Une élection pour davantage de paix et de justice


Méditations au coeur du monde, Temps liturgiques / vendredi, août 19th, 2022
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Les textes de ce 21e dimanche ordinaire nous interrogent sur l’élection comme peuple de Dieu. Nous avons été choisis dès la création du monde pour être membres du peuple de Dieu. Mais, à bien lire les textes de ce dimanche, il semble que Dieu procède à une élection pour que nous devenions son Peuple. Y aurait-il alors une sorte de prédestination pour certains, une sorte d’élite choisie de manière arbitraire. Penser ainsi serait se tromper sur Dieu.

Bien comprendre l’élection

Nous sommes tous et toutes appelés à devenir ce peuple ardent à faire le bien. S’il y a bien élection, les résultats sont que tous sont appelés à rejoindre ce Peuple afin de devenir « une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, pour que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière », comme nous le dit Pierre (1 P 2, 9). Mais, même si cet appel est pour tous, il faut pouvoir en être digne. Là encore, soyons prudents. Ne nous conduisons pas avec Dieu comme des enfants qui agiraient bien et auraient une récompense.

Aimés passionnément par Dieu

La récompense avec Dieu c’est cette élection, ce choix qu’il a fait de nous choisir pour être son peuple, ses amis, ses enfants bien-aimés. Pour autant, cela demande de notre part une certaine cohérence, une manière d’être au monde. Non pas que nous soyons une élite, meilleurs que ceux qui n’ont pas accueilli le joyau de la foi. Nous sommes comme les autres, mais nous portons la responsabilité d’être des témoins crédibles de l’amour de Dieu. C’est en cela que nous serons fidèles à notre vocation baptismale.

Une élection pour tous

L’appel de Dieu, dans l’histoire biblique, s’est fait prioritairement à ce peuple d’Israël dont l’élection est la conséquence de sa fragilité, de sa petitesse. Mais Dieu ne peut pas se satisfaire que la cible de son amour soit pour une portion de l’humanité. La mission du peuple d’Israël est de manifester que le Seigneur appelle les petits. Son amour est d’abord pour relever celui ou celle qui est dans la fragilité. Toutefois, ce n’est pas un amour exclusif. Dieu embrasse toute l’humanité par son désir qu’elle puisse connaître combien son amour et sa miséricorde invitent à se mettre en route, à se mettre au service les uns des autres.

Cheminer vers la porte étroite

C’est le sens de cette porte étroite dont nous parle l’Évangile. Nous sommes tous invités à nous rendre sur les chemin de Dieu, mais ils sont escarpés, montagneux. Aussi, cela requiert de voyager léger. Il nous faut ainsi nous débarrasser de ce qui nous encombre, de ce qui nous empêche de vivre le service de Dieu. Répondre à cette élection de membre du Peuple de Dieu demande que nous regardions en face ces entraves qui alourdissent notre route. Laissons-les sur l’autel de Dieu, tel Ignace de Loyola à Manrèse avec ses habits de chevalier.

Offrir nos vies

Avec nos vies pour offrande, confions-nous à la miséricorde de Dieu pour avancer avec confiance sur les chemins de son appel. Dieu nous invite à son festin, que nous en soyons loins ou proches. Cet appel, cette élection demandent que nous soyons disposés à entrer dans le chemin du service de Dieu. C’est une route qui doit dilater notre cœur pour partir aux carrefours du monde à la rencontre des femmes et des hommes de ce temps. C’est une invitation à sortir de l’ignorance pour entrer dans une bienheureuse vigilance.

Une élection pour devenir compagnons

Nos contemporains ont besoin d’avoir pour compagnons des femmes, des hommes passionnés d’un zèle jaloux pour le Seigneur. Cette passion ne doit pas être seulement dans les paroles, les incantations et autres prédications. Dieu n’a pas besoin de perroquets, mais de porte-voix, de femmes et d’hommes que l’amour du cœur transpercé du Christ invite à l’action. Attention toutefois à toute tentation de volontarisme, celle de compter sur nos propres forces pour entrer dans le dynamisme, l’enthousiasme de cette élection.

Nous pouvons, certes, compter sur nos capacités, nos savoir-faire et savoir être, mais surtout — et d’abord — sur la grâce de Dieu. C’est elle, versée dans nos cœurs au jour de notre baptême, qui nous permet de discerner les appels que le Seigneur nous fait. Nous avons à prendre le temps de comprendre le lieu de la mission, la manière dont nous serons les plus utiles pour être des disciples missionnaires fidèles et justes.

Plus d’actes et moins de paroles

Ainsi, la foi demande davantage d’actes que de mots si nous suivons les enseignements du Christ dans l’Évangile de ce dimanche. L’amour de Dieu est accessible à tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté. Mais, faut-il encore avoir le désir, la volonté d’entrer dans le chemin de Dieu. Parfois, à notre insu, nous sommes des contre-témoignages. Notre chemin de vie, notre manière d’agir font que nous ne sommes pas ajustés à la miséricorde de Dieu. Nous proclamons que le Christ est notre Sauveur et c’est nous qui voulons nous sauver nous-mêmes. Nous nous comportons, parfois, comme si nous étions Dieu régnant sur l’Univers. Alors que le Seigneur nous demande, au contraire, de nous revêtir d’humilité, de nous mettre au service les uns des autres, de nous laver les pieds mutuellement.

Au service de l’humanité souffrante

L’élection de Dieu doit nous conduire au chevet, au service de l’humanité souffrante et non au balcon du monde ou bien confortablement assis sur un canapé. Il est nécessaire d’œuvrer pour que le monde devienne davantage ressemblance avec la création voulue par Dieu. Cela réclame donc de nous que nous soyons attentifs à la vie du monde, à celle de nos frères et sœurs en humanité. Nous avons à devenir des apôtres de justice, à combattre tout ce qui peut être du ressort de l’iniquité là où nous sommes. Chacun d’entre nous peut œuvrer à restaurer la création que nous abîmons collectivement. Notre orgueil, notre suffisance, notre mépris… tous ces péchés entachent notre dignité d’enfants de Dieu. Ils nous mettent au banc du Royaume, mais le Seigneur vient nous inviter à nous revêtir du vêtement de noces en agissant concrètement pour davantage de paix et de justice.

Prions-le donc en cette semaine et demandons-lui la grâce de « témoigner de l’espérance en recherchant partout la paix (pour devenir) le signe de l’Alliance et du bonheur que Dieu promet » comme l’écrit le jésuite Didier Rimaud.