Le Seigneur est notre secours


Méditations au coeur du monde, Temps liturgiques / jeudi, novembre 10th, 2022
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Le Seigneur est notre secours
Photo by Jonathan Dick, OSFS on Unsplash

Ce 33e dimanche du temps ordinaire est le dernier de cette année liturgique. Dimanche prochain, nous célébrons le Seigneur, le Christ-Roi qui clôture cette année liturgique. Les textes de ce dimanche nous invitent à nous enraciner davantage en Dieu. Ils nous invitent à tenir bon au cœur du monde, à rester fidèles à notre attachement au Christ. L’actualité de l’Église est idéale pour nous laisser aller à la désespérance, à la désolation. Tous ces abus sexuels, ces abus de pouvoir ternissent l’Église et peuvent ébranler notre foi, notre confiance. Ils sont en effet révoltants et scandaleux et interrogent sur nombre de questions.

Notre secours est dans le nom du Seigneur

Mais, notre foi n’est pas dans l’Église. Nous ne sommes pas plongés, depuis notre baptême, dans l’Église, mais bien dans le nom du Père, du Fils et de l’Esprit saint. Même si le baptême nous incorpore à l’Église, peuple de Dieu, il nous attache davantage au Seigneur. Il est intéressant de faire la différence entre les institutions, faites par la main des hommes pour mieux servir Dieu, et notre lien avec le Seigneur. Nous avons reçu la foi par grâce. Nous n’avons rien fait pour la mériter, elle est un don de la part du Seigneur. Mais, le Seigneur passe par des médiations, des femmes et des hommes qui sont pour nous des témoins du Christ. Nul doute que leur barque a aussi été ébranlée. Mais, ils ont tenu bon et accueilli ce « soleil de justice » dont nous parle la première lecture.

Mettre notre confiance dans le Seigneur

Nous avons le droit d’être déstabilisés devant les événements du monde et de notre Église. L’inverse ferait que nous serions des machines et non des femmes et des hommes vivants. D’ailleurs, le Christ lui-même a été révolté de nombreuses fois. Mais, comme Lui, enracinons-nous davantage dans le nom du Père. Alors, nous tiendrons bon et nos « branches et nos racines » demeureront. C’est parce que nous demeurons dans l’Amour du Seigneur, que nous mettons pleinement notre confiance en Lui, que nous pouvons continuer la route malgré tout. Il est le phare qui éclaire notre nuit et nous indique les routes, parfois sinueuses, où nous pourrons servir l’humanité souffrante.

Marcher à la rencontre du Seigneur

Cette marche, nous ne la faisons pas tout seuls. Nous sommes reliés les uns aux autres par notre baptême, par cette alliance que le Seigneur a scellée avec nous. Là est notre mission, notre vocation baptismale. Nous sommes un corps pour la mission. Nous nous entre-portons au bien par la communion dans la prière et l’offrande quotidienne de nos vies. Notre service quotidien du monde est une manifestation concrète que Dieu est à l’œuvre en cet âge. C’est le Seigneur qui nous envoie en plein monde, au cœur du monde pour annoncer Sa paix. Pour autant, cette mission n’est pas dénuée de frictions.

Vivre de la charité du Christ

Avoir la foi dans le Seigneur, vivre nos vies spirituellement (c’est-à-dire sous l’inspiration de l’Esprit) ce n’est pas vivre des relations aseptisées. Mais, habités de la charité du Christ, nous tâchons de réussir à bâtir des relations vraies, sans fard ni artifice. C’est ce même Seigneur qui nous fait devenir son corps lorsque nous communions aux tables de sa Parole et du pain et du vin. Le Seigneur nous invite à devenir son corps en devenant des saints. Devenir saint ce n’est pas être sans plis, sans aspérités, mais c’est être habité du désir de Dieu. Dieu ne cesse de se donner à nous, par sa parole et ses sacrements bien sûr, mais par une multitude de signes et de rencontres. Aussi, nous avons à exercer notre intelligence, notre sensibilité pour discerner les pas de Dieu au cœur de notre vie.

Regarder le Seigneur

Dans l’Évangile de ce 33e dimanche ordinaire, nous voyons le Christ nous mettre en garde sur notre contemplation — parfois excessive — de la beauté de nos églises. Comme si ces sanctuaires étaient l’alpha et l’oméga de notre foi. Au-delà de la bâtisse, des choses auxquelles nous tenons, nous sommes invités à nous centrer sur « ces choses qui ne passent pas ». C’est bien sûr, en premier lieu, notre attachement au Christ, à sa Parole, à son Esprit qui nous guide vers le Père. Mais, également à tout ce qui nous fait tenir en ce monde.

Principe et Fondement

Pour nous aider à discerner dans cette voie, nous pouvons prendre le temps de relire et méditer le « Principe et Fondement » des Exercices Spirituels d’Ignace de Loyola. Ce texte nous invite à cultiver l’indifférence. C’est-à-dire à laisser de côté tout ce qui peut nuire dans mon désir de servir le monde et la justice grâce à ma relation avec le Seigneur. C’est ce désir que nous devons cultiver non en luttant contre ce qui nous en éloigne, mais en cherchant la voie qui nous en approche.

Un doux discernement

C’est un appel à un doux discernement pour sentir et goûter intérieurement ce qui me rapproche davantage de Dieu et donc de mes frères et sœurs en humanité. Laissons-nous interpeller par la parole de Dieu de ce 33e dimanche ordinaire. Elle nous déplace, nous entraîne au-delà de notre seule intelligence et sensibilité.

Renforcer notre alliance avec le Seigneur

Certes, l’époque est trouble, l’institution ecclésiale est heurtée de plein fouet par des comportements inadmissibles et répréhensibles. Le peuple qui cherche à servir le Seigneur avec justice, justesse et loyauté est blessé. Mais, dans cette tempête, ne perdons de vue pas l’essentiel : notre attachement au Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ. Il nous faut donc agir pour que l’Église, à laquelle nous sommes attachés, œuvre pour davantage de conversion, de transparence, d’humilité, et continuer de servir cette humanité souffrante vers laquelle nous sommes envoyés.

En même temps

Ce « en même temps » doit être le propre des disciples du Seigneur. Disciples qui doivent aussi entrer chaque jour davantage dans une démarche de conversion. Cette dernière est au service de la mission du Christ. Ce n’est pas la pureté qui est à rechercher, mais la sainteté. Tout en nous reconnaissant incapables d’aimer parfaitement à l’image de Christ. C’est de cet amour né du cœur transpercé du Ressuscité que nous avons sans cesse à renaître. C’est dans un cœur à cœur avec Lui que nous trouverons la force de rebâtir cette Église imparfaite qui cherche toutefois à continuer de servir le Christ.

Avançons-nous donc avec confiance sur ce chemin de conversion avec la conviction que c’est le Seigneur que nous avons à chercher dans et par toute notre vie. Il saura guider la barque de Pierre, dans laquelle nous avons choisi d’embarquer.