Dans l’humilité du Christ-Roi de l’Univers


Méditations au coeur du monde / vendredi, novembre 24th, 2023
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Christ, roi de l'Univers
Image par AJ jaanko de Pixabay

Nous célébrons ce dimanche le Christ-Roi de l’Univers. C’est le dernier dimanche de l’année liturgique. Célébrer le Christ-Roi demande que nous changions notre vision de la royauté. Nous gardons en mémoire le couronnement fastueux du roi Charles III. Mais, à l’évidence, si nous écoutons bien les textes de ce dimanche, la royauté du Christ n’est pas une question de palais, de carrosses, de couronne. Elle est avant tout une royauté aux pieds nus où l’humilité et le service sont mis au service du salut que Dieu nous apporte.

La fête du Christ-Roi entre clôture et ouverture

Cette fête du Christ-Roi est donc en même temps clôture et ouverture. Clôture de tout ce que nous avons vécu au fil de l’écoute priante et aimante de la Parole de Dieu et ouverture vers l’Avent. Nous voyons ainsi une continuité de l’œuvre de Dieu qui vient nous aider à le rencontrer davantage. Les textes de ce dimanche du Christ-Roi mettent l’accent sur la charité pastorale du Christ.

Dieu vient nous chercher

La première lecture et l’Évangile sont en dialogue. Nous comprenons que l’action première du Christ est de venir nous chercher. À Noël, il vient chercher notre compagnie en épousant notre humanité. À Pâques, il vient chercher notre humanité pour que nous épousions sa divinité. Ainsi, le chemin du Christ, le désir du Père qui se meut dans l’Esprit, est avant tout une histoire d’alliance. Le désir de Dieu consiste à chercher l’humanité pour qu’elle désire le rencontrer lui.

Invités à la table du Christ-Roi

C’est une perpétuelle invitation que Dieu nous fait. Jésus est ce roi qui nous invite à sa table, comme nous l’entendons dans le psaume de ce dimanche. Donc, c’est bien à une conversion de la royauté de Dieu que nous sommes invités ce dimanche. Aussi, nous pouvons légitimement nous demander pourquoi dire que le Christ est « roi » ? attribut pour Dieu. Peut-être est-ce justement pour nous aider à entrer dans une conception divine du pouvoir.

Une royauté qui n’est pas de ce monde

Lorsque nous pensons au pouvoir, à un roi, nous pensons plus facilement à Louis XIV qu’à Jésus bafoué, au prétoire habillé de pourpre et revêtu de la couronne d’épines. Pourtant, cette humiliation révèle bien ce qu’est le Christ-Roi de l’Univers. Elle est celle d’un roi qui rejoint corporellement les humiliés de la terre. Il partage notre condition d’homme jusque dans l’avilissement le plus cruel. Il supporte la bassesse de notre humanité pour nous révéler que l’Amour du Père est plus fort que la cupidité de l’Homme. Ainsi, il nous entraîne dans un mouvement vertueux où la seule réponse qui vaille à la haine est la surabondance de l’amour de Dieu.

Dieu ne cesse pas de se donner à nous

Cette réalité est le cœur du mystère pascal. Dieu, en son Fils, se donne à nous pour que nous nous donnions à Lui. Son incarnation, sa divinité nous entraînent et nous entre-portent au bien. Ainsi, célébrer le Christ-Roi de l’Univers c’est choisir le Christ comme but de notre vie. Pour autant, ce choix doit venir du cœur, du lieu où siège notre désir le plus intime.

Le désir de devenir serviteur

Suivre le Christ n’est pas une question de raison, mais de désir. Il doit être le phare de notre vie, ce qui l’illumine et lui donne la coloration de la joie en vue d’un plus grand bien. En fait, reconnaître le Christ-Roi de l’Univers nous entraîne à choisir pour tenue le tablier du serviteur. Le jeudi Saint est le cœur de la royauté du Christ, comme nous le fait saisir le chapitre 25 de l’Évangile de Matthieu entendu aujourd’hui. C’est dans le service gratuit envers l’autre que nous découvrons le présence de Dieu au cœur du monde. Si Dieu s’est incarné en Jésus, c’est pour que nous fassions de notre incarnation une vivante offrande à la louange de sa gloire.

Présence au monde

Notre présence au monde est le témoignage que Dieu s’intéresse à l’humanité. Nous révélons la présence de Dieu, l’action salvifique de Dieu dans notre quotidien par ce que nous désirons être et ce que nous réalisons. Pour autant, ne considérons pas nos échecs, nos erreurs comme des choses qui nuiraient à la Gloire de Dieu.

À propos de l’humilité

Soyons attentifs à ne pas faire de nos manquements une occasion de fausse humilité. Celle à laquelle le Christ nous convie, en le considérant comme roi, c’est la juste reconnaissance de nos limites. Si nous œuvrons avec un cœur généreux, disponible, attentif, c’est l’essentiel. C’est l’intention de faire le bien qui est centrale. Nous ne devons pas chercher d’autres finalités que celle-ci au risque de tomber dans un orgueil mal placé. Pour autant, nous pouvons toujours faire mieux. Non par vaine gloire, mais par souci de progression et de croissance.

Reconnaître l’amour du Christ-Roi de l’Univers

Dans une relecture confiante de nos journées, nous pouvons nous rendre compte de toutes ces occasions manquées. Nous n’avons pas été attentifs, nous n’avons pas répondu présent, nous… La liste peut être longue. Mais, elle ne doit pas être une entrave à l’action et au désir de nous amender. Mais ce qui importe c’est de reconnaître que Dieu vient nous chercher dans nos lieux d’imperfection. Il souhaite nous accompagner jusqu’à la plénitude de la vie qu’Il nous donne depuis notre baptême. C’est ce que nous dit d’ailleurs la prière d’ouverture de ce dimanche du Christ-Roi où nous demandons que « libérée de la servitude, toute la création serve ta gloire et chante sans fin ta louange ».

La louange et le service de Dieu

Ainsi, l’essentiel c’est bien le service et la louange de Dieu dans une proximité singulière avec nos contemporains. Cette diaconie du quotidien nous donne de chercher davantage à « habiter la maison du Seigneur », pour reprendre un verset du psaume de ce dimanche. Cette demeure est la terre qu’il nous est donné d’habiter. Un lieu où nos frères et sœurs en humanité sont pour vivre, aimer, espérer. Aussi, il nous revient, si nous voulons honorer la royauté du Christ, de faire triompher, dans ce monde, la justice et la paix.

Vers une dynamique de pacification

Certes, la plupart d’entre nous n’ont pas de rôle dans la conduite du monde. Toutefois, là où nous sommes, nous portons une responsabilité dans une dynamique de pacification. Prions alors, en ce dimanche du Christ-Roi de l’Univers, les uns pour les autres, les uns avec les autres. Demandons au Seigneur de nous aider à entrer dans le dynamisme de l’unité et de la paix. Nous pourrons alors, revêtus de l’humilité de Dieu, contribuer à bâtir là où nous sommes son Royaume et sa justice.