Le carême : occasion d’une conversion toujours plus grande


Méditations au coeur du monde / vendredi, février 24th, 2023
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Depuis mercredi nous sommes dans le temps du carême. C’est le temps que nous offre l’Église pour avancer davantage sur un chemin de conversion. Le carême n’est pas une parenthèse liturgique pour purifier nos corps et nos coeurs. Nous ne sommes pas dans une cure de type médicinal. Ce qui est au cœur de ce temps de carême est d’écouter davantage le Christ nous appeler à la conversion. Il est notre compagnon de route qui nous montre le chemin du Père, le chemin du plus grand amour.

La conversion : un pèlerinage d’une vie

Ce pèlerinage demande de l’endurance, de l’entraînement. La route de la conversion est lente et l’amour de Dieu versé en nos cœurs irrigue, tel un goutte-à-goutte, notre vie. Le cœur du carême ne réside pas dans des privations physiques, des exercices de piété ou encore des projets caritatifs à financer. Il s’agit plutôt de nous laisser abreuver par la source de vie qui coule du cœur du Christ. Cette vie de Dieu nous ouvre la route du cœur des hommes et de notre cœur. Nous sommes si compliqués, si préoccupés par la complexité de notre vie que nous oublions que Dieu frappe à notre porte. Et pourtant, il demeure au cœur de notre vie, en plein monde, pour que nous vivions de son Évangile.

Découvrir le désert

L’appel à la conversion que nous entendons avec plus d’intensité lors du carême nous conduit, comme Jésus, en ce 1er dimanche de Carême, au désert. Plus justement, nous comprenons que ce désert peut être notre monde. Un lieu où la tentation du repli sur soi prend le pas sur la générosité. Ce désert est ce lieu aussi, où le chacun pour soi existe au mépris du chacun pour tous. Jésus nous appelle à habiter ce désert en prenant appui sur Sa Parole. C’est l’enseignement qu’il nous donne par le récit des tentations dont nous parle l’Évangile de ce dimanche. Il nous met en garde contre la tentation de la toute-puissance et la recherche de la Gloire.

Carême : conversion plus grande
Photo de James sur Unsplash

Suivre le Christ de plus près

Contemplons son agir au long de l’Évangile. Nous comprenons ainsi davantage que nous sommes invités à tisser des liens, à être en relation les uns avec les autres. Dans cette histoire d’Alliance, nous comprenons aussi l’importance d’une parole donnée, d’une parole qui autorise ou défend. Ces paroles n’ont du poids qu’à la condition d’être fondées sur la confiance. Dans la première lecture, Adam et Eve désobéissent à Dieu et goûtent l’arbre de la vie. Il y a donc une rupture de la confiance, une transgression de l’interdit. Il y a là un abus de confiance, une trahison du pacte d’Alliance.

Là où est la trahison : là est le péché

Prenons le temps de regarder, dans un face-à-face avec Dieu, là où nous avons trahi la confiance et – peut-être encore plus grave – là où notre confiance a été trahie. C’est une blessure béante qui naît en ces cas. Une grande désolation peut s’installer en nous, car nous sommes trahis. Un des axes de la conversion consiste justement à mesurer le poids de nos paroles. Sont-elles justes, peut-on bâtir dessus quelque chose de solide ? Nos promesses doivent être raisonnables et raisonnées. Ne disons pas « oui » sans savoir à quoi cela nous engage et sur qui nous pouvons compter pour appuyer cette décision. Notre parole compte et engage. Si nous posons une parole, puisse-t-elle être trempée dans la force de la Parole de Dieu. Elle est le baudrier qui nous assure dans notre marche quotidienne sur les remparts, parfois abrupts, du monde. Ne nous laissons pas abuser par des fausses promesses qui nous conduisent, sous des aspects plutôt agréables, vers des impasses.

Rupture d’Alliance

C’est ce qui arrive à Adam et Eve dans la première lecture. Ils ont cru au séducteur, à la parole sibylline de Tentateur, de l’ennemi de la nature humaine. Cette fausse promesse les a conduits à rompre l’Alliance. Ne pas toucher à l’Arbre de la connaissance, c’est respecter le commandement de Dieu de ne pas se substituer à Lui. Ce désir de Dieu n’est pas une question de partage de sa puissance, mais justement une question de protection de sa création. Cet arbre donnerait accès à la même connaissance de Dieu, mais sans la capacité de comprendre cette manière d’être. Là est la clef du pêché originel. Il ne s’agit pas de la jalousie de Dieu, mais de notre obsession de nous prendre pour Dieu. Nous ne sommes pas créateurs, mais cocréateurs.

Axe de conversion

Prendre conscience de l’appel de Dieu à participer à son œuvre de salut, de rédemption, de réconciliation est un axe de conversion que nous pouvons prendre. Paul, dans la seconde lecture, nous fait saisir quels sont les fruits de l’incarnation, de la mort et de la Résurrection du Christ. Ainsi, nous devenons participants à la nature divine. Dieu, par son Fils, nous donne son Esprit. Ainsi, Dieu ne peut pas se résoudre à ce que nous soyons loin de lui, à ce que nous nous résignions à ne pas pouvoir contempler son visage, à ne pas entendre sa Parole.

La conversion, le péché et la grâce

Notre péché n’a que peu d’importance au regard de sa grâce, de sa miséricorde. Ce n’est pas une raison pour nous enfermer dans nos habitudes qui nous éloignent du visage de Dieu. Au contraire, entendons l’appel à la conversion qui est au cœur de ce temps du carême. Il est un temps favorable – bien que non unique – pour tendre l’oreille de notre cœur et entendre Dieu nous susurrer son amour. Ainsi ce fol amour de Dieu compte bien plus que notre pêché. Nous savons, mais il est essentiel d’en prendre conscience, que l’amour de Dieu dépasse notre pêché, nos vaines tentations de prendre la place de Dieu. Lorsque nous comprenons combien il est difficile de gouverner notre vie, de la réformer, il est heureux que nous ne soyons pas Dieu. Le psaume 50 (51) nous fait bien saisir l’importance de nous en remettre à la grâce de Dieu.

Contempler le visage de Dieu

Ce qui compte davantage pour ceux et celles qui veulent faire du Christ leur frère, ami, et maître, c’est de pouvoir s’enraciner dans cette fidélité. Cette invitation est avant toute chose un appel à la conversion, à entrer dans la contemplation du visage de Dieu. Il nous donnera alors d’annoncer sa louange dans et par toute notre vie.

Appuyons-nous donc davantage sur le cœur du Christ pour entrer dans une compréhension intime de l’amour de Dieu. Nous découvrirons ainsi davantage « l’intelligence des mystères du Christ » comme nous y invite la prière d’ouverture de ce dimanche.