Nos vies sont chemins d’Emmaüs


Méditations au coeur du monde / vendredi, avril 12th, 2024
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Ce 3e dimanche de Pâques 2024, l’Evangile nous conduit à la rencontre des témoins d’Emmaüs. Le Christ vient de se manifester à eux alors que leur cœur était triste, inquiet et préoccupé. Ces hommes viennent de rencontrer le ressuscité qui s’est fait reconnaître à la fraction du pain. Ce geste fraternel, au cœur de toutes nos Eucharisties, nous fait saisir que le Christ s’est rompu pour nous. Il se donne pour nous pour que nous nous donnions les uns aux autres.

D’Emmaüs au pain partagé

Ce pain partagé est la nourriture de ceux qui veulent se mettre au service des autres. Nous comprenons bien cette dynamique lorsque nous fêtons le jeudi saint. Dans ce passage de l’Évangile, où le Christ se révèle aux disciples suite au témoignage des pèlerins d’Emmaüs, il y a encore cette proposition de le toucher. Tout comme la semaine dernière, le texte ne dit pas s’il y a eu contact. Mais, le Christ le propose comme pour mieux incarner sa résurrection. Il est bien revenu charnellement d’entre les morts, mais blessé par les séquelles de la croix.

Du Ressuscité au repas partagé

La résurrection du Christ n’efface pas les souffrances du Christ, mais les transfigure et nous enracine davantage dans son incarnation. Elle est amplifiée, ce dimanche, par le désir du Christ de partager un repas avec ses disciples. Combien de fois est-il question de repas dans l’Évangile ? Jésus passe beaucoup de temps à table, avec ses contemporains. C’est signe de l’importance qu’il accorde à ces temps de convivialité où nous restaurons nos forces.

Qu’avons-nous à offrir au Christ ?

Ce qui peut aussi nous marquer dans cet Évangile c’est la simplicité de la demande de Jésus : « Avez-vous quelque chose à manger ? » Jésus demande quelque chose à ses disciples de simple, de concret, de fraternel. Du poisson grillé, Jésus a dû en manger un grand nombre avec des disciples pécheurs. Il vient donc les rejoindre à l’endroit où sont et avec ce qu’ils peuvent leur donner.

Emmaüs : chemin d’humanité

Comme à Emmaüs, Jésus rejoint les disciples, et nous aussi, sur notre chemin d’humanité. Avons-nous quelque chose de simple, de savoureux, qui fait le quotidien de notre existence, à offrir à Jésus ? Prenons le temps de nous demander ce que nous pouvons lui apporter qui soit le reflet de notre existence. Lui, nous partage le don de sa vie, reçu de son Père, dans le dynamisme de l’Esprit. C’est ce qu’il a de plus précieux pour donner au monde la force de continuer à bâtir le Royaume et sa justice maintenant, en ce monde et en ce temps.

Comme à Emmaüs, devenir témoin du Christ

Témoigner du Christ ressuscité à la suite des disciples d’Emmaüs c’est entendre l’urgence de conversion que le Christ nous fait. Notre péché, dont il vient nous délivrer, c’est de vouloir nous sauver tout seul. Le salut qu’il vient nous proposer n’est pas la libération d’un geôlier. Dieu ne nous enferme pas. La libération qu’il nous propose est celle de nos nuques raides, de notre cœur malade et compliqué.

Notre vie donnée en partage

Le Christ veut nous conduire à l’échange, à entrer dans une vie qui se donne pour se déployer en plein monde. C’est à une vie avec le Ressuscité pour compagnon que nous sommes invités à avoir. Ce quotidien qui nous fait sortir de nos solitudes, de nos égoïsmes, de nos égocentrismes. Vivre avec le Ressuscité c’est oser assumer notre vie de crucifié-ressuscité. C’est se laisser rejoindre dans nos blessures par la force de l’amour diffusé par le côté ouvert du Christ sur la croix.

Marcher à la suite du Christ sur notre route d’Emmaüs

Ce qui importe ce n’est pas nos doutes, comme ceux des pèlerins d’Emmaüs, nos échecs, nos angoisses… Il s’agit davantage de se laisser entraîner par le fol amour de Dieu tout au long de notre vie. C’est ce que le Christ réclame de chacun de nous. Il nous veut vivants à sa suite, témoins de sa présence vivifiante, au cœur de monde. Qu’importe notre péché, nos ruptures d’alliance. La miséricorde du Christ est absolue. Elle est d’ailleurs le principe même qui a conduit à son incarnation. Dieu est venu habiter notre monde, notre vie, pour nous témoigner de son fol amour. C’est ce qu’il continue de faire aujourd’hui.

Dieu se donne

Le chemin d’Emmaüs n’est autre que le chemin de nos vies. Il partage avec nous le pain, l’Écriture — qui n’est autre que lui-même — pour nous conduire à des sources d’eaux vives. Ces eaux vivifiantes nous rappellent le baptême dans lequel nous avons rencontré le Christ. Depuis, nous sommes devenus membres de son peuple, appelés ardemment à faire le bien. C’est ce baptême, cette alliance conclue avec Dieu, qui nous donnent l’élan nécessaire de devenir témoins du Ressuscité.

Envoyés en mission

Même si parfois, comme à Emmaüs, comme Thomas, notre cœur est sec, nos yeux aveugles et notre langue lourde, le Christ demeure. Il nous a choisis pour que nous soyons ses témoins. Il nous revient de l’annoncer par et dans toute notre vie. Toutefois, cette mission ne nous appartient pas. Même s’il elle est intrinsèque à notre baptême, nous n’en sommes pas propriétaires.

Serviteurs de la mission du Christ

Nous sommes véritablement appelés à devenir des serviteurs de la mission du Christ. Aussi, cela requiert de la disponibilité intérieure pour écouter ses appels au cœur du monde, au cœur du temps. Tout cela est possible à la condition d’écouter l’Esprit saint.

Au cœur du mystère pascal

4 petits versets nous séparent de la fin de l’Évangile de Luc, prenons le temps de les lire. Ils sont très courts et nous font entrer davantage dans le sens profond du mystère pascal. Nous comprenons que la consolation des disciples, par le Christ, est, en fait, un envoi en mission. Cette mission n’est possible que grâce à l’Esprit. C’est Lui qui donne le courage d’aller au-dehors, d’annoncer dans et par toute notre vie l’Évangile du Christ.

Vivre dans le dynamisme de l’Esprit

L’Esprit est le carburant de tout disciple qui se veut missionnaire. Il nous confère l’audace de témoigner au nom du Christ. L’Esprit est toute la force de Dieu. Il nous permet de tenir dans une mer agitée et surtout de ne pas oublier que c’est le Christ qui guide le navire… pas nous. Alors, avançons avec confiance sur nos chemins d’Emmaüs.

Va vers mes frères et sœurs

Nous rencontrons aussi le Christ, dans nos frères et sœurs et témoignons de sa vigueur, de sa force et de sa paix en plein monde. Puissions-nous tout au long de cette semaine être habités par l’antienne de l’Évangile de ce 3e dimanche de Pâques : « Seigneur Jésus, ouvre-nous les Écritures ! Que notre cœur devienne brûlant tandis que tu nous parles. »

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