Avec Ignace de Loyola, suivre le Christ de plus près


Méditations au coeur du monde / jeudi, juillet 28th, 2022
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saint Ignace de Loyola
Entrée de la résidence jésuite de l’Ile Maurice

Ce 18e dimanche de l’année C tombe un 31 juillet. C’est la fête liturgique de saint Ignace de Loyola et, cette année, la clôture de l’année jubilaire. Il y a donc de quoi se réjouir. Les textes choisis pour notre méditation ne sont pas ceux du 18e dimanche, mais ceux proposés par la Compagnie de Jésus. (1 R 19, 9.11-15 – Psaume 1 – Eph 3, 14-21 – Lc 12, 49-53.) Ils nous engagent, comme tout l’Évangile d’ailleurs, à voir toutes choses nouvelles en Christ. Les Exercices spirituels d’Ignace de Loyola nous invitent à entrer dans une intimité nouvelle avec le Christ. Ils ne sont pas un énième livre de développement personnel, mais un chemin qui nous conduit à davantage servir et louer le Seigneur dans la liberté intérieure.

Avec Ignace de Loyola, désirer servir le Christ

Élie, dans le Livre des Rois,rencontre le découragement, la « désolation » dirions-nous en langage ignatien. Sa mission est un échec. Il fuit pour protéger sa vie. Toutefois, le Seigneur ne l’abandonne pas, mais, comme il le fera de nombreuses fois dans l’Evangile : il lui demande son désir. Nous aussi, le Seigneur vient nous demander notre désir. Il nous demande de lui manifester notre confiance, comme Ignace de Loyola le recommande dans l’offrande du Règne (ES 98). C’est dans ce vis-à-vis avec Dieu, dans cette rencontre intime avec Lui que nous pouvons avancer sur le chemin de notre vie.

Découvrir nos « motions » intérieures

Le livre des psaumes est un cœur ouvert sur cette expérience avec le Seigneur. Les révoltes, les colères, les réconciliations et la louange parcourent ce livre à l’image de notre vie. Dans ces mouvements intérieurs, ces « motions » dirait Ignace de Loyola, de quelles manières sentons nous une puissance de vie émerger ? Quel est la voix de Dieu que nous entendons, que nous discernons en vue de servir sa plus grande gloire ? Ce n’est pas facile, tout seul, aux prises avec ce qui parcourt notre âme, notre vie, d’y voir clair.

Nous avons besoin de d’apprendre à discerner les esprits et à ne pas nous laisser avoir par l’ennemi de la nature humaine. Dans ce passage du livre des Rois, notons que Dieu n’est ni dans la tempête, ni dans le feu, mais le commencement du souffle d’une brise légère. Il faut du temps pour goûter ce murmure, pour discerner la voix du Seigneur pour nous.

Á la suite d’Ignace de Loyola, assumer nos « boulets de canon »

Il a fallu à Ignace de Loyola, que nous célébrons aujourd’hui, un boulet de canon, une longue convalescence et une conversion encore plus longue pour découvrir la manière dont le Seigneur désirait qu’Il le suive. Ce chemin d’Ignace de Loyola peut nous inspirer. Nous recherchons le Seigneur tout au long de nos jours. Malgré les épisodes de sécheresse de notre cœur, de notre relation avec Dieu où nous serons peut-être fâchés contre Lui car tout ne va pas comme nous le voulons, entendons Sa promesse. Le psaume choisi par la liturgie de cette Saint Ignace est le premier du psautier. Il s’ouvre par ce mot magnifique de la promesse d’alliance faite par le Seigneur : « Heureux ».

Appelés à être « heureux »

Nous serons « heureux » si nous suivons la voix du Seigneur, si nous nous efforçons de vivre de manière juste ; en résonance avec La Loi de Dieu qui n’est pas autre chose que l’Amour. Le prophète Michée nous le dit d’ailleurs d’une manière plus argumentée.

Le Seigneur ne réclame de nous « rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité, et t’appliquer à marcher avec ton Dieu  ». (Mi 6, 8.) Ces précieux conseils suffisent donc pour être heureux. L’être, c’est aussi une manière de vivre pour la plus grande gloire de Dieu, comme aiment le dire les jésuites et leurs amis.

Avec Ignace de Loyola, rechercher la Gloire de Dieu

Glorifier Dieu ce n’est pas faire des choses extraordinaires, mais vivre l’ordinaire de nos jours comme un temps extraordinaire où Dieu nous donne de le rencontrer Dieu. Cette manière de procéder, cet « esprit orienté vers la continuelle recherche de la volonté de Dieu » comme le disait Pedro Arrupe, SJ est une des marques de la spiritualité ignatienne, de notre « ignatienneté ». Nous n’arriverons pas à « entrer dans la plénitude » de Dieu comme nous le promet Paul dans l’épître aux Éphésiens (Eph 3, 19) de nos propres forces.

Compagnons, amis dans le Seigneur

Même si, comme le disait Pierre de Clorivière, SJ « nous ne désirons rien que ce qui peut nous approcher davantage de la vie de Jésus-Christ conversant avec les hommes », nous avons besoin de la force de Dieu et du compagnonnage de nos frères et sœurs dans la foi. C’est ensemble, comme Peuple de Dieu, « amis dans le Seigneur » que nous pourrons découvrir la force de l’amour de Dieu. Aussi, prenons le temps de contempler le cœur ouvert du Christ sur la croix. Ce sang et cette eau nous fortifient, nous sanctifient pour que nous allions en plein monde annoncer l’Évangile par toute notre vie.

Consacrés au cœur du Christ

Ce cœur du Christ, auquel la Compagnie de Jésus va être de nouveau consacrée, ce 31 juillet 2022, est cet amour incommensurable de Dieu pour chacun de nous. Être mis du côté du Christ (ES 147), comme le recommande Ignace de Loyola dans la méditation des deux étendards, c’est vivre de ses mêmes sentiments et permettre à notre cœur de batte au rythme du sien. Demander cette grâce nous permettra d’accroître notre charité pour servir davantage l’humanité souffrante.

Devenir le « froment de Dieu  »

Ainsi, Dieu ne cesse de se donner à moi pour que je me donne à la vie du monde. Si nous vivons de cette grâce, notre vie sera telle cette messe sur le monde si chère au jésuite Pierre Teilhard de Chardin. Comme un autre Ignace, celui d’Antioche, nous pouvons désirer être « le froment de Dieu […] broyé par la dent des bêtes pour devenir le pur et digne pain de Jésus-Christ ».

Avec Ignace de Loyola, vivre l’Évangile en plein monde

Vivre l’Évangile en plein monde, c’est s’exposer à vivre « supportant les injures, les opprobres, la pauvreté d’esprit et de cœur, et même la pauvreté réelle » comme nous y invite Ignace de Loyola dans l’Offrande du Règne (ES 98). C’est ce feu dont nous parle l’Évangile (Lc 12, 49) qui invite à témoigner du Christ et ce monde en ce temps au risque de la discorde. La Paix que nous portons au nom du Seigneur est de l’ordre de la bienheureuse intranquillité. Elle n »est pas une béate tranquillité.

Marcher boiteux à la rencontre du Seigneur

Annoncer et essayer de vivre dans et de l’Amour de Dieu, c’est reconnaître que tel Ignace de Loyola, nous marchons boiteux à la rencontre de nos frères et sœurs en humanité. Alors, que cette fête des 500 ans de la canonisation d’Ignace de Loyola nous fasse ressentir davantage la « prodigalité de l’amour de Dieu » et « nous envoie, nourris du pain de vie, annoncer les richesses de l’Amour de Dieu ».