Vivre avec Dieu pour voir toute chose nouvelle


Méditations au coeur du monde, Temps liturgiques / samedi, avril 2nd, 2022
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voir toute chose nouvelle« Voir toute chose nouvelle en Christ » : voilà l’appel qui nous est fait dans ces textes du 5e dimanche de Carême. Nous avons à nous laisser entraîner par la miséricorde du Père. Ce qui nous est demandé ce n’est pas de nous lamenter sur nos erreurs, nos manquements, nos ruptures d’alliance. Le Seigneur les connaît et nous aussi. Ce sont des occasions manquées de témoignages, mais aussi, paradoxalement, un moyen de revenir vers Lui, de tout notre cœur. Depuis le mercredi des Cendres, avec cet appel à la conversion, nous sommes invités à voir toute chose nouvelle en Christ.

Découvrir le visage de Dieu

Abandonnons nos fausses idées sur Dieu et laissons-le nous révéler la tendresse de son visage et l’exigence de son appel. Nous entendons la merveille que le Seigneur fait à son peuple dans la première lecture. Il s’engage à faire « couler de l’eau dans le désert, des fleuves dans les lieux arides, pour désaltérer [s]on peuple ». Cette promesse est aussi pour nous, aujourd’hui. Laissons le Seigneur nous révéler ces déserts et ces lieux arides qui ont besoin de cette eau qui renouvelle la terre. Nous pouvons, sans aucun doute, penser à la sécheresse du cœur de ceux qui fomentent la guerre en Ukraine, mais aussi dans les communautés humaines.

S’en remettre à la fidélité de Dieu

Souvenons-nous que le Seigneur n’oublie personne, son amour est pour chacun, même le dernier des criminels. C’est là la Bonne Nouvelle que le Seigneur est venu apporter. Ce qui compte davantage que nos lamentations, c’est la confession de notre foi et notre engagement à vivre davantage dans le dynamisme de son amour. Voilà ce qui peut nous aider à voir toute chose nouvelle en Christ. Souvent, nous pensons que Dieu est comme nous, que son cœur est compartimenté, qu’il choisit certains pour être ses intimes. Les apôtres étaient certes proches de Lui, mais n’oublions pas qu’Il s’est fait proche de chaque personne rencontrée et particulièrement des plus pauvres. Avec Lui, nous sommes invités à devenir davantage Compagnons de Jésus, serviteurs de la mission du Christ.

Voir toute chose nouvelle

Entendons le désir du Christ de nous rejoindre sur notre route quotidienne. Il vient à notre rencontre pour transformer nos vies. Leurs aridités accentuées par la peur de ne pas être conformes aux normes nous fragilisent et nous rendent stériles. Le Seigneur vient nous entraîner à sa suite pour que nous puissions, par nos vies, rendre et voir toute chose nouvelle. Aussi, nous devons nous concentrer sur ce qui jaillit comme Bonnes Nouvelles au cœur de notre monde pour discerner la présence de Dieu. Elles peuvent être enfouies dans les drames de nos vies, de notre terre, mais le Seigneur nous promet de nous être présent, de nous soutenir et de nous enraciner dans l’Espérance. Même si, avouons-le, c’est bien difficile alors que le monde souffre de tant d’injustices, que tant de nos contemporains sont menacés par la faim, la violence, la guerre.

Enracinés dans l’Espérance

La foi en Christ, cette invitation à voir en Lui « toute chose nouvelle » ne nous dispense pas, hélas, du mystère du mal. Elle n’est pas une formule magique qui nous épargne de l’angoisse, de l’incertitude, de la peur. Mais, elle vient les habiter de la force du Christ qui nous entraîne à vivre son Évangile en plein monde. C’est là, par nos vies quotidiennes, par cette banalité des jours que nous avons à faire œuvre de justice en nous ajustant davantage au Christ. Il n’y a pas d’autre choix pour qui se réclame du Christ. Le Royaume de Dieu se construit « hic et nunc » par notre manière d’habiter le monde. Notre prière se doit d’être active, là où nous sommes, comme nous sommes. Elle est une invitation à transformer notre vie pour transformer le monde.

Protagonistes de l’Histoire

N’oublions pas que nous sommes pleinement parties prenantes de ce que nous vivons. Souvenons-nous de l’exhortation du pape François aux jeunes lors des JMJ de Varsovie : « Le monde d’aujourd’hui vous demande d’être des protagonistes de l’histoire, parce que la vie est belle à condition que nous voulions la vivre ». C’est en nous engageant en plein monde que nous pourrons le faire évoluer. Ce dernier est divers selon notre état de vie, notre âge, nos capacités physiques soyons-en certains. La récitation du chapelet d’une personne âgée dans un EHPAD déplace autant de montagnes que ce jeune chrétien engagé auprès des SDF.

Accueillir la semence

Il est important de nous laisser déranger par l’Évangile. Nous avons à le laisser labourer notre cœur. Ainsi, le Seigneur y sèmera sa Parole qui portera du fruit en son temps. Toutefois, il nous faut en prendre soin en manifestant de la patience. C’est souvent ce qui nous manque, reconnaissons-le. Nous nous comportons comme des « enfants gâtés » qui veulent tout et tout de suite. Jésus dans l’Évangile de ce dimanche prend patience. Alors qu’il enseigne, il est pris à partie par les « sachants » de l’époque. Une fois n’est pas coutume, ils cherchent à le mettre en défaut pour le piéger. Ne balayons pas trop vite ce fait. Prenons le temps de regarder si nous ne nous comportons pas comme ces hommes parfois.

Écoute et patience

Peut-être alors entendrons l’appel de Jésus à prendre le temps de la réflexion, de la patience. Notons qu’il ne s’énerve pas. Il prend son temps et dessine sur le sol. Il ne tient pas compte de la hargne des scribes et des pharisiens haine, mais renvoie chacun devant sa propre vie sans condamnation. Avec Lui, la femme adultère peut « voir toute chose nouvelle », car elle n’est ni jugée, ni lapidée, ni réprimandée. Jésus l’invite à se convertir, à s’éloigner de son péché. Cet « allez » n’est pas pour que les uns se lamentent de leur perversion, ni pour que la femme adultère se morfonde de honte. Il est le don même de Dieu qui nous conduit à marcher vers un horizon d’espérance, car comme le dit Jean dans sa première épître : « Si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses ».

Suivre le Christ de plus près

Tout au long de ce Carême, le Christ nous convie à la suivre de plus près pour pouvoir vivre de notre baptême et ainsi servir l’humanité souffrante. Alors, humblement, demandons au Seigneur de nous aider à être ses témoins joyeux au cœur du monde qui peuvent « voir toute chose nouvelle ».