L’hospitalité pour annoncer l’Évangile du Christ en plein monde


Méditations au coeur du monde, Temps liturgiques / samedi, juillet 16th, 2022
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L’hospitalité pour annoncer l’Évangile du Christ en plein mondeCe 16e dimanche du temps ordinaire, l’Église nous invite à contempler l’Évangile bien connu de Marthe et Marie. Nous pouvons ainsi réfléchir à la force de l’hospitalité. D’ailleurs, cette période de vacances y est propice alors que nous quittons notre ordinaire pour prendre le temps de souffler. Dans ce temps de répit, il nous est donné, parfois, de visiter les nôtres et de profiter de leur hospitalité. Accueillir et être accueilli, c’est essentiel. Souvenons-nous de ce que nous avons lu, le 14e dimanche ordinaire, dans l’Évangile de Luc : « Dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis, allez sur les places et dites : “Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous l’enlevons pour vous la laisser. Toutefois, sachez-le : le règne de Dieu s’est approché.”

De l’hospitalité

Dans la langue française, le mot « hôte » est à la fois celui qui accueille et celui qui est accueilli. Cela nous dit bien l’importance qui est accordée à l’hospitalité. C’est pour cela que Jésus vient en nous, par son Eucharistie. Nous lui accordons l’hospitalité lorsque nous le recevons en notre cœur, mais c’est lui, qui, en fait, nous accueille en nous faisant devenir fils dans le Fils.

L’hospitalité de Marthe et Marie

Dans cet Évangile de Marthe et Marie, nous pouvons facilement mettre dos à dos les attitudes de l’une et de l’autre. L’une s’affaire, l’autre est assise, attentive à l’enseignement du Seigneur. Et, selon le Seigneur, c’est Marie, attentive à l’enseignement de Jésus, qui a la meilleure part. Le Christ ne semble pas très tendre à l’égard de ceux qui « s’agitent pour bien des choses ». En fait, ce n’est pas tant le fait de servir que le Seigneur vient critiquer ici. Ce n’est pas l’hospitalité qu’il reçoit qui est en cause. Mais la priorité que nous donnons aux choses.

Prendre le temps du temps

Souvenons-nous du tout premier verset de l’Ecclesiaste : « Il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel ». C’est bien cela qui est en cause : saisir le moment qui nous est donné pour le vivre en paix et dans la dynamique de ce temps. Jésus ne nous demande pas de ne pas mettre tout en œuvre pour ouvrir l’hospitalité, mais de ne pas perdre de temps à des choses qui ne sont pas essentielles.
Lorsqu’un ami vient nous rencontrer à l’improviste, ce n’est pas le moment de faire la vaisselle ou le ménage. Nous prenons du temps avec lui, pour lui et ainsi profitons de sa présence pour savourer son affection, son amitié. Qu’importe si notre demeure n’est pas impeccable et si tout n’est pas rangé au cordeau. Avec Jésus c’est pareil. Nous avons à prêter attention à notre disponibilité et à la capacité dont nous manifestons l’ hospitalité. Il vient à la porte de notre cœur pour y faire sa demeure (Ap 3, 20) ; à nous de savoir l’accueillir.

La priorité est à l’hospitalité

Trop souvent, lorsqu’il vient chez nous, comme chez Marthe et Marie, nous nous comportons comme Marthe. Nous voulons que tout soit en ordre, que notre vie soit rangée, que la poussière soit faite et que nous soyons donc sans reproche, exempts de tous pêchés. Agir ainsi c’est manifester de l’orgueil. Nous nous berçons d’illusions et, de plus, nous nous trompons sur l’identité du Seigneur. Il ne vient pas à notre rencontre pour être accueilli comme un prince. Il vient nous rencontrer pour qu’avec Lui, nous devenions, nous, les femmes et les hommes de ce temps, des « Amis dans le Seigneur ». Voilà ce qui importe : savoir accueillir celui qui vient comme il est, tels que nous sommes.

Le Christ vient à notre rencontre

C’est dans ce sens de l’hospitalité que nous avons les uns pour les autres que nous pourrons découvrir que le Christ vient à notre rencontre. Comme à Emmaüs, chez Zachée ou bien encore chez Marthe et Marie, le Seigneur vient à notre rencontre. Il cherche à demeurer chez nous, pour que nous demeurions chez lui. Demeurer chez le Christ, vivre de son hospitalité, c’est aussi savoir le rencontrer dans son Eucharistie. Dieu vient demeurer en nous sacramentellement dans le pain et le vin consacrés que nous recevons.

Discerner le visage du Christ

Toutefois, n’oublions pas que notre frère ou sœur que nous côtoyons au quotidien peuvent nous révéler le visage du Christ. Pour cela, nous devons demander la grâce de savoir avoir une attitude d’hospitalité. Cela signifie, pour nous chrétiens, de créer, dans nos communautés, des conditions optimales pour nous accueillir les uns les autres. Messe après messe, nous célébrons l’hospitalité du Christ. C’est Lui qui nous convoque au banquet de ses noces. Nous sommes ses invités. Nous avons donc à nous apprêter le cœur pour cette rencontre, dans un cœur à cœur avec Celui qui ne cesse de nous faire devenir fils dans le Fils.

S’inspirer de l’hospitalité d’Abraham

Aussi, nous pouvons nous inspirer de l’hospitalité d’Abraham que nous présente la première lecture. Il n’attend pas que ses hôtes viennent lui demander l’hospitalité ; c’est lui qui la leur offre en allant à leur rencontre. Il a le sens de l’accueil. Et nous, comment savons-nous accueillir ? Sommes-nous attentifs aux besoins de nos frères et sœurs en humanité ? Avons-nous suffisamment de foi pour voir dans nos rencontres que c’est le Christ qui se révèle à nous ? Ce n’est pas l’évidence tant nous sommes préoccupés – parfois – de nous-mêmes, de notre propre réussite, de nos propres intérêts.

Vivre l’instant présent

En nous invitant à choisir la manière dont nous exerçons l’hospitalité, le Seigneur ne vient pas nous dire que nos soucis n’ont pas de poids, pas de prix. La radicalité de son appel est une invitation à essayer de vivre l’instant présent. Nous pourrons alors y accueillir sa grâce et savourer sa présence qui se dit au cœur du temps, au cœur du monde. Ainsi, notre prière s’incarnera davantage par ces rencontres. Nous pourrons, sans nul doute, y discerner des appels personnels et communautaires pour servir ce monde en attente de consolation.

Vivre le charité du Christ

Accueillir, exercer l’hospitalité est une manière concrète d’exprimer la charité du Christ aux femmes et aux hommes de ce temps. Cette charité nous invite à communier davantage à la manière dont le Seigneur veut transformer le monde par nos vies, nos paroles et nos actions.

Prions donc le Seigneur de nous accorder cette grâce de l’hospitalité permanente. Qu’elle soit pour nous une aide quotidienne qui nous pousse à dépasser nos réserves et autres réticences et nous donne l’enthousiasme pour aller en plein monde annoncer l’Évangile du Christ.