En compagnie du Christ-Roi


Méditations au coeur du monde, Temps liturgiques / vendredi, novembre 18th, 2022
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En compagnie du Christ-Roi
Photo by Marc Schaefer on Unsplash

Avec cette fête du Christ-Roi, nous achevons le terme de notre année liturgique. Dimanche prochain, nous entrerons dans le temps de l’avent qui nous conduira jusqu’à la splendeur de Noël. Fêter le Christ-Roi c’est fêter le Christ dans son humilité. Les habits royaux qu’il a portés sont ceux de la Passion. Alors, fêter le Christ-Roi c’est entrer dans ce chemin de dépossession de soi que nous montre le Christ. Ne nous méprenons pas : il ne s’agit pas de s’oublier, ni de se sacrifier sur un quelconque autel pour plaire à Dieu. N’oublions pas que son salut est gratuit, offert, donné définitivement. Toutefois, nous avons à cheminer sur le sentier qui nous conduit à mieux servir le Christ et nos contemporains.

En chemin avec le Christ-Roi

Suivre ce chemin du plus grand service, c’est prendre le Christ pour maître et pour ami. C’est ce que nous rappelle Paul dans la seconde lecture. Choisir le Christ, c’est entrer dans un chemin qui nous conduira à toujours chercher la Paix. La Paix ce n’est pas l’absence de conflit, ce n’est pas vivre comme dans un rêve où tout serait idyllique. La Paix c’est accepter les différences de l’autre dans un respect mutuel et bienveillant.

Construire la Paix

Construire la paix c’est entrer plus en avant dans la charité du Christ qui est la reconnaissance de toute singularité. Jésus, avec ses disciples, n’a pas cherché à montrer un modèle d’uniformité. Il a choisi des hommes (et des femmes) au cœur brûlant, désireux de découvrir là où il avait planté sa tente. Ce lieu est en fait notre cœur, mais nous ne pourrons le découvrir que si nous contemplons Jésus au quotidien. Cette contemplation se fait dans les Écritures, mais aussi au travers de la lecture des signes des temps. C’est ainsi que nous découvrirons effectivement le Christ-Roi.

Découvrir le Christ-Roi

Sa royauté ne ressemble pas à celle de nos rois contemporains avec couronne scintillante de pierres précieuses et manteau d’hermine sur les épaules. Sa couronne est faite d’épines et son manteau est son linceul. C’est donc un étrange roi que nous célébrons aujourd’hui. Un roi qui a pour toute armée des légions d’anges et pour arme sa grâce. À vue d’êtres humains, difficile de lui prêter crédit.

Un Roi dépouillé

Effectivement, Dieu n’est pas puissant. Il n’a ni argent ni cercle d’influence, pas non plus de conseiller de l’ombre. La puissance de Dieu est son impuissance qui se révèle dans son amour incommensurable pour chacun et chacune d’entre nous. Nous le comprenons bien, dans l’Évangile qui nous est proposé en ce dimanche du Christ-Roi. Ce dialogue entre Jésus et le malfaiteur est fascinant. Ils savent que la mort est proche, son ombre commence à poindre. Mais, un des deux malfaiteurs reconnaît l’impuissance du Christ et cette injustice de le voir ainsi offert à la mort.

Faire mémoire du Christ-Roi

Il reconnaît ainsi la royauté du Christ dans son impuissance. Il ne demande pas à Jésus : le salut, le baptême, le pardon de ses pêchés. Non ! Il demande que Jésus se souvienne de lui dans son Royaume. C’est une belle prière de demander à Jésus de se souvenir de nous. C’est une prière toute simple, toute belle qui réclame de nous que nous n’oubliions pas non plus le Seigneur. Faire mémoire du Seigneur c’est ce que faisons lorsque nous prions et célébrons l’Eucharistie. Nous disons à Dieu que nous venons le rencontrer et lui partager les joies, les peines, les souffrances… que nous avons.

Dans un cœur à cœur avec le Christ-Roi

C’est une rencontre amicale avec quelqu’un qui ne nous juge pas,. Nous sommes loin d’être parfaits, sans aspérités. Nous avons donc besoin que le Seigneur nous entoure de l’abondance de son amour. C’est bien ainsi qu’il est aussi le Christ-Roi. Il règne sur notre cœur, car nous sommes les sujets de son amour. Nous ne faisons rien pour le mériter, mais nous pouvons faire l’effort de l’accueillir. Le Seigneur est toujours là, à la porte de la demeure de notre cœur. À nous de choisir si nous voulons le faire rentrer et prendre du temps avec Lui.

Ouvrir notre porte au Christ-Roi

Si nous ouvrons grand la porte de notre cœur, si nous accueillons le Christ-Roi dans notre demeure, alors nous pourrons reprendre avec le psalmiste : « Quelle joie quand on m’a dit : “Nous irons à la maison du Seigneur !” ». Lorsque nous accueillons Dieu chez nous, dans l’intime de notre cœur, nous demeurons alors en Lui. Dieu fait ainsi sa demeure en nous. Il est cet hôte agréable qui participe à l’édification de notre demeure intérieure.

Bâtir la demeure de Dieu

Accueillir Dieu en nous : c’est tout le sens que prend le temps de l’avent qui s’offre à nous dès dimanche prochain. Reconnaissons que nous ne savons pas toujours bien accueillir. Lorsque l’autre le parle, je suis déjà en train de penser à la réponse que je vais lui faire. Je n’accueille donc pas sa parole, je ne l’accueille pas : j’aiguise mes arguments.

Être capable d’écouter

Accueillir l’autre, accepter que sa parole et sa présence demeurent en nous, demande d’être en capacité de faire silence. Ce n’est pas toujours le cas. Pour nous aider dans cette démarche, prenons le temps de contempler le Christ sur la croix, comme nous le propose de dimanche du Christ-Roi. Il agonise, il étouffe, il est à bout de force, mais il est encore capable d’écouter la requête de son compagnon de mort. Il se fait disponible pour donner une parole de réconciliation, une parole qui construit. Aussi, il sait se taire devant les railleries de cet autre malfaiteur.

Parler ou se taire ?

Tantôt nous nous taisons alors qu’il faudrait parler et tantôt nous parlons alors que nous ferions mieux de nous taire. Ce n’est pas facile de mettre une garde à notre bouche (psaume 141, 3). Le Christ-Roi, parole éternelle du Père par excellence, a cette capacité d’être ajusté, par sa parole ou sa non-parole, au moment présent. Ce n’est pas pour Lui une habileté rhétorique ou un exercice lié à un concours oratoire. Il sait être pleinement présent à l’autre et connait le juste poids de l’agir humain. Dieu ne calcule pas, il est.

Entrons donc à la suite du Christ-Roi de l’Univers dans cet appel à être pleinement présents à nos frères et sœurs en humanité. Ainsi, nous aurons un cœur disponible pour vivre en enfants de lumière et accueillir le fol amour de Dieu.