Délivre-nous de la peur


Méditations au coeur du monde / vendredi, août 11th, 2023
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Pourquoi avoir peur de la présence de Dieu ? La peur domine les textes de ce 19e dimanche ordinaire, mais aussi plus largement l’Écriture. Nous voyons souvent ceux qui rencontrent Dieu avoir peur. La réponse de Dieu à ce sentiment est : « N’ayez pas peur ». Ainsi, nous pouvons comprendre que la relation d’alliance que Dieu établit avec nous n’est pas empreinte de domination. Ce n’est pas un maître qui commande, conduit des esclaves, mais un ami qui vient offrir ce qu’il a de plus précieux.

Ne pas avoir peur de Dieu

Dieu vient à nous pour que nous venions à Lui. C’est ce mouvement de Dieu qui doit faire vivre notre foi bien plus qu’une quelconque peur de Dieu. Le Dieu et Père de Jésus-Christ n’est pas un Dieu qui punit et distribue des châtiments. Il n’est pas un Dieu pervers. C’est un compagnon de route qui veut nous faire entrer dans un amour qui dépasse notre compréhension de ce sentiment fondamental. Dieu n’est pas le tumulte, l’extraordinaire. Ce n’est pas un Dieu entouré d’effets spéciaux. Il est « au cœur d’un commencement d’une fin de silence »nous dit le livre des Rois dont nous entendons un extrait ce dimanche.

Découvrir Dieu dans la brise légère

En effet, c’est dans ce souffle ténu que nous pouvons approcher Dieu. Cette présence est à l’image du souffle d’un baiser échangé. La compagnie de Dieu s’exprime et s’expérimente dans la douceur d’un soir d’été. Ce n’est donc pas dans la peur que Dieu se présente à nous. Cette peur nous guette depuis la création. Trop souvent nous avons peur non pas de Dieu, de sa présence mais de ne pas être capables de répondre à son amour. C’est là que se manifeste notre péché. Ainsi, nous craignons de ne pas être aptes à aimer comme il nous aime. Pourtant, Dieu ne nous demande pas l’impossible et surtout ne nous fait pas passer des examens. Il n’y a pas de permis de bons chrétiens. Chacun d’entre-nous sommes en chemin.

Chercher la vérité

Ce qui importe c’est de chercher à être dans la vérité de Dieu. Nous pouvons la trouver dans la contemplation de son cœur du Christ qui est la source même de l’amour de Dieu pour chacun d’entre-nous. C’est cela qu’il nous revient d’annoncer par et dans toute notre vie. Cet amour inconditionnel fait que nous pouvons dépasser nos peurs pour entrer pleinement dans la mission que Dieu nous confie. Ainsi, nous saisissons que la foi n’est pas autre chose que vivre du Christ, de son amour pour chacun de nous qui devenons son peuple. Cette évidence est loin d’être évidente.

La peur des apôtres

Les apôtres, qui pourtant, fréquentaient le Christ au quotidien, ont mis du temps pour entrer dans ce dynamisme de Dieu. Nous le constatons au fil de l’Évangile et spécialement ce dimanche. Ces familiers du Seigneur ont toujours du mal à saisir qui il est réellement et quelle est la force de son message. Ses disciples rencontrent des difficultés dans la relation de confiance avec leur maître et ami. Pour autant, nous pouvons nous retrouver facilement dans leurs questionnements.

La foi de Pierre

Dans la réaction de Pierre nous retrouvons nos propres doutes. Pour autant, avons-nous besoin de choses tangibles pour croire en Dieu ? Nous faut-il des preuves matérielles, comme Pierre ou Thomas, pour authentifier notre foi ? Jésus semble nous dire l’inverse dans l’Évangile de ce dimanche. Il entend notre peur mais nous invite à la dépasser. Mais ce n’est vraiment pas facile. Même Pierre a du mal avec cette confiance en Dieu. Ce qui n’empêchera pas toutefois Jésus de lui confier la tête du collège des Apôtres pour construire l’Église. D’ailleurs, cette frilosité, ces doutes de Pierre quand la tempête se lève et la confiance de Jésus en lui peuvent nous aider à entrer davantage dans l’amour de Dieu. Nous comprenons ainsi que l’amour de Dieu, sa confiance ne sont pas des choses qui se méritent mais qu’elles sont données en surabondance.

Contempler l’œuvre de Dieu

Pour autant, nous sommes invités à contempler l’œuvre et l’action de Dieu et à entrer davantage dans son projet d’amour. C’est ce à quoi Jésus nous invite ce dimanche, lorsqu’il pointe le peu de foi de Pierre. La compagnie de Jésus devrait nous rassurer pourtant. Mais, avouons que nous avons des difficultés à faire confiance à l’Amour fou de Dieu. Alors, comment avancer ? Comment comprendre au cœur de notre foi, de notre vie qu’il y a urgence à grandir dans la confiance avec Dieu ? La gratuité de son amour doit dilater notre vie et conforter notre foi. Lorsque nous accueillons l’Esprit Saint dans nos vies, nous entrons dans ce dynamisme qui peut alors être la boussole de nos jours.

Dieu demeure au cœur de nos tempêtes

Même en navigant avec des vents contraires, au cœur des bourrasques et tempêtes que nous traversons, Dieu demeure. Il est le capitaine de notre vaisseau. Il nous revient de nous en remettre pleinement à lui, de lui faire confiance au long de notre pèlerinage terrestre. Sans doute nous connaîtrons des moments de doute. C’est alors que nous râlerons contre Dieu et maudirons, tel Job, le jour de notre naissance. C’est dans ces moments-là que nous pouvons nous souvenir de l’Évangile de la tempête apaisée. D’ailleurs cette tempête s’apaise alors que lorsque Jésus est dans la barque de Pierre et des disciples.

Compagnons de Jésus

Ainsi, la compagnie de Jésus permet de vivre les événements avec davantage de distance. Il ne s’agit pas de vivre notre quotidien dans une sorte de déni permanent espérant que Dieu fasse à notre place. Dieu veut faire avec nous, à partir de ce que nous sommes. Il nous donne la force de sa grâce pour supporter ce qui nous paraît douloureux. Avec Lui nous traversons la tempête. Aussi, il nous faut compter sur lui tout au long de notre vie non pas comme une assurance-vie ou une roue de secours, mais comme un compagnon de route.

Un Dieu qui s’est incarné

Par l’incarnation de son Fils, Dieu a épousé notre humanité pour que nous devenions pleinement participants à la construction du Royaume. Ce qu’il réclame de nous n’est pas d’être de serviles serviteurs craignant le courroux d’un mauvais maître. Mais de devenir des libres serviteurs de son Royaume cherchant à le bâtir en ce monde et en ce temps. Prions donc pour que le Seigneur nous libère de la peur et change nos cœurs de pierre en cœurs de chair. Ainsi, nous pourrions devenir davantage une vivante offrande à la louange de sa gloire.