nous est exigeant. Nous pouvons en trouver une définition dans ce passage du prophète Michée 6, 8 : « Rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité, et t’appliquer à marcher avec ton Dieu. » Vaste programme qui demande d’avoir conscience que la foi compte et engage. Aussi, nous avons vraiment à nous laisser guider par l’Esprit qui nous donne de discerner si nous marchons ou non sur les voies qui nous conduisent aux chemins de vie.

Proclamer l’Amour de Dieu

Certes, Dieu nous a aimés le premier, mais cet amour nous sommes invités à le proclamer en plein monde, sur les routes des hommes. Avouons simplement que ce n’est pas une tâche facile. Si nous prenons cette mission au sérieux, nous nous laisserons émonder par le Seigneur. Nous aurons alors à faire des choix pour ne pas rentrer au « conseil des méchants » (psaume 1). Mais, si nous choisissons de faire la volonté de Dieu, d’essayer d’aimer dans et par toute notre vie, alors nous expérimenterons la proximité de Dieu.

Vivre le sérieux de notre baptême

Se placer dans le sillage de l’Amour de Dieu, tâcher de le servir, avec justesse, en ce monde et en ce temps c’est prendre au sérieux notre baptême. Il est le fondement de toute notre vie, car depuis nous avons revêtu le Christ et sommes ainsi invités à porter du fruit. Nous avons reçu la force de son Esprit pour lutter contre tout ce qui divise et déchire notre humanité.

Dans l’unité et l’Amour

Dieu se dit dans l’unité et la solidarité que nous vivons les uns avec les autres. C’est exigeant, cela demande des efforts, car nous sommes alors sans masques, sans faux-semblants. Il s’agit de se laisser émonder par le Seigneur et ainsi porter du fruit qui demeure.

Alors, demandons la grâce au Seigneur de nous mettre à son école pour apprendre à aimer davantage. Ainsi, nous serons non seulement davantage fidèles à notre baptême, mais nous apporterons au monde la lumière et la chaleur de l’Amour de Dieu.