La prière : socle de l’évangélisation


Méditations au coeur du monde / vendredi, février 2nd, 2024
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Ce 5e dimanche ordinaire nous poursuivons notre lecture de Marc. Nous voyons Jésus en prière, en dialogue avec son Père. Laissons-nous surprendre par cette phrase de l’Évangile de ce dimanche : «  Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » Jésus a pris le temps de la prière, de sortir de la maison pour « proclamer l’Évangile ».

Prière et contemplation

C’est étonnant. Comment est-il possible d’annoncer l’Évangile dans un endroit désert ? Notre vision de l’évangélisation est plutôt de l’ordre d’une action dynamique, du témoignage, de la confession de foi. Là, Jésus nous présente ce cœur de la mission chrétienne comme un temps de contemplation. Sa prière, ce cœur à cœur qu’il mène avec le Père est l’essentiel de sa mission.

La prière du Christ

Le Christ est continuellement en lien avec le Père. Il ne fait rien seul, il est toujours mû par l’Esprit qui le conduit à désirer faire la volonté du Père. Cette manière de faire du Christ, que nous révèle l’Évangile, peut nous inspirer. Nous sommes volontiers dans l’agitation, dans le montage de plans pastoraux, dans la réflexion pour attirer les gens au Christ. C’est important bien sûr.

L’Église n’est pas une entreprise

Toutefois, cette manière de procéder peut nous conduire à considérer l’Église comme une entreprise. Mais ce serait se tromper. L’Église est d’abord ce peuple de Dieu qui chemine à la rencontre de son Seigneur. Ensemble, nous cherchons à conduire les femmes et les hommes de ce temps. Ce n’est pas une entreprise marketing, nous n’avons rien à offrir ni à vendre. Nous ne sommes pas propriétaires du salut que Dieu offre.

Devenir des témoins de miséricorde

Ce qui nous est demandé c’est d’être des témoins joyeux de son amour et de sa miséricorde. Ni plus ni moins. Avouons que c’est déjà beaucoup. Notre bonne volonté, notre désir de rejoindre le Christ ne suffisent pas pour accomplir cet appel. Aussi, exerçons notre désir dans la contemplation de l’agir du Christ. Il est le fils de Dieu et il passe beaucoup de temps dans la prière.

Prière et vie

Et nous ? Quelle place donnons-nous à la prière dans notre vie ? Est-ce un essentiel, un besoin vital comme l’est celui de respirer ou bien l’oublions-nous par manque de temps… ? Cette question mérite vraiment que nous nous la posions. Dans quelques jours nous entrons en Carême et la prière est un des piliers de ce temps de reconnexion avec Dieu. Sans ce temps consacré à la prière, nous ne pouvons pas remplir cette mission d’annonce de l’Évangile qui nous est confiée depuis notre baptême.

Prière et mission

Paul, dans la seconde lecture, nous précise bien l’importance de la mission. Elle est une urgence pour lui, elle remplit toute sa vie parce que sa vie est habitée par le Christ. C’est aussi une occasion, pour nous, de se laisser interroger par la place que Dieu tient dans notre vie. Certes, il y a l’urgence de la prière pour rencontrer Dieu, mais est-ce que nous compartimentons cet espace privilégié ?

Quelle place donnons-nous à la prière ?

La prière est-elle seulement un temps dans notre journée où notre journée est-elle habitée de la rencontre de Dieu ? Sommes-nous, comme Paul, capables de dire : « Pour moi, vivre, c’est le Christ » ? C’est là une belle confession de foi, un cri d’amour qui témoigne de sa passion pour l’annonce de l’Évangile. Nous comprenons, dans cette seconde lecture, que cela le déborde. Cette audace, ce zèle qui habite Paul à prêcher l’Évangile du Christ peut être un exemple, une invitation pour nous aujourd’hui. Sommes-nous un peu tièdes à confesser notre foi, prêts à nier le Christ à la moindre bourrasque ? Ou bien, tel Paul, avec un enthousiasme, un débordement de dynamisme, sommes-nous prêts à parcourir le chemin ?

Annoncer l’Évangile

Sans nul doute un peu des deux. Ce n’est pas facile de témoigner de l’Évangile et — même si – nous le désirons — nous sommes maladroits, donnant un contre-témoignage. Mais, nous devons continuer, compter sur la grâce de Dieu, sur l’assurance qu’il est avec nous pour nous conduire sur le juste chemin. Il est vrai que cela coûte de témoigner de Jésus-Christ.

Messager de l’amour de Dieu

Au quotidien, dans nos vies, nous luttons contre tout ce qui peut nuire au message d’amour du Christ. Dans ce combat nous pouvons aussi rechercher une sorte de perfection, de réussite. De héraut de l’Évangile, nous pouvons chercher à devenir un héros. Il n’y a pas de place pour cela dans l’Église. Nous y cherchons ce qui nous conduit davantage vers le Christ.

Chercher le Christ

Ensemble, nous cherchons à rejoindre chacun, là où il en est, pour le conduire davantage au Christ. Dans ce pèlerinage, ce chemin de vie au long des jours, nous prenons aussi conscience que ce lointain qui est mon prochain, me rapproche du Christ. Cet inconnu du chemin d’Emmaüs atteste cette réalité. Ainsi, chacune et chacun est révélateur de la présence et du visage du Christ. Cette certitude est une aide pour la mission et une invitation à l’humilité.

L’Évangélisation est une méthode

L’Évangélisation n’est pas une science, c’est une méthode au sens étymologique du mot. C’est-à-dire que c’est une route, une voie qui doit nous conduire. Nous le savons, car nous l’expérimentons dans la prière, que c’est voie est la voix du Père qui se dit en son Fils. Soyons donc patients et humbles dans notre chemin apostolique. Nous marchons ensemble vers un but commun, mais par des chemins parfois différents. Sur ce chemin nous découvrons Jésus qui se révèle jour après jour, souvent par surprise, et nous aide à discerner son message pour nous aujourd’hui. Il ne s’agit pas de chercher à lire ces signes des temps dans une boule de cristal, le marc de café où autres pratiques divinatoires. Rechercher le visage, la voix du Christ se découvre dans notre quotidien.

Dieu se dit, se donne par notre vie

Notre vie est le terreau où le Christ fait germer ses œuvres. La grâce de son Esprit arrose ces plantations. Pour autant, l’aridité de notre cœur, l’aveuglement de notre esprit nous brouillent cette réalité. Demandons donc dans une intime prière la grâce de vivre au rythme de l’Esprit. Nous pourrons alors rechercher la miséricorde de Dieu pour en vivre davantage. Ainsi, notre cœur sera brûlant de charité et notre vie deviendra une vivante offrande à la louange d’une gloire toujours plus grande de Dieu.