Apprendre à s’accueillir


Méditations au coeur du monde / vendredi, juillet 5th, 2024
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Les textes du 14e dimanche ordinaire nous présentent la nécessité d’accueillir avec la figure de Jésus comme cet autre qui rejeté parmi les siens. Sa Parole n’est pas reçue, il n’est pas accueilli et sa puissance ne peut pas se déployer. C’est avec étonnement que Jésus accueille ce rejet. Il est parmi eux depuis si longtemps que les siens ne l’ont toujours pas reconnu. Ils témoignent qu’ils connaissent sa famille, ils reconnaissent sa sagesse, mais en même temps, d’autres mettent en doute sa capacité à être ce qu’il est.

S’accueillir pour vivre

Comment témoigner aux autres de la force de Dieu si nous ne sommes pas capables de nous abstraire de toutes nos certitudes ? C’est aussi valable pour nous. Nous avons besoin de sortir d’un certain conformisme dans notre foi, notre manière de vivre. Témoigner de l’Évangile de Sa Paix, et nous en avons grandement besoin est impératif. Mais, cela demande du courage et de l’audace.

Accueillir le Christ dans les autres

Il est important d’apprendre à sortir de ses a priori, de ses certitudes pour accueillir l’autre. Comment serions-nous capables d’accueillir le Christ si nous ne sommes pas capables d’accueillir les autres, comme ils sont ? Parce que c’est bien la question de l’accueil qui est au cœur de l’Évangile de ce dimanche. L’accueil du Christ, de son Évangile, mais aussi de tout un chacun. Grâce au Christ, nous sommes tous frères/sœurs les uns, des autres. Le Christ devient ainsi l’un des nôtres.

Devenir des familiers du Christ

Avec Lui nous avons une réelle proximité, nous sommes ses familiers. Alors, nous pouvons facilement nous reconnaître dans ceux qui l’excluent. In fine, cela conduit à une exclusion mutuelle. Nous ne pouvons pas accueillir Jésus, si nous ne sommes pas capables d’accueillir l’autre. C’est difficile cet accueil, cette acceptation de la différence de l’autre. Mais, c’est une question qui se heurte à notre capacité et à notre volonté de faire une place à l’autre.

Se convertir pour mieux s’accueillir

Aussi, il est important d’entrer dans une démarche de conversion pour avancer sur cet accueil. Cette conversion, nous sommes appelés à l’entendre d’abord personnellement. Nous pouvons demander au Seigneur de purifier notre cœur pour accueillir sa bonne nouvelle. Mais, c’est aussi ensemble, comme peuple de frères et de sœurs du Seigneur, que nous avons à entrer dans cette conversion. Nous avons à nous encourager dans cet exercice d’accueil mutuel afin que nous portions du fruit en abondance.

L’accueil, un impératif de foi

Accueillir l’autre ce n’est pas un exercice de charité, mais bien de foi. Dans cet autre qui vient à ma rencontre, sans que je l’aie choisi, c’est le Christ qui se propose. Il vient frapper à la porte de notre cœur afin que nous puissions l’accueillir chez nous. Le Christ se propose, il ne s’impose pas.

Accueillir nous décentre

Cet accueil nous décentre, car ce qui importe c’est cette hospitalité qui est manifestée. Nous ne savons jamais ce que produit la rencontre. Si nous l’abordons avec un cœur ouvert et confiant, nous serons sans nul doute étonnés. Si nous commençons une relation dans la méfiance, et oublions d’envisager l’autre, de le regarder les yeux dans les yeux nous bâtirons une société du mensonge.

Bâtir le Royaume ensemble

Il est vraiment important de ne pas considérer l’autre comme un ennemi, mais comme une personne avec laquelle je peux continuer à bâtir le Royaume et sa justice. Même si c’est difficile, je peux toujours essayer de trouver une occasion pour avancer ensemble dans la même direction. C’est là une grâce que nous avons à demander au Seigneur. Qu’il nous aide à ouvrir les yeux de notre cœur pour créer des occasions favorables de rencontres promptes à l’espérance.

Nourrir l’espérance

Cette vertu théologale est ce qui nous permet de tenir malgré tout. Sans espérance, sans notre propre capacité de bouger et sans celle du monde d’avancer, nous restons en proie à l’immobilisme. C’est l’espérance qui nous fait marcher plus loin que la peur, c’est elle qui évite un « visage dur et un cœur obstiné » comme nous le dit la première lecture.

S’appuyer sur la grâce de l’espérance

Cette espérance est souvent ce qui nous manque devant les événements du monde. Pourtant, c’est elle que le Christ est venu apporter par sa résurrection. Elle est puissance de vie, car elle nous situe vers un avenir à construire ensemble. Appuyons-nous sur cette grâce, ce dynamisme qui nous viennent de Dieu pour être capables d’accueillir cet autre au cœur de nos vies, de notre monde.

Force et faiblesse

Ne nous laissons pas aller aux difficultés, à nos incapacités et autres fragilités. Entendons le Christ nous encourager et nous dire comme à Paul : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » Notre monde n’a pas besoin de démonstration de puissance, de muscle de virilité. Il a besoin de témoins crédibles, vivants, même faillibles. Cela laisse passer toute la densité de notre humanité. Souvenons-nous du Christ ressuscité et de ses blessures montrées à Thomas. Il a assumé les blessures, les souffrances, les outrages de sa mort et de crucifixion même au-delà de la mort. Le tombeau ne l’a pas gardé, mais le Christ a gardé les blessures infligées par la haine, la toute-puissance, la jalousie dont est capable la personne humaine.

Avec le Christ accueillir nos blessures

Apprenons du crucifié-ressuscité à accueillir nos blessures. Laissons le Christ demeurer et transfigurer nos blessures et nous conduire vers des lieux sources de résurrection. Nous pouvons aussi, comme nous le propose le psaume de ce jour, lever les yeux vers le Seigneur. Lorsque nous posons nos yeux sur la croix du Sauveur nous comprenons quelle est la densité de son amour. En même temps, nous prenons conscience du chemin qu’il nous reste à parcourir pour parvenir à la plénitude de cet amour.

Se laisser accueillir par la miséricorde de Dieu

Même si nous avons l’impression d’être loin de Dieu, de savoir bien piètrement accueillir, souvenons-nous que Lui nous accueille comme nous sommes. Alors, apprenons de lui cet accueil inconditionnel. Laissons-nous rejoindre par son amour qui console et transfigure toutes nos blessures et nos imperfections.

Puisse le fol amour de Dieu nous rejoindre au cœur de notre humanité blessée et désunie. Qu’il nous donne de goûter combien la douceur, la concorde et la recherche de solution commune sont une manière de construire le Royaume et sa Justice. Voilà une manière concrète d’assumer la mission prophétique de notre baptême.

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